Numéro 12 (1980))

Jean-Claude HAUC

par Jean-Claude Hauc

l’oreille m’ensaigne quand l’œil m’épleure et le risque du corps sans orgasme repéré, classé, littérentouré. Je ne marche bien qu’à reculons écrevisse dans le discours biblique, les classiques latins, Jimi Hendrix, l’underground, l’interlope, la préciosité d’antan et la débilité de notre temps. Ou sur le côté crabe en rut. Alors oui, arde le groin au musée des orœils. Les ronrons longs, l’odeur du con. Donc, en blason : un derviche, une main ouverte vers le ciel et l’autre vers la terre, tournant sans fin sur lui-même et roulant dans son corps la colonne merdique, saucisse de chair, coulée de feu. Fragance. Roland Barthes (précieux et savant) : « Un texte se renifle comme un camembert ». II n’y a plus qu’à passer la main. la littérature de gare et les grands romans du dix-neuvième siècle, le gargouillis enfantin et la période de Chateaubriand, le pullulement s’imbrique et s’encastre, tous les muscles sondent le cadastre. C’est dit : l’oreille est un pavillon de complaisance. L’œil contemple la fosse d’aisance. J’ai une mygale sous les amygdales. À ce rythme l’homo erectus risque d’être contraint à se courber derechef. Au fond l’écrit est le seul organe, le seul qui permette au sujet d’intégrer l’avalangue (mur des sons en purée, fricassée des syntagmes). dont le centre est partout, la circonférence nulle part. tourne de l’œil. Et si Oedipe s’était percé les tympans ? rabat les flammes vers son auteur cloaque maxima. « Pareils à des acteurs de drames très antiques » ; ce vers doit-il être vu ou entendu, regardé ou écouté ? Des cris, des trous, de l’écrit partout. Et les gisants que nous sommes prendront la mesure du caveau.