Numéro 12 (1980))

ouvrez vos orœils !

par TXT

enquête

La circulaire ci-dessous a été envoyée à un certain nombre d’artiste et d’écrivain :

L’ŒIL qui lit n’entend rien de ce que boxe la voix au sac de sons. L’OREILLE qui ouit ne voit rien des incidents écrits, des trous faits au bloc gris, du déporté typo. L’écrit n’est pas à l’œil. Pas non plus à l’oreille. Musiques, marches, gestes, traces du corps secoué, actions des machines (dactylo, ciseaux, magnéto) compliquent encore la scène.

Pourtant, l’écrit tient, sur cette incohérence ; son idiome est construit de ce chaos réglé. De quel ORGANE inouï tombe-t-il ? Quel organe monstrueux le reçoit ? Quelle stéréophonie physique, quel brouillon de traces, quelle langue inédite, quel corps innommable cherchent à organiser (à faire voir et entendre, d’un même coup de langue) ces pratiques louches où le plus écrit est aussi le plus violemment proféré, sonorisé, dansé ?

QUESTIONS

1) Au fond, avec quel organe rêvez-vous vraiment d’écrire vos textes ?
2) De même : avec quel organe (des sens et des besoins réels) rêvez-vous de lire ceux des autres ? De quel(s) trou(s) l’écrit vous tombe-t-il dessus ?
3) Sur quels deux « orœils » (Prigent) ne dormez-vous pas ?
4) Ne vous sentez-vous pas surtout l’acteur de vos écrits ?

Nous publions ci-après des extraits des réponses reçues [c.-à-d. l’ensemble des textes du numéro, ndr].