Numéro 5 (1972))

Carnaval : inflation, réaction

par Christian Prigent

I - POUR OUVRIR  :

I-1 : On partira de cette constatation : l’inflation récente dans l’utilisation du signe "carnavalesque" [1]. Dans cette inflation, TXT est partie prenante [2]. L’utilisation qui a pu être faite du signe "carnavalesque" pour cautionner diverses pratiques dites "d’avant-garde"", doit nous obliger à produire la critique de ce que nous avons quant à nous affichés à court terme sous cette dénomination.

I-2 : Nulle question d’évacuer purement et simplement le problème. Le "carnavalesque" a pu intervenir de façon nécessaire selon l’efficacité ponctuelle d’un "moment idéologique" de TXT : la nécessité d’en finir, d’abord, avec le magma idéaliste brut de la "poésie subjective". Mais que le "carnaval" puisse aujourd’hui porter son masque pour combattre la pratique révolutionnaire, implique la nécessité d’en faire l’analyse, de marquer la coupure, de faire tomber, justement, les "masques", selon les enjeux de la lutte idéologique actuelle.

I-3 : Il s’en suit l’obligation d’opérer une relecture du discours tenu autour du "carnaval". Divisant "un en deux", cette relecture active devra marquer les points où la définition d’une pratique "carnavalesque" renvoie à un modèle idéaliste et réactionnaire (celui qui autorise l’inflation), selon le processus, actuellement recrudescent, de production de diverses "synthèses fantasmatiques" pseudo-révolutionnaires ; elle devra, d’un autre côté, dégager dans le discours sur le "carnavalesque" les points qui peuvent y marquer l’irruption du matérialisme dans sa pratique révolutionnaire effective.

I-4 : La mise en jeu d’un type de pratique "carnavalesque" devra donc s’affronter, sur la base du matérialisme historique et du matérialisme dialectique, à la théorie lacanienne du signifiant, au concept derridien d’écriture, à la sémanalyse comme science des pratiques signifiantes. Il apparaît d’autre part que la situation des ambiguïtés du motif "carnavalesque" est définie dans un contexte où se produisent également les réactivations actuelles de l’idéologie surréaliste. L’analyse pratiquée ici devra donc se produire en relation théorique avec le travail récemment publié à ce sujet dans Tel Quel (N° 46).
I-5 : Lutte contre ce qui est erroné, développement de ce qui est juste : il s’agit de produire la coupure évoquée ci-dessus, de désigner les contradictions inhérentes au "carnavalesque", d’en situer les effets politiques, d’en produire pédagogiquement l’évacuation critique.

II - EXEMPLE :

II-1 : On prendra tactiquement [3] pour exemple du discours inflationniste sur le "carnavalesque", un article de J.M.G. Le Clézio, paru en tête du N° 111 de "La Quinzaine Littéraire", et intitulé "La Révolution Carnavalesque". Remarquons d’abord que l’écho qui programme ce titre annonce une collusion entre ce qui est dit dans le corps de l’article et telles options de la recrudescence actuelle des idées surréalistes. De plus, l’adjonction au mot "révolution" de l’épithète "carnavalesque" désigne déjà la réduction opérée, qui ne vise à rien d’autre qu’à valoriser l’absolu "transgressif" du "jeu" "carnavalesque" et à l’opposer comme "plus durable" et plus "profondément humain" à la révolution politique. "Jeu" masquant la "lutte" [4] des enjeux contradictoires au profit de "l’unité" dans l’effervescence "ludique", la "révolution carnavalesque" se donne comme tentative d"’expression" "spontanée" d’un "fonds naturel authentique", et pense alors son potentiel "transgressif’ au lieu d’une confusion dont l’enjeu doit être d’emblée clairement marqué : traitant de la "pratique carnavalesque" de Rabelais, mais en tirant un "programme" pour l’avant-garde actuelle, L.C. peut en effet écrire : "Sa révolution est autre et en réalité plus durable".

II-2 : Citons encore : la libération carnavalesque sera donc "le chant de toute une société", "le produit irrésistible de la masse humaine", l’expression de la "Véritable pensée" / "Hors de toute politique", il s’agit de "mouvements en liaison avec le fonds vital de la société humaine"/ "Cette violence nous livre sans décalage le flux des vérités" / "La libération des mots s’exerce immédiatement, naturellement" / "les mots renient l’analyse"/ "Il s’agit de la continuation d’une inspiration populaire, anarchique et victorieuse, le combat que la masse humaine livre à la dictature de l’intellectualisme et de la science" /. L’horizon idéologique que découvre ce discours, qui par ailleurs prétend transgresser la condensation de l’idéalisme dominant dans la littérature, est assez lourdement chargé. Seul, il n’importerait pas. Mais il se trouve qu’il s’inscrit dans un ensemble cohérent d’autres textes ; et surtout que chaque point de son articulation à l’idéalisme réactionnaire est autorisé par une série d’approximations propres au discours de Bakhtine, à partir duquel il tente de s’écrire. L’analyse qui suit aura donc pour but de marquer ces points.

III - ANALYSE :

III-1 : Le brouillage commence par réduire brutalement la "pratique carnavalesque" à une forme "d’art populaire". La carnavalisation textuelle est alors ramenée à la simple intégration d’une thématique "ludique" et d’un hypothétique langage "oral", déclaré plus "authentique" [5]. Cette réduction de la complexité des questions structurales posées par Bakhtine s’accompagne bien entendu de vitupérations à l’égard de "la plupart des débats idéologiques contemporains (qui) se situent à un niveau abstrait, intellectuel, ignorant la pensée populaire". La réduction est grossière mais logique. Elle confirme les analyses de Gramsci, montrant comment, loin d’accéder à une "authenticité" qui lui conférerait alors une valeur "révolutionnaire", la littérature populaire ne fait que perpétuer "l’explication métaphysique des phénomènes" [6]. Ses "scénarios tout montés" n’ont en fait pour fonction que "d’éviter une dépense d’énergie dangereuse de la part des classes dominées et de les confiner au niveau fantasmatique, répétitif et non-transformationnel" [7]. Autant dire qu’en proie au fantasme d’identification du discours à son "objet", L.C. inscrit le "carnavalesque" dans une transgressivité rêvée, prenant les représentations pour la réalité, et s’interdisant toute efficacité scripturale spécifique. Le scénario politique est déjà clair : n’agissant que dans l’imaginaire, donnant le "pouvoir" au fantasme, confondant les niveaux de contradictions, le discours-LC marque sa conformité à la "phraséologie de gauche" [8]. Il dessine déjà le lien objectif qui articule la pensée "carnavalesque" (idéologie de la "fête", du ludisme, de l’imagination, de la spontanéité) à la "phrase de gauche", à sa "philosophie". Une certaine idéologie "de Mai 68", celle de l’anarchisme petit-bourgeois, y retrouverait aisément son discours.

III-2 : La référence constante, indiquée ci-dessus, aux "thèmes" carnavalesques et aux modèles historiques que décrit Bakhtine [9] implique l’absence de référence au travail (sur le) signifiant. L’attention n’est portée qu’à des "procédés", à une "technique" particulière, toujours secondaire et toujours expressive (langage "nouveau", "surprenant", intégration dans l’écrit d’une "technique du langage oral" ( ?). Les formes structurelles mises en oeuvre ne sont jamais que la figuration d’une "dé-hiérarchisation" morale des discours, elle-même figurative d’un "donné humain" toujours plus "authentique". La qualité principale de cette technique est donc sa secondante appliquée par rapport au Dire qui est "l’expression de la véritable pensée", le "naturel". La pratique est toute entière placée, de ce fait, sous le signe de l’empirisme idéaliste. L’idée d’expression interdit la dérive productrice du signifiant. La technique signe le contrôle de l’interdit (loi/code) sur la pratique dont il structure le discours comme névrose, puisqu’elle fonde la représentativité et l’expressivité dans leur cohérence propre. Développant par ce biais telles implications technicistes du discours Bakhtinien ("mélange des genres", etc.), le discours-LC ouvre alors la porte aux réductions à la thématique, à l’empirisme "polyphonique", dans un fonctionnement strictement représentatif. La technicité comme corollaire de l’expressivité représentative joue dans un système de contradictions imaginées dont la résolution subversive dans le texte est bien entendu tout aussi imaginaire [10]. C’est ce type de lecture/écriture que la sémanalyse interdit aujourd’hui de prolonger. Ce qu’il élude d’abord c’est le rôle du signifiant, de ce "réseau où il faut que le sujet soit déjà pris pour qu’il puisse se constituer : comme soi, comme à sa place dans une parenté, comme existant, comme représentant d’un sexe, voire de la mort" [11]. Et dans ce blanc, où s’efface la mise en scène du travail de l’inconscient qui sous tend la productivité textuelle, se montre la position exacte du propos, les limites de son espace d’intervention, son incapacité à excéder la structure du signe [12], à sortir du champ de la représentation, son affiliation ultime au discours idéaliste de la réaction.

III-3 : La deuxième élusion, celle du politique, s’informe de l’aplatissement des contradictions transcendées par la fixation métaphysique d’une "essence" éternelle. Ce que représente, au niveau textuel, cet aplatissement, c’est l’incapacité à lire le texte comme lieu d’affrontement des instances idéologiques, pluralité qui creuse la scène du langage et où travaillent les processus dialectiques de la génération. L’effacement métaphysique de l’histoire et des procès sociaux (irréductibles à quelque "masse humaine" que ce soit) donne la raison de et est simultanément réglé par l’élusion du travail signifiant en tant qu’il signe justement l’activité de la dialectique dans la textualité. L’élusion/interdiction porte alors justement sur ce travail dans la matérialité signifiante [13] en tant qu’il se constitue comme pratique disruptrice non-référentielle (pratique signifiante). La limitation (par l’expressivité) du travail du signifiant re-constitue mot à mot la scène de la névrose réglée par l’interdit (par la représentation). La pratique "carnavalesque" manque alors la percée dans l’ordre symbolique, dans le discours homogène où se condense et se diffracte l’idéologie, et donc dans le réel du sujet : "l’effet de langage, c’est la cause introduite dans le sujet. Par cet effet, il n’est pas cause de lui-même ; il porte en lui le ver de la cause qui le refend. Car sa cause, c’est le signifiant sans lequel il n’y aurait pas de sujet dans le réel" [14]. "L’inconscient idéologique", qui règle pour une bonne part l’information du discours "littéraire", s’articule comme formation historique aux procès de contradictions (forces productives/rapports de production) qui le surdéterminent. La dialectique constitue la méthode de sa composition et de sa décomposition analytique. Ecrire dans la matérialité signifiante sera donc une pratique dialectique/matérialiste réglée sur une "logique de l’engendrement", un acte politique qui ouvre une béance subversive dans la Fiction historique Pleine qu’est le discours de l’inconscient idéologique, et y fait parler le refoulé matérialiste. Cette subversion du symbolique est le fait d’une écriture non empirique, articulée à la science des pratiques signifiantes et réglée dans son propre politique. On voit alors comment, dans l’inflation du signe "carnavalesque", l’élusion du politique (élusion "opportuniste", droitière) occulté par la métaphysique de l’essence transcendante, est le double logique de l’élusion du travail (sur le) signifiant (élusion "spontanéiste", phrase "de gauche") occulté par l’illusion référentielle, la "voix libre", le "chant". Double élusion de caractère petit-bourgeois, imaginant, dans son désir, la solution simple des antagonismes et proposant, justement, des "solutions rêvées" (carnaval, spectacle, change de formes, "inventions", censure du travail, de la théorie).

III-4 : Double élusion liée à l’absence de toute problématique du "sujet". Le discours-LC pose le sujet comme "détenteur" d’une "parole" dont on revendique même le caractère "oral" et "populaire" ("authentique"). La phrase de Lacan citée ci-dessus définit l’effet de ce renvoi brumeux à l’imaginaire du "moi". Une lacune scientifique de taille (censure de la psychanalyse) produit ici un vide que l’on bouche par la réimposition de l’homogénéité subjective (le sujet "plein"). Ce replâtrage idéaliste s’informe du manquement au travail sur le signifiant ("cause" du sujet), lui-même lié, on l’a vu, à la censure du politique. Selon cette illusion et la méconnaissance qui la structure (celle de la psychanalyse), le sujet ne parle plus que comme "sujet de l’idéologie" et reproduit ponctuellement le discours qui le constitue comme sujet de la névrose [15]. Le propos rate ainsi son "projet" subversif. Il rate aussi d’ailleurs la problématique propre à Bakhtine : malgré l’absence de théorie constituée, Bakhtine pense le sujet comme "un anonymat" un blanc", qui permet "à la structure d’exister comme telle" [16] et se "structure comme signifiant" dans la production signifiante. Mais, comme le note Kristeva, Bakhtine ne peut pas nommer (pour des raisons historiques) ce qu’il déchiffre dans cette disparition du sujet : "l’effritement du système de la représentation" [17]. L’absence de reconnaissance théorique de cet effritement règle l’investissement du discours critique et de la pratique par le système de la représentation que sous tend l’idéalisme. C’est justement pourquoi la traversée de la représentation que vise à effectuer l’écriture textuelle "déplace l’analyse vers une recherche des règles d’après lesquelles s’engendrent le sens et son sujet" [18]. Déplacement qu’il se serait plus de mise de marquer comme "carnavalesque". Il est simplement matérialiste, dialectique.

III-5 : La triple élusion ainsi définie constitue l’idéologème propre au discours "littéraire" idéaliste. Aussi bien la plus grossière métaphysique y revient-elle en force : "liaison directe", "participation sauvage" avec le toujours-déjà-là d’une "nature humaine" [19] transcendante aux procès historique. Retour à cette "nature" par la grâce de l’expérience "carnavalesque" et de sa "spontanéité". Communication intersubjective directe/transparente qui permet, dans l’illusion de la figuration et la méconnaissance des investissements du symbolique de manquer la force transformatrice du travail, l’épaisseur générative de la textualité. Le thème du retour à la nature traduit la religiosité sous-jacente au propos [20]. Il désigne la méconnaissance du fonctionnement dialectique du couple interdit/transgression [21].

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Bataille : "La transgression diffère du "retour à la nature", elle lève l’interdit sans le supprimer". Interdit : loi de langage, fondant l’échange social. Interdit majeur : l’inceste : "Nous savons aujourd’hui que la loi qui interdit l’inceste est une loi de langage (Lévi-Strauss), au sens qu’elle fonde l’échange social comme échange signifiant. L’interdit est la limite supérieure, le frein, le principe d’inertie qui interpelle l’organisme comme sujet social, sujet du sens et/ou sujet de l’interdit. Disons que sans interdit de l’inceste il n’y a pas de société humaine et/ou signifiante, et par conséquent il n’y a pas de pratique signifiante" [22]. Ce qui alors est interdit : la traversée de la langue maternelle dans sa béance ouverte sur "l’infinité potentielle" du langage, le procès d’analyse-production au cours duquel "la voix de la conscience fait place à l’écriture du désir" [23]. L’envers supposé de cet interdit consiste alors, en pensant métaphysiquement une extériorité de l’interdit par rapport au sujet, à le "supprimer", pour retourner fantasmatiquement à une prétendue "nature" d’avant les interdits, toujours-déjà-là dans sa splendeur native, bonne et pleine de Sens, où le sujet coïncide avec lui-même dans un Plein vital absolu, "authentique". C’est l’illusion des discours de l’homogénéité représentative, reproducteurs en dernière instance de l’interdit qui les modèle21. La psychanalyse montre au contraire que l’envers de l’interdit est la castration : "Interdit parce que menace de castration. Ainsi le lieu de l’interdit, où s’agence toute pratique signifiante, est le lieu de la castration, envers de l’interdit. La castration est donc la doublure négative, inséparable de la production/formation du sujet dans le sens, elle est un manque à être du sujet dans le signifiant ; le sens est ainsi structuré par l’interdit dont la castration est le négatif22. Pratiquer une écriture "transgressive" implique donc d’abord le savoir de la castration et du fonctionnement dialectique du couple qu’elle forme avec l’interdit. La méconnaissance de ce fonctionnement soumet la pratique, soit à l’interdit, auquel cas le sujet re-produit l’interdit comme simple sujet de l’idéologie, soit à la castration (en tant que sujet de la pratique), auquel cas l’expressivité psychotisée signe l’expansion du Moi hypertrophié, l’abandon du "dehors" [24], et, dans la tension non dialectisée (non travaillée) de cette expressivité, le retour au discours (de V) homogène, le retour de l’interdit21.

III-6 : La pratique matérialiste vise au contraire une traversée des pulsions, en prenant la castration pour objet. "Perversion généralisée" de l’articulation des signes ; refus du retour à la formation névrotique des discours de l’homogène. A ces discours (retour du Sens, du Bien, du Sujet, de la Voix, de la Thématique "carnavalesque") s’intègrent les formes de "l’art carnavalisé". Mais c’est aussi le lieu où Bakhtine, dans sa méconnaissance de la psychanalyse, n’interdit pas que tout "carnaval" se joue. La suppression mythique de l’interdit non pensé comme constitutif du sujet dans le sens efface le processus dialectique [25] interdit/ transgression et manque alors la production de l’objet-en-plus, du texte que Ponge nomme OBJEU. "Le fantastique déchaîné multiplie la logique du rêve. La transgression est permise, elle est l’envers de la Loi, et personne ne se sent menacé : le carnaval a toujours eu lieu sur le parvis de l’église" [26]. La réaction idéaliste aboutit ainsi à un spectacle où le sujet s’identifie au scénario imaginaire que représente le déferlement non réglé de son texte, barrant, dans ce transfert, l’analyse sans cesse à produire, dans le texte : "Dans les contradictions éclatantes et désormais immaîtrisables du mode de production capitaliste, le "devenir psychotique" (Sollers) du sujet semble ne trouver que deux réflexions "artistiques" : soit se faire jour dans l’art carnavalisé, soit s’analyser dans l’écriture traversant le mur de la représentation. La différence est infime et capitale : c’est la différence entre l’identification-transfert et l’analyse sans fin."26. La méconnaissance de cette "différence" domine le discours-LC. Elle ne peut produire qu’un montage brouillé, un jeu non réglé sur le troc des signes, un ludisme médiumnique barrant la lutte dans l’imaginaire de la transgression rêvée, éludant "l’exploration du sujet dans son rapport à la langue et au sexe" et brisant dans l’empirisme la stratégie déconstructrice de l’idéologie condensée dans la "littérature".

IV - REPRESENTATION / CARNAVAL / ECRITURE  :

IV-1 : Coupure avec ce discours : son propos ultime est de dire du "carnaval" qu’il est une "représentation théâtrale". Sur cette scène imaginaire ne peut effectivement fonctionner que la représentation carnavalesque. On y rêve la mise à mort de l’interdit fétichisé dans la Grosse Tête Carnavalesque intronisée pour une parade ponctuelle (un "poème", un "roman"). On y tue rien d’autre que ce fétiche auquel, en définitive, dans son mouvement référentiel, s’identifie la pratique littéraire qui représente cette mise à mort fantasmatique. Le meurtre de l’animal totémique (ici cette fétichisation de l’interdit extériorisé, projeté, non pensé comme constitutif du clivage au sujet et de la structuration du Sens) marque en fait le processus d’identification à ce totem, sa reproduction scandée dans la pratique. Sa violation rituelle n’est que sa re-production honteuse, transférée, jouant alors le rôle de fétiche-bouchon. Elle réaffirme mot à mot le Plein du Sens, la névrose qui rend "le mort plus puissant qu’il ne l’avait jamais été de son vivant" [27] ; le "mort" : La Loi, l’idéologie dominante. La transgression imaginaire ainsi montée est permise parce qu’elle ne touche en rien à la structuration signifiante de l’interdit, à l’interdit comme structuration signifiante. La fiction (le totem fétichisé de la représentation) est encore une fois prise pour la réalité (l’interdit qui constitue l’organisation névrotique et le processus historique de sa formation). La mise à mort figurée (mise à couvert par l’institution du sens), refait, dans son trajet référentiel, théâtral, le trajet ponctuel de l’interdiction, reproduit l’homogénéité achevée du Discours.

IV-2 : Ecrire ne donne rien à lire, qui soit derrière le spectacle, toujours à jouer, de son jeu. Ce qui est joué, c’est la défiguration réglée de la figuration elle-même. Ce qui est visé c’est la production d’une matérialité signifiante non représentative, déconstructrice de l’inconscient idéologique et s’attaquant ainsi à la réalité de l’interdit. C’est le procès de cet excès productif, impersonnel, qui la constitue comme chiffre efficace ; non pas production d’un objet "réel", mais exposition d’un travail producteur. Le mouvement dialectique de ce procès, son affrontement à l’ordre symbolique, sa production d’OBJEU, force à un autre type de lecture, une pratique de la lecture, une lecture pratique, transformatrice. C’est déjà la problématique abordée par Bakhtine. Mais encore une fois, cette lecture-pratique ne peut être pensée sans un dégagement véritable du mode de la représentation, sans une théorie psychanalytique du sujet. Elle seule peut faire du geste de la lecture le geste qui relance la subversion de l’idéologie qui règle les pratiques traditionnelles de lecture (consommation du sens, retour au sens).

IV-3 : Ecrire n’est en rien une "représentation théâtrale", mais le théâtre lui-même, la scène, l’acte : une scène matérielle, un "jeu" sans gain, où l’on dépense. C’est "une économie dramatique, dont le lieu géométrique n’est pas représentable (il se joue)", "une économie de langage renversant incessamment le discours de l’organisation névrotique et sa fausseté" [28]. Produit selon la "machine même de la négativité", le geste de cette pratique s’analyse en effaçant ce qu’il produit, le transformant en objet de connaissance (effet gnoséologique), et démontant l’idée de la représentation théâtrale comme "montre" de formulations "transgressives" : la représentation interdit l’analyse. Le manque d’appareil psychanalytique chez Bakhtine et la non-situation de l’enjeu politique sont à la source de l’inflation/réaction/surexploitation "moderniste". C’est bien en effet cette articulation (psychanalyse/politique), introduisant la science dans la "magie hasardeuse" qui prétend en refouler l’interpellation, qui fait que l’écriture "dans sa traversée de l’inconscient et des mythes, rencontre avec le sexe, la jouissance, la castration, la poussée même de la force génératrice qui, ayant été réprimée par l’idéalisme, contribue à déchirer l’enveloppe du sujet parlant" [29]. Le propos d’aujourd’hui est bien la déchirure de cette enveloppe, l’analyse/dissolution du discours névrotique et de l’idéologie qui le règle. Il s’agit alors de couper avec toute reproduction de la scène fantasmatique de l’idéalisme. Ce qui nous importe, c’est "l’Autre scène, non mesurable, non représentable" [30].

V - ENJEU(X) :

V-1 : Nécessité de ce travail : l’inflation du "carnavalesque", au(x) lieu(x) où elle se produit, selon ses effets propres, les complicités qu’elle trouve, l’audience "avant-gardiste" qu’elle se crée à peu de frais théoriques, se doit d’être pédagogiquement analysée. Le processus de brouillage qu’elle peut introduire dans la recherche véritable n’est en rien négligeable. Il faut montrer la collusion de ce discours avec les divers avatars littéraires de l’idéalisme. Et surtout il faut en montrer le jeu politique, selon l’enjeu actuel des contradictions. Enfoncée en effet sur le front du subjectivisme "poétique" (dont la fonction de sublimation psychologiste est aujourd’hui battue en brèche de toutes parts), l’idéologie bourgeoise tente, selon sa tactique habituelle, de déplacer ce front en feignant de se retourner contre lui. Elle s’efforce, selon une manœuvre de diversion conforme à son opportunisme obligé (et qui peut, de plus, compter sur le soutien objectif du révisionnisme éclectique qui lui abandonne le terrain idéologique), de masquer la contradiction principale antagoniste (lieu de la lutte effective) sous l’imposition différenciée de diverses contradictions secondaires non-antagonistes, internes en fait à sa propre idéologie, et que répètent alors à l’envi les différents organes de la presse "littéraire" et, plus encore, l’AIE Universitaire. Soit :

- contradiction principale antagoniste (au niveau idéologique) : idéologique bourgeoise (idéalisme/métaphysique) / matérialisme historique et matérialisme dialectique

-  contradictions secondaires non-antagonistes :

a) idéologie bourgeoise droitière (soumission à la Loi, littérature traditionnelle, "roman", "poésie" subjective, lyrisme humaniste, etc.) / idéologie petite bourgeoise "gauchiste" ("phrase" de gauche, "solutions rêvées", spontanéisme, expressivité lyrique, "révolte", automatisme, surréalisme, imagination, "fête", censure du théorique, refus du scientifique).

b) idéologie bourgeoise humaniste ("poésie", essayisme, impressionnisme, thématisme, etc.)/ idéologie bourgeoise positiviste (formalisme, "structuralisme", scientisme, jeu de Go, etc.)

Comme l’ont montré les analyses ci-dessus, le "carnavalesque", dans le texte de l’inflation, constitue un pion de choix sur cet échiquier. Il correspond en effet à un amalgame empirique de l’idéologie bourgeoise spontanéiste/"ultra-gauchiste" (d’où la négation de la dialectique et l’investissement métaphysique) et de l’idéologie bourgeoise positiviste (d’où les "procédés" formels et l’élusion du politique). Il fonctionne alors comme pôle contradictoire (secondaire, non-antagoniste) de l’idéologie bourgeoise droitière/humaniste, et sert à refouler la contradiction principale antagoniste, celle justement qu’il s’agit de prendre stratégiquement en charge.

V-2 : C’est pourquoi l’insistance est nécessaire. Le "succès" d’un tel discours l’atteste. Soit :

Le Clézio  : "avant-garde" + Goncourt = "soliloque sur la création du nouveau" (alibi "moderniste") et caution du Prix Littéraire (alibi "qualitatif").

parlant du "carnavalesque" : "nouveauté","école/mouvement moderne" + non-théorie, empirisme, "soupe éclectique".
dans "La Quinzaine Littéraire" : où l’on vient prendre le pouls des diverses "avant-gardes", et où l’éclectisme obligé de "l’information" permet à la lecture la fabrication des "synthèses fantasmatiques" et la consommation naïve des contradictions secondaires non antagonistes, sous le couvert du "libéralisme" (libre circulation des marchandises intellectuelles) et de la "qualité" (label - "neutre" — de garantie pour la lecture égarée dans sa brume idéologique) [31].

V-3 : Le lieu idéologique du discours-LC est donc lié à ce que désignent l’ambiguïté de "l’avant-garde", le nom de Le Clézio, et le lieu où s’écrit son texte : Heu où s’agrippe la lecture de la petite-bourgeoisie’ intellectuelle, où son discours s’épuise dans ses contradictions, mais en dernière instance renforce stratégiquement son idéalisme de classe. Ce qui s’aggrave alors c’est la diffusion de cet idéalisme dans le champ où parle la petite-bourgeoisie, y compris et surtout au cœur de la lutte politique. Or, la petite bourgeoisie et en particulier ses intellectuels (qui constituent le public obligé de l’avant-garde littéraire et artistique) est de plus en plus amenée, selon le développement actuel des procès de salarisation [32], à s’aligner sur les positions de la classe ouvrière. Amenée sur des positions révolutionnaires par l’aggravation actuelle de la lutte des classes, mais aussi par son moralisme (système moral/humaniste/idéaliste)32 elle y vient sans évacuation réelle de son idéologie de classe (bourgeoise). La lutte idéologique est alors essentielle, lutte de l’idéologie révolutionnaire contre celle de la bourgeoisie, lutte de matérialisme dialectique contre les formations idéologiques de la petite bourgeoisie. Lutte, en particulier, au lieu où se condense cette idéologie (la "littérature" et le discours tenu à son propos), au lieu où elle revêt des masques successifs : les divers "modernismes". Toute sous-estimation de l’importance de cette lutte idéologique et de la nécessité de son tranchant ne peut conduire qu’à l’adoption d’une ligne culturelle bourgeoise. C’est sur le fond objectif de cette lutte (de classes) que s’inscrit le travail développé ici. Le "carnavalesque" constitue l’un des plus récents alibis "modernistes", exploité à ce titre là où il devait l’être. En produire l’analyse, c’est participer au travail d’arrachement de la petite bourgeoisie intellectuelle "à l’influence de l’idéologie dominante, idéaliste, métaphysique, spiritualiste, afin de renforcer son alliance de classe avec le prolétariat" [33].

(Septembre 1971)




[1] Intervention de J.M.G Le Clézio ("La Quinzaine Littéraire"), de Jean Paris ("Clef"), d’Henri Meschonnic ("Les Cahiers du Chemin") ; commentaires divers des livres de Bakhtine (sur Rabelais et Dostoievski) et de la préface rédigée par Julia Kristeva pour ce dernier ouvrage (cf par exemple : Daniel Sallenave : "Pour une poétique historique", in "Critique N°283)… Cf. aussi le succès du "Satiricon" de Fellini et de l’article de Le Clézio sur ce film dans "L’Arc").

[2] Cf. interviews dans "Le Journal des Poètes" (6/1970) et dans "Génération" (3/4,1970), TXT/L’Inscription Carnavalesque (Bruxelles, 11 mars 1971) ; voir aussi les divers "ordinateurs" de TXT.

[3] Cf ci-dessous V-2.

[4] Selon une non-lecture (censure) du texte fondamental de Derrida, le motif du "jeu" revient en effet à pratiquer cette occultation dont le "jeu" politique est clair. Ainsi Robbe-Grillet, dans VH 101 N° 2 : "Je crois de plus en plus que la société vers laquelle nous allons, si elle réussit à atteindre quelque cohérence et quelque intérêt, sera une société de jeu. Il faudra apprendre aux gens à jouer". — La société "cohérente" où déjà s’annonce ce festif avenir étant, bien entendu, selon ce type de discours, la notre, opposée en cela à l’Autre, celle de l’Est, de la Chine, qui est rouge . . . - . Face à cela, de façon incontournable, Derrida : "On pourrait appeler JEU l’absence de signifié transcendantal comme illimitation du jeu, c’est-à-dire comme ébranlement de l’onto-théologie et de la métaphysique de la présence". - Soit : que ce JEU là, lisant le "jeu", le déjouant et soutenant "un matérialisme intégral du discours du jeu" (Sollers), joue la déconstruction de l’idéologie qui (s’) organise (dans) cette société : la notre, celle de l’Ouest capitaliste qui peu à peu pourrit, et ouvre à l’Autre, celle de l’Est, de la Chine, qui est rouge/matérialiste.

[5] Réduction prévue par Bakhtine, montrant comment l’influence du carnaval peut "se limiter le plus souvent au contenu des œuvres, sans toucher à leur principe formel". Mais la formulation pose ici la question de l’engendrement signifiant en termes de dichotomie non-dialectique et l’ambiguïté n’est pas levée.

[6] Antonio Gramsci : "Concept de national-populaire", in Oeuvres Choisies, Ed. Sociales, 1959, p. 475.

[7] J. Risset : Lecture de Gramsci", TEL QUEL N° 42 p. 60.

[8] "Leurs idées s’aventurent au-delà d’une étape de développement déterminée du processus objectif : les uns prennent leurs fantaisies pour des réalités, d’autres essaient de réaliser dans le présent des idéaux qui ne sont réalisables que dans l’avenir" (Mao Tsé-Toung, "De la Pratique")

[9] M. Bakhtine : "La poétique de Dostoïevski" (Seuil) Chap. IV.

[10] Le jeu représentatif a justement pour effet de maintenir la contradiction dans la sphère de la représentation (mélange des genres, des tons . . .) où la relègue la pensée formelle (cf J. Kristeva, "Objet, complément, dialectique", in Critique N° 285). L’écriture, au contraire, comme dehors de la pensée formelle, extrait la contradiction de cette sphère-là, pour la faire jouer "là où elle agit : "moment essentiel du concept" (Hegel), "essence des choses" (Lénine), "l’inconscient ignore la contradiction" (Freud) — c’est-à-dire est fait de contradictions—" (Kristeva, op. cité p. 100).

[11] Lacan, Ecrits p. 704.

[12] Cf ci-après le texte d’Eric Clémens "Remarque sur le signe carnavalesque" .

[13] On rappellera ici que la langue n’est pas une superstructure, que le langage ne doit pas être confondu avec l’idéologie qui s’y stratifie. La matérialité du signifiant qui constitue le sujet (cf Lacan) est donc une instance déterminante. Manquer cette instance, l’éluder, c’est retourner à la confusion idéaliste, et dévoyer l’efficacité spécifique en son lieu, de la pratique scripturale.

[14] Lacan, Ecrits p. 835.

[15] Les effets de cette méconnaissance restent à lire dans bien d’autres discours (cf. à ce sujet les remarques développées dans "Fonctions d’une revue" (par. 5 et 6)).

[16] J. Kristeva, Séméiotikê p. 156 (cf aussi "Une poétique ruinée" p. 18).

[17] "Une poétique ruinée" p. 19. Bakhtine ne peut énoncer que ceci : "L’auteur comme créateur du tout romanesque n’est trouvable sur aucune des surfaces linguistiques ; il se situe dans ce centre régulateur qui représente le croisement des surfaces linguistiques"(cité par J. Kristeva, Séméiotikê, p. 168).

[18] J.Kristeva

[19] "La nature humaine dont certains intellectuels petit-bourgeois font l’éloge est isolée des masses populaires ou même anti-populaire. Ce qu’ils appellent nature humaine n’est rien d’autre, au fond, que l’individualisme bourgeois "(Mao Tsé-Toung, Yenan, 23 mai 1942).

[20] On comprend alors l’imprégnation par l’idéologie carnavalesque d’un livre comme celui du théologien américain Harvey Cox : "La Fête des Fous" (Seuil, 1971).

[21] Cf "Schéma" ci-joint.

[22] J.Kristeva : "Entretien", dans Cinéthique 9/10

[23] Sollers.

[24] La levée imaginaire de la loi peut produire en particulier le jeu phonique associatif non réglé, qui efface tout sens. Comme le remarque justement R. Barthes, l’asèmie s’y retourne alors en "errance hystérique", et, dans la lecture (celle d’un lecteur/sujet non encore transformé comme c’est le cas dans notre moment historique) "se renverse en subjectivité" (le sujet imposant SA lecture). Pratique précipitée, "solution rêvée", "phrase", etc. (cf ci-dessus) (Sur "l’abandon du dehors", voir J. Kristeva : "Matière, sens-dialectique" in Tel Quel N° 44 p. 29 et Ph. Sollers, "Le coupable", in Tel Quel N° 45 p. 98).

[25] Cet aplatissement/négation de la dialectique dans la pratique marque encore la collusion entre ce type de discours, et, au plan politique, la " phrase de gauche " : impatience révolutionnaire, négation de la dialectique, accentuation mécaniste, métaphysique" (Baudry, Tel Quel N° 44 p. 59).

[26] J. Kristeva : "Une poétique ruinée", p.20.

[27] Freud : "Totem et tabou", Chap. IV.

[28] Sollers.

[29] Baudry (Nouvelle Critique, Colloque de Cluny, p.264).

[30] Kristeva.

[31] Qu’il soit bien entendu que cette presse littéraire d’information ne peut guère, ici, être autre chose (pour d’évidentes raisons économiques). La question est cependant différente quand il s’agit des "Lettres-françaises", journal d’Aragon, membre du Comité Central du Parti Communiste Français et pièce maîtresse du décor culturel dudit Parti. Dans cette feuille, les mêmes alibis empirico-éclectiques servent à "couvrir" l’abandon à l’ennemi de classe (du moins devrait-il l’être) du terrain idéologique. On y noie les enjeux idéologiques et on fait fusionner les pôles contradictoires dans l’Un transcendantal d’une "qualité" neutralisée/neutralisante (et on passe alors son temps à sur-évaluer des produits mineurs ou surannés pour masquer l’incapacité forcée à lire l’avant-garde véritable). Le "besoin" de cette "qualité" est pensé, au niveau de la consommation esthétique, comme "commun" aux forces antagonistes : matérialisme dialectique /idéalisme bourgeois, qui doivent alors coexister pacifiquement dans une neutralité fantasmatique. Se dévaluant alors logiquement lui-même, au fur et à mesure que la lutte des classes aiguise par ailleurs les contradictions qu’il voudrait masquer, le lieu de cette neutralité" abandonne progressivement le terrain scientifique et artistique, pour s’ouvrir de plus en plus largement à la "mode", à la "chanson", aux "spectacles" en général (en tant que distractions benoîtes), s’alignant peu à peu sur le niveau culturel du défunt "Figaro Littéraire" ou de "L’Humanité Dimanche". Ce n’est pas seulement comique : l’idéologie bourgeoise envahit tout entier le terrain ainsi préparé, signant la collusion selon laquelle le révisionnisme éclectique et la réaction se rejoignent dans la répétition de vieilleries humanistes et la répression du travail d’avant-garde effectif. Les pratiques hégémoniques de censure légale et/ou économique), dont les effets se font de plus en plus fréquemment sentir, désignent alors de plus en plus ouvertement cette collusion dont l’enjeu dépasse bien entendu de loin la simple question de la "littérature".

[32] Cf à ce sujet les analyses de J.L. Baudry ("Pour une matériologie", Tel Quel 44 et 45) et de J.L. Houdebine ("Position politique et idéologique du néo-surréalisme", in Tel Quel N° 46, NB p. 37/38) et Mao Tsé-toung, "contre le style stéréotypé dans le parti" ("Ecrits sur la littérature et l’art", p.105).

[33] Houbedine, op.cité.