Ce poème étant impubliable pour des raisons légales, je n'ai aucune envie de mesurer à quel point en m'acculant à en débattre avec qui que ce soit. Bref : il est donné ici tronqué et n'existera probablement jamais publiquement dans son intégralité.

la tristesse s’est nichée,
l’emporté sur tout
la douceur
l’a dans le cul, je vois peu à peu derrière la découpe des fenêtres
les hommes
les plus doux du monde
ceux à qui la douceur a pris
tout le temps
rêver de brûler leur propre bibliothèque
d’incendies,
foutre à sac le mondrose.

Ne fumez pas, surtout : ne fumez pas.
Un endroit humide, un endroit désert,
pour préparer, pour stocker. Quelle sorte de
vaudrait la peine que vous mourriez pour

Sur un étal : lunettes de protection, tablier, gants.
Pour les mélanges, une feuille de papier lisse (à deux des angles opposés de la feuille
faites de petits tas -
depuis les angles, faites rouler vers le centre).
Versez et utilisez les mixtures immédiatement.
Ou bien conservez vos mélanges dans des boîtes métalliques de films de 35mm.
En mélangeant les composés sensibles (poudre instantanée)
évitez toute source d’électricité statique.

d’une épaisse tenture de fumée noire

(coupé)

vous pouvez prendre quelques notes, ce n’est qu’un poème.
Question de culture générale : dans quels pays le dominant frissonne-t-il encore assez au poème pour cramer le poète? D’autre part, la bonne présentation en librairie du poème est-elle proportionnelle à la crainte éventuelle qu’un pouvoir en aurait?

La poudre noire se décompose par déflagration, c’est-à-dire par combustion rapide selon une réaction exothermique. Exothermique : poème. Elle n’exige pas de détonateur, mais une mèche. Il faut un bourrage serré, un milieu fermé.

(coupé)

Dernière pelure et sifflants ruisseaux des caisses
boule la nôtre à l’un
des satellites de la ceinture Alphacinoche / déglutition assistée par ordinateur qui achève
l’oignon citadin,
Bonheur & sucettes, Marché Total, Birth2death Mmmarket, Discount Hubert Allesse,
éviterons-nous le samedi pour pousser le caddie ensemble ou, au contraire, le choisirons nous pour disparaître dans le ban
quincaille :

(coupé)

E jour là nous avons poussé plus longtemps
(c’est un monde, avec sa musique propre et une étrange compression de l’étendue, où tout, toujours, nous conduit à nous perdre devant l’infinie variété du même)

(coupé)

Deux lignes de pâte enflammée barrant une route, lignes vives s’entortillant autour de roues et fuyant en cercles concentriques. Les bourrelets de fumée noire épaississent la nuit dans une sillée.

(coupé)

Jamais jamais elle ne s’apaisera la chansonnette
jamais ça non ne se freinera ni rien
n’abolira, en la matière vaste! profonde!
surtout pas la douceur ne fanera ramage et cavatine du meurtre
la tyrolienne des destructions, récitatif, aria, litanie
il mio amico
beng la mia fratella beng
en faisant sauter la croûte calcinée, Helm met à jour un champ de fossiles; la roche se soulève de cloques calcifiées qui piégaient crosses, barillets, détentes, carreaux des fragmentations, ailettes, canons, fuseaux indéterminables ayant conduit milles inventions volantes de A à Z.
Vous m’avez cru? C’est le poème.
Il n’y a pas de Helm! C’est la chose fausse, il en faut toujours une. De quelle nature est Helm pour être le spectateur, hmm? Helm n’aura pas d’yeux pour voir, ni pulpe de chair pour éprouver la dureté des fossiles.
Que le vent pour les dégager de la poussière.