Transcription Christiane Monier
  Relecture Marie-Valentine Martin, L.L. de Mars
NE PAS EN FAIRE UNE PIPE (ET SE TAILLER)
Texte inédit, devant probablement le rester : il s'agit sans doute ici des notes de 1975 auxquelles M.V. fait allusion dans une lettre à Châtel dans laquelle M.V. écrit :
« JE VOUS DONNE, quand vous repasserez à Lorient, quelques notes de 75 rédigées plutôt comme pour moi-même aux autres, afin d'expliciter une «démarche». Ces notes, je n'ai jamais voulu qu'elles soient publiées, (elles faillirent l'être malgré moi un jour), elles sont à parcourir comme ça, en marge, vite. Je n'aime pas leur style. » Ce texte semble être une sorte de retour sur le long et passionnant Caviardages de 1972 en regard duquel il gagne à être lu.
« Vous attribuerez à votre pipe l’étrange faculté 
  de vous fumer » 
  Baudelaire
  RETOURS, PERTES.
  Une quinzaine de tracts (1971-1974) où quelques aperçus incisifs 
  sur ma claudication côtoient la considération prudhommesque. Par 
  détails et par côtés, j’ai rendu compte de ma petite traversée 
  des signes.
TAMPONS
  Une quinzaine de tampons (1969-1975). Le premier: INSTITUTO / Échantillon 
  N°. Le dernier: Vachey déplace les guillemets.
DÉGOÛT POSITIF
  D’abord le dégoût et l’impasse (lié au refus d’exceller 
  dans ce qui n’était plus que styles ancien puis moderne), le sentiment 
  d’une usure irrémédiable et son exploration radicale, le choix 
  de la mort contre la mort, le saut incongru, erratique. Dans la désertion, 
  je découvrai l’excès.
« ANTI-CITATION »
  Au moment où j’incorporais (1), 
  dans ce qui était toujours ma poésie, de menus bouts de phrases 
  de Le Monde, qu’est-ce qu’on poétait ici ? (Sur fond et contexte 
  débandade / rebandage déclenché par Tel Quel). 
  En très gros : OO - une fausse poésie d’un faux quotidien. O - 
  le déjà Tel Quel provincialisé (déni d’une 
  poésie négative s’installant avec arrogance, très hégeliennement 
  (parodie triomphale nourrie du savoir) dans la vieille charogne. a) l’imagisme 
  bachelardien : illusoirement ouvert (bonne conscience phénoménologique). 
  b) les divers concrétismes dans le cercle de leur trouvaille. c) la beat-génération 
  revue et corrigée à la française par le post-surréel. 
  d) le petit dé de mes occupations connexes (pas grand-chose en somme), 
  un temps faible parmi tous ces temps forts: une espèce de pratique du 
  quelconque, de l’insignifiant.
  Les petits bout de phrases chassèrent l’imagisme. Loin de nier les processus 
  symboliques, je les dégageais, transversalement.
  « Gommages » (ou : Épigrammes plats, ou : 
  Effaçades. même texte) (2) 
  ne fut qu’un montage de prélèvements journalistiques. Je détruisais 
  une certaine métaphore, non pas l’image. Je déplaçais le 
  texte, entre la Réactivation et l’Avant-Garde.
SCÈNES D’OB
  «Gommages» (effaçades), entrée dans la non-couleur, 
  sortie vers le neutre, c’était l‘antipode absolue de «Scène 
  d’Ob» (3), ce théâtre 
  de l’hyper imagisme (v. la page 158, «Quelques accessoires» ).
  Dans la préface-tract à «Portrait de la France» (4) 
  je me défendais (un peu comiquement) de faire du «collage» 
  , ce mot étant connoté par toutes sortes de choses dont je me 
  détournais résolument.
  Ce que «Gommages» renversait primairement, contradictoirement, c’était 
  le sens et la référence. Se découvrait, en mode mineur, 
  l’indiscernabilité du pathos et du logos, leur double jeu et leur jeu 
  double non seulement réglé mais aléatoire, historique et 
  sauvage, dans le formidable potentiel des déplacements infimes.
  Moment d’écriture neutre, grise, faible, qui s’inscrivait en faux contre 
  et en porte-à-faux avec les diverses logomachies imagiste, critique, 
  imagiste-critique.
  Pratique intertextuelle et figurale, sans Théorie.
PLUS MOINS
  Cut-up, certes. Pas à la manière du grand W.B., plutôt dans 
  le non-intéressant, free mais pas funky, côté Cage peut-être. 
  J’appelais ça anti-citation : plus c’était insignifiant, plus 
  ça signifiait.

Dans un roman de 1968, «C’était à Mégara», 
  j’écrivais assez innocemment : «Maintenant, il va falloir perdre». 
  Belle indécision (quoique allégorique) entre le négatif 
  et la dépense — comme s’il y avait eu à choisir !
  Dans un texte dont j’ai eu rapidement honte (il doit se trouver dans les archives 
  de A.B.), j’écrivais — cependant — en 1964 qu’«en poésie 
  le signe moins n’existe pas.» (énorme paradoxe pour les habitués 
  du sexe / politique à la fenêtre — je revois quelques mines professorales 
  dubitatives. Aujourd’hui, le minimal (j’en faisais sans le savoir) fait partie 
  de leur culture).
LA PAGE NOIRE
  Dans une page de journal je caviardais des phrases, des mots, des lettres, des 
  fragments de lettre, au crayon feutre noir. Au début de cette pratique, 
  une prédilection pour l’insignifiance. Caviardage en registre faible. 
  Puis la perversion devint intégrale : (+) perverti en (-), (-) perverti 
  en (+). La mise entre parenthèses introduisant au suspense, la censure 
  n’est pas saisie par son effet (point de vue politiste et esthético-moral) 
  mais comme constitutive.
  Le texte mutilé fait jouer à fond non seulement la polysémie 
  (et, en creux, la polysyntaxie), non seulement un autre texte demandé 
  par les débris de plusieurs surfaces, mais les processus primaires et 
  ce que je nomme (gravement) principe d’incertitude ontologique (historico-logique).
  N’importe quel point intenable (libidinal et sémiotique), toute 
  constellation de points, devenait complexe discursif-énergétique, 
  passage décisif-indécidable.
  Si je me suis d’abord attaqué au texte journalistique, c’est à 
  cause de sa fausse neutralité, parce qu’il s’agit d’un texte faussement 
  hétérogène (et parfois aussi vraiment), d’un texte à 
  la fois stratégique et impur, d’un gris dangereux.
  Par la suite, d’un texte monodique, (de type scientifique ou technique), je 
  fis un texte pornographique (5) (6).
  Nouveau : l’utilisation esthétique (lire = non normative, non scéniquement 
  typographique) de l’encre et de la page déterminée par le choix 
  des fragments sémantiques (à laisser / à déterminer). 
  En ôtant encore, du texte caviardé, les mots subsistants (non pas 
  en les noircissant dans une seconde phrase mais en les remplaçant par 
  du blanc), il reste un dessin noir.
  Ce dessin peut servir d’empreinte pour marquer des tablettes d’argile. J’ai 
  réalisé ainsi, avec une même empreinte (ndlr : dont l’origine 
  est une colonne de L’Express), plusieurs terres cuites identiques.
EVE GUNS LA LA LA *
  C’est ce dessin qui m’amena à ce complexe graphique et scriptural plutôt 
  hot (côté +) qu’est La Langue Slave (7). 
  Ce livre est à la fois Scène d’Ob partout et des morceaux 
  possibles d’un palimpseste caché dans Gommages.
 Composition: Le Roman de 
  la momie (Flaubert) ; une page de L’Express ; Le verre (collection 
  Que Sais-Je, P.U.F.), avec texte et dessins technologiques ; Bandes 
  dessinées pour adulte ; le commentaire anglais d’un texte russe 
  absent ; une forme provenant d’un joint de moteur Renault (utilisé 
  comme pochoir) ; des traits de marker.
  
 Ce texte, imprimé en offset, 
  à l’encre marron, a uniformisé l’hétérogénéité 
  du matériau (différents papiers, différentes couleurs d’encre). 
  Il se compose alors de 20 cartes (= 40 collages), 10 x 16 cm. Toutes les cartes 
  sont faites de bandes verticales juxtaposées, sauf en bas, une bande 
  horizontale, pseudo-commentaire (parodique).
  L’ordre de succession, le mode de répétition, la dimension des 
  prélèvements respectifs, varient d’une carte à l’autre. 
  Une forme toujours identique (phalloïde), mais située différemment 
  dans le format, confère à chaque carte un pseudo-point nodal alors 
  que les traits de caviardages renforcent le cut-up.
  Il ne s’agit donc pas de poésie permutationnelle mais d’une contradiction 
  forte entre procédé et processus, mise en œuvre de quelque chose 
  qui « fait machine » (on sait désormais avec l’Anti-Œdipe, 
  que les machines « ne fonctionnent que détraquées » 
  ), ce faire-machine excédant tout fonctionnement.
  L’encre utilisé pour l’offset, ce fondu marron, est le consentement au 
  moyen — pour sa perte.
N.B. Je ne m’oppose pas à l’art permutationnel. Pourquoi (et d’ailleurs comment) m’y opposerais-je ? Mes collages donneront, seuls, la réponse.
NEUTRE MONSTRE
  Ni l’un ni l’autre, l’un et l’autre, le neutre est à l'ordre théorique 
  ce que la monstruosité est à l’ordre politique. On ne sait plus 
  très bien si l’événement fait défaut ou s’il est 
  en trop. On est dans la folie des paramètres, la catastrophe, l’inouï.
  Quand quelques vraisemblances impérieuses mais trop humaines font couac, 
  les effets incontrôlables, et le mouvement de l’étrange dessin 
  neben, étrange-ici, désignent le monstre neutre.
  Comme en un caviardage, le déchet bouscule le reste, quelque chose de 
  mal connu se transforme et redessine. Entre l’arbitraire et l’aléa, le 
  crayon feutre maintient et efface, avec un haut et bas calcul, une irresponsabilité 
  scrupuleuse, la mémoire tranchant dans l’oubli, tranchée d’oubli. 
  Reste / déchet s’engendrent / se détruisent, matière même 
  du principe, principe de matière, errance de l’ordre.
VEDUTA & PSEUDO
  Mes livres (cut-up tridimensionnel) ne mettent à jour, ne procèdent 
  d’aucune combinatoire : ils fixent un pseudo-fantasme, mais précisément 
  le pseudo du fantasme. Mes livres reconstituent-ils une scène singulière ? 
  Chaque livre, de format bien net, ressemble à un cadre, la succession 
  en profondeur des découpes pourrait n’être qu’une enfilade de vues. 
  Non, même pas en un sens parodique. De fausses perspectives n’apparaissent 
  que pour leur dissolution.
  Qu’on abandonne le « pliage » et le « tassement » 
  rituels du « minuscule tombeau, certes, de l’âme » 
  (Mallarmé), lequel, vide, s’encombre encore trop. Étrange cénotaphe 
  grouillant de si beaux corps — en travers de quoi j’inscris une cicatrice fugace, 
  un tatouage tenace, un passage encore pseudo mais réel parce que pseudo.
  Je peux bien découper le même livre (plusieurs exemplaires matériellement 
  identiques d’un même livre), à chaque fois, que je le veuille ou 
  non, la découpe sera différente. Ainsi le « Discours 
  de l’Améthode » (Des cartes, 16 exemplaires juxtaposés 
  en carré.)
  L’art permutationnel institue un faux labyrinthe (répertoire d’éléments 
  x loi-opération, perturbations réglées, pseudo-hasard des 
  suites cycliques). Ici c’est la répétition impure qui produit 
  la différence.
  Le fantasme se montre comme scénario, aspect mi-diurne mi-nocturne d’un 
  dispositif oscillant de l’énergie au signe, puissance figurale.
PORNOGRAPHIE
  Mes premières agressions contre le livre (1971) relèvent de la 
  névrose. Par ex., « 12 accès au Cambodge par la Voix 
  Royale », avec une incision vaginoïde dans 12 exemplaires d’un 
  roman d’André Malraux.
  Puis la découpe devint géométrique (trait de coupe horizontaux 
  et verticaux) et calculée. Maintenant, le trait de coupe (déterminé 
  par le choix du texte comme avec les « caviardages » ) 
  oblique et courbe alterne (non régulièrement) avec les traits 
  horizontaux et verticaux.
  Si de Bernanos (par ex.) je fais un texte pornographique, il m’est impossible 
  de découper Sade, sinon — afin que la perversion ne s’arrête pas 
  — en en banalisant le texte.
  Je ne peux découper la littérature qui me répugne et ne 
  veux entrer dans le menu de cette répugnance.
  Mobile — si je pouvais découper ce livre de Michel Butor, ça 
  signifierait que je n’ai pas écrit La Lange Slave.
  W.B. — si un jour je suis mort.
  Denis Roche — Quel lamentable con pourrait m’inviter à découper 
  le Mécrit ?
  Maurice Roche — Je découpe compact dans l’amitié. Mais 
  c’est un cut-up absurde, mon procédé détruisant l’efficacité 
  d’une autre écriture.
DÉPENSES EN APPAREILLAGE (= DA), — 
  fin 70, inédit (sauf quelques fragments in « La nouvelles 
  Poésie française » , de B. Delvaille, Seghers). Écrit 
  après « Gommages » (=GO).
  En fait, écrite sans intention de composer = j’avais noté des 
  mots, des morceaux de phrases sur des pages. En rouvrant ces pages… j’eus l’idée 
  de retaper ces notes telles quelles.
 GO - L’immobilité 
  suspecte. D’implicites mandats d’amener contre la fausse absence et la fausse 
  présence = leur double jeu anéanti en pseudo-surfaces silencieuses. 
  Traque vide.
  
 DA – Ensemble 
  de pièces hétéroclites - Self & hétéro-induction 
  – Dispositif bruyant, qui fraie la pratique du caviardage et sans doute celle 
  de « La Langue Slave » (LLSL) (Prélèvements 
  lexicaux et syntaxiques effectués dans des bandes textuelles de mêmes 
  types). Détraque.
  CE QUI différencie GO et DA c’est une 
  posture dans le rapport décalé et distordu négation/dépense.
  PARADOXIE            
       GO = accent sur les blancs et les 
  vides du texte.
  HÉTÉRODOXIE             
  DA = accent sur les articulations et dé-caténations ---- 
  
  dérapages vide/plein
  ADOXIE                      
  L.LSL = transversalité textuelle / figurale après 
  passage du noir.
NEBEN
  Aucun texte n’est découpé pour les mêmes raisons. Comme 
  le remarquait judicieusement A.B., le même cut-up commence devant la bibliothèque 
  au moment où la main se pose sur un volume.
  Dans le jeu métaphoro-métonymique (citationnel, paragrammatique, 
  avec toutes les attirances, contaminations et décrochages possibles), 
  le cut-up affirme la supériorité métonymique, la force 
  neben.
  Mes livres ne sont pas « objets » parce qu’ils ne décident 
  pas entre le regard et l’œil, et parce qu’ils affirment la puissance hétérogène 
  du texte.
LIBIDO FONCTIONNAIRE
  Quand je découpe mon dernier livre TOIL (8) 
  je ne fais que me retrouver à chaque mot. Possible cependant 
  que TOIL découpé soit vu et lu autrement. (Dissymétrie 
  production/consommation dans la dissymétrie historique des sujets). En 
  fait, plutôt une régression.
EMBALLAGE PLASTIQUE
  Distance et proximité du produit dans la parodie d’une barre. (Dans toute 
  cette bibliothèque perdue, un seul livre où un filet translucide 
  de colle unit l’emballage plastique au texte. — J’ai donné ce livre).
BONNES POUR LES PORCS (diversion politique)
  Ma perversion (je préfère déversion — et diversion même 
  — ou aversion) de textes respectivement érotiques et politiques efface 
  le temps fort (le temps substantif qui fait thème et exclusion), trouve 
  le signifiant dans « l’insignifiance », l’instant dans 
  l’instance, joue la relation contre l’axiome, la valence contre la définition, 
  la figure aux dépens du graphe. Découverte primaire, vraiment 
  pratique, que la politique est l’érotique. Et réciproquement. 
  On ne nie pas la posture axiomatique. On l’empêche d’instaurer la théologie 
  politique. L’Art qui, en un (seul) sens, serait le contraire de la logique, 
  n’est pas le contraire de la Politique. Il en figure les pertes et la perte.
(MÉDIATION)
  Même la médiation existe – dans la logique moyenne de 
  l’impuissance économique politique (figure étatique de la stase 
  kitsch générale). L’Art se situerait alors quelque nulle part, 
  « entre » la médiation et la répétition. 
  « … et que la répétition est proprement ce qu’on a 
  appelé par erreur la médiation. » Dommage que Kierkegaard 
  ne mange que le cœur de la salade, les feuilles étant « bonnes 
  pour les porcs » .
COLLAGES
  Ce qui avait été dissimulé au profit de la machinerie slave 
  (papier, couleur, dans tous leurs aspects matériels) fait retour.
  Les 20 cartes mobiles de La Langue Slave développaient un hyperidéogramme 
  sans commencement ni fin mais susceptible de détournement latéraux 
  sans limite.
  En juxtaposant symétriquement (en carré ou en rectangle) 16 (ou 
  24, etc.) exemplaire d’une même carte tirée du jeu de L.L.SL, 
  j’espère un branchement rationnel / permutationnel.
  Pour désapproprier à nouveau, et dévertir la combinatoire, 
  j’indique quelques possibilités (car elles sont presque innombrables) 
  :
  - Sur un carré de 16 cartes identiques, et pouvant le déborder, 
  sont disséminés (aléatoirement ou non) et surcollés 
  4 morceaux de mêmes dimensions d’une 17e carte identique (divisée 
  en 4 rectangles selon les médianes).
  - Ajout analogue à partir d’une carte dépareillée : (a) 
  ajout à l’intérieur du carré, (b) dans la marge (le carré 
  étant collé sur un support blanc ou ocre qui le déborde).
  - Ajout à partir d’un autre texte.
  - Ajout de papier (sans texte).
  - Ajout de peinture, de crayon de couleur (aléatoirement, non aléatoirement, 
  plus ou moins aléatoirement).
  - Omission d’une série horizontale (= 4 cartes identiques, si on a un 
  carré de 16) remplacé par du bristol blanc ou quadrillé 
  (pouvant recevoir un ajout de texte, de peinture, etc.).
  - jeu du collage comme ensemble et de sa marge matérielle (renversement 
  ininterrompu périphérie/centre, exploration systématique/erratique 
  du sens et du neutre, de leur impossibilité et scandale, mécanismes 
  du leurre saisi dans leur processus impur sans double-fond, jeu sans fin de 
  la signature et de l’excès, fatigue du pouvoir et dérive impersonnelle.).
TOILÉS, GRATTÉS, REPEINTS, CARTOUCHE À BLANC
  Ouvertures régulières pratiquées dans du carton toilé, 
  dégageant le carton sous la toile. Le carton peut être encore gratté, 
  partiellement repeint, etc. on peut combiner la découpe avec la photo, 
  Le livre (dont toutes les pages sont collées). Décollage, surcollage, 
  cartouche vide.
  Pratique (réglée/déréglée) délocalisante. 
  Métonymie généralisée. (9) qui subvertit toute l’éthico-esthétique 
  du texte français moyen.
  Ici, l’esthétique forte est aussi l’éthique neben.
PAPIER / PAPIER
  Mes collages — où le texte avait disparu.
  Cartes blanches assemblées. Papiers surcollés / déchirés. 
  Déchirures, arrachures a- et symétriques. Ajout de peinture. Puis 
  de nouveau ajout de texte — réeffacé. Etc. (Tel fut le dernier 
  mot de Scène d’Ob).
PAPIER PEINT
  Pas seulement la peinture comme ajout mais imprégnation générale 
  du support. La marge disparaît, on n’est plus situable. Peinture acrylique 
  = blanc/gris (ici passe toute l’écriture et la mythologie de TOIL, quant 
  au gris)/mauvais rose. Et dans tout ce papier le flux déplacé 
  de ma toile, la peinture défaite dans la peinture. (10)
  Le jeu neben infra-&-polyphonique & chromatique est jeu AVEC, SUR, DANS, 
  À TRAVERS, LE LONG, etc. pas seulement fort / da mais fort du fort & 
  da du da (quelque chose qui saisit le dispositif, collusion rythmique du hardware 
  et du software.)
LE DÉTAIL
  … procède, certes, de lois, mais les menace, dans leur promotion même. 
  Drame du réseau et de l’affect, trans – et déversion.
N.B. Il est probable que sans l’invention du crayon feutre et du cutter, je ne serais pas mêlé à des histoires pareilles.
CATALOGOS
  TOIL (9) = page 136,149-50, 161, 
  172, 176, 243, 249, 289-90-1.
MV le 15 novembre 1975
RESTE/DÉCHET (Bibliographie ou quinconce).
  L’espace indien (Butor-colloque de Cerisy 1973-10/18) – L’insupportable 
  et l’amusement (préface à l’exposition J-L Parant – Théâtre 
  Oblique 1975) – Sur Cremonini 
  (critique Nov 75 - Mort en RFA (Succon, automne 1975) – Pourtraitures 
  (Exposition MV – Théâtre Oblique – 1975)
(1) Hameaux Stratégiques, Quaternaire, 1968 — Repris dans Amulettes 
  Maigres, Pierre-Jean Oswald. 
  (2) Gommages, Encres Vives, automne-hiver 1970. 
  (3) Scène d’Ob, Bibliothèque Phantomas, Bruxelles (terminé 
  en avril 1968). 
  (4) Encres Vives, Coll. Manuscrits, 1971 — Les épigrammes plates de « Gommages » 
  sont réinsérées dans la presse d’où elles avaient 
  été prélevées — (Délocalisation, déplacement.).
  (5) Caviardages, Collection Génération, 1972 (terminé fin 
  71).
  (6) Minuit n°3, mars 1973, « Cuirs et peaux papier », 
  à partir de la collection « Que Sais-je » .
  (7) Neben, 1973.
  (8) Christian Bourgois 1975.
  (9) « Cadres orginaux » en donne une idée un peu 
  livresque — Bande dessinée parue dans Minuit n°5, sept.73. 
  (10) Pourtraitures, catalogue de mon exposition au Théâtre Oblique, 
  nov.75.
* anagramme de LA LANGUE SLAVE (ndr)
A.B. : Alain Borer

