Raphaël EDELMAN
La chambrée des brocards

Ce texte fut publié pour la première fois dans La Parole Vaine N°11. Je considère La Chambrée comme une tentative de désinhibition littéraire. Tentative au demeurant ratée. Il s'est agi de réagir au sérieux qui accompagne la prétention du jeune écrivain que je suis, de lever le voile du maniérisme verbeux qui dissimule à grand peine mon amateurisme. J'ai voulu réagir avec humour à l'austérité opaque qui valut à certains de mes textes d'être rejetés par mes collaborateurs. Malheureusement, du récit déluré qui va suivre, le projet est indigent et sa forme sans maîtrise. Cette peinture fantasmatique de la médiocrité et de l'agressivité manque de sel (peut-être avaient-ils raison, je n'ai pas assez d'humour. C'est vrai qu'écrire, mettons, un recueil de blagues, m'a toujours paru hors de portée comparé, par exemple, à faire de la métaphysique). Néanmoins, étant donné que ce texte, bien qu'inachevé, amuse certains de mes amis et que je considère que Le Terrier, comme La Parole vaine, sont davantage des lieux de recherche et de tâtonnement que des faire-valoir, et qu'en outre j'exècre l'écrivain autarcique, rongé par la fausse pudeur, qui se console en s'autoproclamant génie dans sa salle de bain à force de ne jamais endurer la critique ; néanmoins, disais-je, je l'ai laissé publier.

 

Avis de retrait de La Chambrée des brocards par l’auteur

Il y avait ici un texte, La Chambrée des brocards, écrit par moi et publié il y a bien des années. Il y est resté, dans le voisinage d’autres textes que je pourrais qualifier, sans doute avec exagération étant donné mon âge peu élevé, de textes de jeunesse. Toutefois, il se distingue des autres écrits de la même période. Il fut motivé par le désir d’agir contre moi-même, contre la mièvrerie de mon style, contre mes tics romantiques de débutant. Pour cela, je tentai de mélanger, sans grand talent, pornographie, crudité et provocation. L’exercice fut sans doute constructif d’un point de vue personnel. Mais à présent, je suis embarrassé à l’idée de soumettre cela au tout venant et aux personnes qui me connaissent peu et souhaiteraient découvrir les travaux récents que je propose. Je demande pardon pour cette lâcheté sur un site aussi désinhibé que Le Terrier. Mais je dormirais plus tranquille si je laissais libre accès à des œuvres dont l’aspect licencieux était défendu par un réel savoir-faire littéraire.