Institut de démobilisation

Ceci n’est pas le site de l’Institut de démobilisation. L’Institut de démobilisation n’a pas de site. Il ne fait que déposer ici (endroit parmi d’autres) ses productions. Il n’a ni lieu, ni vitrine. Il ne communique pas. Il n’est pas transparent.

I2d (section rennaise)

Destination Bling-bling
Quand la Ville de Rennes pète plus haut que son cul

Dans la foulée de la réalisation d’un très dispensable Centre des congrès d’affaires en lieu et place du Couvent des Jacobins, on apprenait récemment que les élus de la Ville de Rennes envisageaient de relooker la place Sainte-Anne de pied en cap — mais alors ce qui s’appelle relooker ! En effet, ce Centre des congrès à plus de 100 millions d’euros ne sera finalement qu’« un point de départ pour la requalification générale de cet espace public majeur », comme l’expliquait l’autre jour le gentil Frédéric Bourcier, adjoint à l’urbanisme et à l’aménagement. En l’occurrence, il s’agit encore une fois d’y faire un grand trou, pour laisser passer la ligne b du métro et puis de tout reconstruire à neuf, dans un souci de développement et de modernisation.
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Destruction de la foule, fabrication des solitudes.

La vieille pinacothèque de Munich, que Louis Ier fonde en 1826, si vous y entrez aujourd’hui et prenez en entrant l’escalier à main droite, laissant là guides et guichets, si vous allez droit au fond de la première petite salle, alors la vieille pinacothèque vous donne du Bruegel l’ancien. Dans le but de mesurer la destruction de la foule, regardons Le Sermon de saint Jean-Baptiste. Là, autour de l’homme qui prêche, à l’entrée d’une forêt profonde, là, entre les arbres, une foule assemblée. Menge, Gedränge, Gemeinde, Gesindel, la foule est pressante, compacte, commune, racaille, ramassis... Diversité des postures, des visages, des corpulences, des dentitions, des nez…
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Pour une réappropriation (collective, politique) du vol.

Car le rêve de tout Etat, son désir, sa fonction, est de parvenir à séparer la « délinquance » et les mouvements de la contestation « politique ». Pour que ceux-ci restent inoffensifs, se réduisent à des cortèges paisibles de manifestants civiques et raisonnables, il est nécessaire de décharger toute la violence sur celle-là ; on fait passer entre les deux une ligne de démarcation nette. D’un côté, on désarme la politique ; de l’autre, on dépolitise la violence. Quand des vitrines sont brisées dans le quartier latin, des magasins pillés, il faut toujours, il faut absolument, que ce ne soit qu’ « en marge des convois de manifestants ». Il n’y a aucun rapport, répèteront toujours les journaux, il n’y a aucun rapport, absolument, entre les manifestants (la politique, le discours) et les délinquants (le pénal, la violence). Ceux-ci ne font que profiter de ceux-là
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Quelques remarques séditieuses regardant les contrôleurs du Service de Transport de l’Agglomération Rennaise

Les contrôleurs du STAR tombent des nues. « On ne respecte plus notre fonction. Au contraire, on devient des cibles. »1 Et à l’incompréhension succède immédiatement l’indignation. C’est qu’un « violent incident » [sic] a opposé, « vendredi 14 novembre 2008 à 21h30 dans un bus de la ligne 3 à la station Oberthur », six contrôleurs du Service de Transport de l’Agglomération Rennaise et « une douzaine de jeunes semant la pagaille au fond du bus » — jeunes auxquels l’Institut de démobilisation voudrait apporter dès à présent son plus profond soutien. [...]



Capitalisme et kleptomanie

Karl Marx l’a montré en son temps, le capitalisme produit sans le vouloir les forces qui le nient. A un moindre niveau que la production de la classe prolétarienne elle-même, son régime général de fonctionnement induit fatalement certaines pratiques individuelles et collectives qui sont en tous points contraires à sa logique globale. Ainsi, du fait même des propriétés sensibles qu’on leur attribue pour les rendre attrayantes, pour que ceux qui n’en ont ni le désir ni le besoin
irrépressiblement les achètent — pour que l’offre implacablement continue de dicter la demande —, les marchandises sont un constant appel au larcin, au vol, au pillage. Pour les mêmes raisons que certains, fiévreusement, les paient ; d’autres, tout aussi fiévreusement, les dérobent. [...]

 

Le petit Béasse

Un tribunal, Paris, août 1840.
« LE PRESIDENT – On doit dormir chez soi.
LE PETIT BEASSE – Est-ce que j’ai un chez soi ?
LE PRESIDENT – Vous vivez dans un vagabondage perpétuel.
LE PETIT BEASSE – Je travaille pour gagner ma vie.
LE PRESIDENT – Quel est votre état ?
LE PETIT BEASSE – Mon état : d’abord j’en ai trente-six au moins ; ensuite je
travaille chez personne. Il y a déjà quelques temps que je suis à mes pièces.
J’ai mes états de jour et de nuit. Ainsi par exemple le jour, je distribue des
petits imprimés gratis à tous les passants ; je cours après les diligences qui
arrivent pour porter les paquets ; je fais la roue sur l’avenue de Neuilly ; la
nuit, j’ai les spectacles ; je vais ouvrir les portières, je vends des contremarques
; je suis bien occupé.
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Epaule d’Ulysse à son retour de Troie.
Les bancs, tabourets modernes, à l’échine du vagabond.

Il s’agit de parler un peu des bancs : de ce qu’ils furent, sont, deviennent. Dans la nouvelle économie de l’espace urbain, vaste entreprise de lissage, de fonctionnalisation des lieux et de prévention des désirs, le banc est apparu comme un problème ; auquel on a, logiquement — c’est-à-dire dans la logique problème/solution, qui est la pensée de l’ingénieur —, trouvé des solutions. Le banc est une structure d’arrêt ; il contredit l’économie moderne de la place, de la rue, de la ville, qui est toute circulation. Le banc appelle au repos, à l’observation, à la palabre, à l’attente, au baiser, à la musique, au sommeil, à la méditation : or la place n’a pas ces fonctions ; la sienne est le clair et efficace dispatch des flux. [...]

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De la littérature bourgeoise et de sa mort annoncée

En mars 2007, le journal Le Monde publiait un « Manifeste pour une littérature-monde en français » signé de la plume de l’ancien militant de la Gauche Prolétarienne Michel Le Bris et d’une poignée d’écrivains de salons. Ce Manifeste, censé provoquer une « révolution copernicienne » dans le petit milieu de l’édition française, se félicitait d’un vague retour du « monde » dans la littérature et de la libération d’une langue enfin devenue « l’affaire de tous ». Il s’agissait seulement d’énoncer là, une fois toutes, la profession de foi du Festival malouin Etonnants Voyageurs, créé par le même Michel Le Bris en 1989, 20 ans après qu’il a été emprisonné pour ses fonctions à La cause du peuple.

Quand les amis des enfants veulent en remontrer à de prétendus pornographes.

Mesdames et Messieurs les prélats des Champs Libres, c’est avec la plus grande consternation que nous avons constaté l’interdiction de consulter le site Internet de l’Institut de démobilisation (http://i2d.blog-libre.net) depuis les bornes informatiques de votre Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale, au motif que son contenu relèverait de la catégorie « Pornographie ». Nous sommes impatients de comprendre.

De l’absurdité de l’ordre : « Adaptez-vous ! »

On fait aujourd’hui une vertu de la faculté d’adaptation. Souplesse, élasticité, flexibilité : telles sont les valeurs flattées et encouragées par la Gestion des Ressources Humaines. L’ordre « Adaptez-vous ! » est souvent prononcé sous sa variante plus flatteuse « Modernisez-vous ! », mais il n’y a là variation que du flatus vocis — le processus désigné, exigé, est le même. [...]
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Lettre ouverte aux annonceurs de la campagne de publicité « A ta santé ! ».

Mesdames et Messieurs les annonceurs de la campagne de publicité « A ta santé ! », vous êtes des cons. Non contents de nous interdire insidieusement, via de détestables décrets et des mesures policières qui n’ont rien à envier aux régimes que l’on sait, de consommer librement de l’alcool le soir dans les rues de Rennes, il faut encore que vous trouviez profitable de venir nous faire la morale. [...]