070303 A Saint-Denis, rester sur l'autoroute A86 en direction de Nanterre.

Autoroute

 

 

 

070844 Prendre l'autoroute A15 en direction de Cergy-Pontoise.

Autoroute Cergy-Pontoise

 

 

 

 

071522 A la station-service de Cergy-Pontoise, comme un lundi matin sur deux, je m'arrête, en sortant du travail de nuit, d'une part pour soulager ma vessie de toute cette eau minérale bue le long de la nuit, contempler ce faisant, du talus, le lever du soleil, déjà entraperçu du pont d'Argenteuil, puis aller boire un café au gobelet à la station-service.

Station-service,Cergy-Pontoise Eau minérale Café

 

 

071645 La station-service de Cergy-Pontoise est d'une crasse inouïe et ses gérants ne s'en inquiètent pas plus que cela, ils n'ont pas de concurrence proche, tous le savent ici, qui doivent s'arrêter malgré tout, les uns pour faire le plein, les autres pour faire la vidange de leur urine et pour beaucoup de prendre un café et même un petit déjeuner, debout en lisant le journal, certains même y passer la nuit dans leurs camions. Plusieurs fois il m'est arrivé de discuter un peu avec un des pompistes de la station, un type de mon âge je pense, et nous avions engagé la conversation parce que je me réjouissais toujours le soir de faire le plein quand il était de service parce qu'il passait d'excellents disques de jazz sur sa radio, lesquels étaient retransmis sur toute la piste, et comme j'allai pour payer, je me prêtai volontiers au jeu du blind test, et donc discutant avec ce pompiste, je lui avais fait plusieurs fois la remarque que son gérant laissait vraiment la station à vau-l'eau, il m'avait dit que oui il savait d'ailleurs il avait honte de travailler ici, je ne le vois plus depuis quelques temps ce que je regrette du point de vue du choix de la musique, son remplaçant se contente de mettre la radio, mais ce qui me réjouit, pensant que peut-être il a trouvé un emploi qui ne lui fasse plus honte.

Crasse Jazz Emploi Café

 

 

071723 En pissant derrière le talus, je contemple les trajectoires rectilignes des avions qui peuplent le ciel de bon matin. Enfant j'étais fasciné de tout ce que la ville et ses transports généraient de réseau et l'organisation folle qui régissait tous ces déplacements simultanés de personnes, avions, trains, camions et voitures mais aussi les bâteaux sur les mers, je comprenais avec difficulté que nulle entité humaine puisse surperviser raisonnablement cet écheveau débridé, que personne, vraiment personne n'avait la puissance intellectuelle suffisante pour calculer tout cela, même dans les grandes lignes. Il m'arrivait parfois de demander à mon père, ingénieur dans le transport aérien, quels étaient les horaires de tel ou tel vol de sa compagnie en provenance de Singapour ou de Los Angeles et de concocter un intinéraire imaginaire d'une personne se rendant en taxi depuis son domicile dans la banlieue de Los Angeles donc, à l'aéroport, attérissant à Paris CDG à 08H45, une demi-heure plus tard cette personne s'engouffrait dans le RER ou dans un taxi et arrivait à gare de Lyon à 10 heures, attendait une paire d'heures puis prenait le train en direction de Marseille en passant par Clermont-Ferrand et de descendre à Villefort, en Lozère, vers vingt heures quel trajet parcouru par cette personne! de même, j'ai un jour pris un taxi pour me rendre de l'appartement de mon ami Ollie dans le centre de Dublin à l'aéroport, pour prendre l'avion de Londres, de l'aéroport de Gatwick à Londres, j'ai pris le métro jusqu'à la gare de Waterloo où j'ai pris un train pour Portsmouth, et de Portsmouth, le lendemain, je prenais le ferry pour Le Havre et du Havre en voiture je suis descendu dans les Cévennes, en passant par Paris, arrivé au milieu de la nuit, je fus accueilli par les cigales, et je me suis dit que vraiment j'avais accompli là un drôle de périple en deux jours. Enfant j'avais raison de croire que de tels déplacements ne sont pas régis par l'homme — enfant j'osais pousser le raisonnement que la supervision de ce réseau complexe, infini, devait échoir à Dieu, lui-même, tout simplement — mais bien plutôt par ses machines à calculer, les ordinateurs, mais aujourd'hui pensant à ce qui est mis en oeuvre informatiquement pour fédérer ce désordre en mouvement, je suis pareillement pris de vertige à l'idée de la complexité de tout ceci. Et regardant les trainées de condensation d'un avion, je pense toujours que dans cet avion par quelque miracle physique, la portance etc..., des personnes se rendent d'un lieu à un autre et combien sont-ils dans cet avion à envisager ne serait-ce que la partie informatique de ce prodige, de l'ordinateur de bord de l'appareil jusqu'à l'informatique de la compagnie aérienne en question, et qui a rassemblé toutes les données de ce vol, de l'âge du commandant de bord au numéro de cartes de crédit des passagers, mais aussi qui est capable de les suivre et de les faire évoluer. Et ce sont toutes ces réflexions que je me suis tenues tout en pissant devant le soleil levant, le temps d'uriner, pour tout dire. Je suis ébahi de la quantité de mots qu'il m'a fallu pour expliquer ces pensées simples.

Labyrinthe Informatique Père Cévennes


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