Périscopages 2006 - Jochen Gerner etc. | ||
entretien Sébastien Lumineau / L.L. de Mars | ||
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S. Lumineau:
Moi ça me fait bizarre de voir des, des... Des gens qui achètent
ça, dans les festivals, ils ont leurs gamins « regarde-ça,
ça te plairait bien », parce que c’est mignon, et je
suis obligé de dire « ah oui, mais non, celle-là c’est..
», enfin, par exemple dans le « Chien dangereux », il
y a une scène, bin de cul, quoi, qui est un peu camouflée,
mais bon, elle est là quand même, elle est assez présente,
bon bin, non c’est peut-être pas destiné aux enfants,
quoi. Effectivement, c’est toujours un peu, c’est un peu difficile.
Tu es obligé de dire « ah non ! N’achetez pas ça,
c’est pas pour vous ! »... Mais peut-être qu’il
y a une intention volontaire de vouloir détruire quelque chose...
Ça, c’est... C’est fort probable.
L.L. de Mars:
Au fond, le mignon « ailleurs », déplacé, oui...
Il y a peut-être un peu de ça chez Capra. Et chez Capra c’est
aussi dévoyé ; il y a quelque chose de profondément
tragique dans son usage du mignon, des codes d’une certaine douceur,
c’est que si le final chez Capra fait toujours pleurer le
public, c’est parce que Capra comme nous-mêmes sait très
bien que ça ne finit jamais comme ça. Le mignon en question
est plutôt là pour mettre en évidence que rien n’est
mignon. Ce qui ressort chez Capra, c’est peut-être au fond
une certaine noirceur. Ces finals — finaux ? — très
roses deviennent noirs par sursaut de réalité.
S. Lumineau: ...
Mais après, moi je me pose pas la question. C’est pas volontaire.
L.L. de Mars:
C’est pas moi !
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