DE QUI SE FOUT
le monde de la musique

DE LA MUSIQUE
?

 

Alexandre Damianovitch vient de sortir un disque, chez Boxpock.com: Nativité.
Plus soucieux que les oiseaux de Boxpock de produire des bonnes choses, rares, soignées, on peut difficilement imaginer ; suffit de lire leur charte*. Ils se cassent le cul pour presser comme il faut ce drôle de disque qui présente une pièce inédite du répertoire contemporain accompagnée d'entretiens avec son auteur éclairant minutieusement la genèse de cette pièce étonnante; maintenant, il s'agit de le faire connaître le bébé. Alexandre Damianovitch se charge de contacter Le monde de musique pour qu'ils chroniquent le disque. Ils veulent pas. Pourquoi à votre avis?

damianovitch - nativité

« Contact par téléphone. J'ai demandé à parler à quelqu'un à qui on peut
envoyer un CD pour "écoute critique" au Monde de la Musique. Je ne sais pas
à qui j'ai parlé. Cette personne m'a dit qu'il faut que le CD soit distribué
car "leurs lecteurs protestent s'ils n'arrivent pas à trouver le CD à la
FNAC ..."etc. »

 

 

Alors ils font quoi, les gars de Boxpock, là? On espère qu'ils les trouvent comment les moyens de se payer un jour un diffuseur, les indépendants, si on chronique pas leurs disques, hmmm?

Une question: il vous reste quoi à chroniquer, les comiques du Monde de la Musique si vous chroniquez pas les indépendants, puisque les majors ont vraiment pas besoin de votre feuille de chou pour nous casser massivement les couilles tous les jours et partout avec leur lessive sonore? C'est de l'info-pub, Le Monde de la musique, ou de la chronique journalistique? Sinon va falloir changer l'intitulé sur la couverture, qu'on soit au courant si on s'est fait refiler par mégarde pour un journal d'information musicale le torche-cul gratuit de chez Virgin...


VOICI LA RÉPONSE DE BOXPOCK :

Hello Alexandre
Voici le 1er jet du courrier pour nos amis collabos. Comme je te le
disais au tél. dimanche, toute modification est bienvenue. Amicalement
Régïs

 


damianovitch - nativitéMadame, monsieur

Mr Alexandre Damianovitch vient de nous faire part de votre refus de chroniquer son disque "Nativité" au motif qu'il n'est pas distribué. Il EST distribué, par nos soins, via Internet, la Poste, le téléphone... Il vous suffit pour cela de joindre notre adresse à un éventuel article.

Alors, il sera disponible bien plus sûrement que n'importe quel disque quand il faut le commander, dans n'importe quelle Fnac, Virgin, ou disquaire miraculeusement resté indépendant. (*)
Si vous sous-entendez qu'il faut un distributeur intermédiaire pour que nos disques aient droit de cité dans vos colonnes, alors vous anéantissez notre travail, qui est de soutenir des artistes indépendants, de manière indépendante (c-à-d sans compromission d'ordre artistique, formatage ou autre), et ce à prix raisonnable.
Nous n'avons pas les moyens logistiques d'intéresser les réseaux habituels de distributions. La plupart de nos titres (pas "Nativité", pourtant!) sont en CD.R. Nous supposons que, par votre métier, vous connaissez les conditions imposées aux labels pour intégrer les catalogues de distributions. Elles sont de plus en plus contraignantes, types "tête de gondoles à l'hypermarché". Cela se mesure concrètement par les mètres linéaires accordés aux musiques que nous défendons. À la Fnac de Rennes, (là où nous vivons, en province...) ils ont fondus comme neige au soleil.

Les distributeurs ne gardent désormais à leurs catalogues que les titres jugés rentables, et les "nouveautés". D'où une durée de vie très courte des disques, tout le monde ayant du adopter le tempo "variété-pop-rap".
Notre travail est aussi de lutter contre cette accelération, ce tout-rentable-immédiatement.

Là où tant se desespèrent de cette situation, nous pensions recevoir plutôt de l'aide, via vos chroniques (bonnes ou mauvaises, elles font exister les artistes et notre label, vous le savez), et non pas un couperet d'ordre économico-idéologique. Du mépris ?

Nous n'interessons personne, à part nos acheteurs, fidèles, qui nous soutiennent, et quelques personnalités trop rares (Bruno Letort, à france Musiques, Noël Akchoté, et... Alexandre Damianovitch!). Nous ne tiendrons pas longtemps comme cela: "pas de savoir faire sans faire- savoir". Et nous n'aurons que faire des regrets, quand la situation sera définitivement verrouillée par nos amis des majors...

Respectueusement.

Franck Laurent et Régis Boulard.

(*) Vous pourrez trouver nos disques à l'Oeil du Silence, rue des Martyrs. Martyr, ça n'est pas notre vocation...

Commandez le Nativité de Alexandre Damianovitch à Boxpock, http://www.boxpock.com

Boxpock, un label pourquoi faire ?

«Pas de savoir-faire sans faire savoir»
J.L. Godard


C'est dans ce sens (celui de l'accompagnement des œuvres) que nous sommes producteurs : notre souci est de soutenir de nombreuses œuvres singulières et non - comme un diffuseur - de rendre nombreuses des œuvres banales. La multiplication des pains ne nous dit pas si le Christ est un bon boulanger…
Il est utile de rappeler qu'art et culture ne sont pas synonymes, et que l'absorption dans la seconde n'est pas la finalité du premier.
Faire et acquérir des disques participe de la même volonté : échapper à un modèle unique de consommation musicale, rechercher des alternatives à la décoration sonore.

Complainte d'une écrasante majorité : " je mange n'importe quoi, n'importe comment ". Cette saine indignation, l'industrie agroalimentaire s'en fout, et prospère sur un mode aussi exponentiel que sourd à toute raison gustative. Comparables aux porcs des usines du Soleil Vert qu'ils nous fournissent, nous avons cessé de manger pour nous nourrir.
Avoir la volonté de sortir de cette logique impose de prendre les choses en main : il faut faire pousser nos propres cochons et les arroser régulièrement sans nitrates.

La délocalisation systématique des majors sur la planète Saturne rend assez difficile toute complainte sur la nature merdique de leurs galettes : la proximité et l'attachement des labels indépendants à leur public comme aux artistes qu'ils défendent sont le gage de la réinscription de l'expérience musicale dans la sphère affective et privée qu'elle ne doit jamais quitter.

«La seule personne qui ait voulu établir une communication avec un milliard de personnes, c'est Goebbels»
J.L. Godard.

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