Limites II
pour Philippe De Jonckheere


En 1993, à peu près à la naissance de la revue La parole vaine, sans doute ulcéré par la vague grandissante de superstition autobiographisante (celle, aveugle à toute littérature, qui est censée rapprocher de la réalité) qui dégueulassait déjà le paysage éditorial, j'écrivis Limites, autobiographie; ce petit livre était composé d'un moment arrêté de ma bibliothèque, répertoire alphabétique de ces bataillons silencieux dont les imbéciles préfèrent s'imaginer qu'ils sont moins que la vie ou que celle-ci est ailleurs; la lecture serait un pli où se perdrait l'expérience ; ainsi, ils sont assurés de rater les deux. La seule chose qui fut écrite pour cette publication était une courte préface qui a perdu pour moi toute urgence, mais que je livre à votre circonspection.

Aujourd'hui, je décide pour le Désordre de P. De Jonckheere de poursuivre cette curieuse expérience entamée il y a 10 ans qui, si j'avais été plus tétû ou simplement plus attaché à mes propres projets, aurait dû donner naissance chaque année à un livre différent, la meilleure autobiographie qu'on puisse écrire s'il en est une qui vaille la peine d'être écrite. Le principe en est très simple: sur la page suivante (accessible en cliquant deux fois sur la photo ci-dessus) un dessin sommaire de la bibliothèque vous donne accès à autant de plongées dans celle-ci et d'illustrations (de quoi?) qu'il y a de rayonnages cliquables (quarante-quatre). Je n'ai pas poussé l'inventaire des étagères jusqu'aux bandes dessinées, ne l'ayant pas fait dans la première version de Limites (à cette époque, je pensais ne plus jamais acquérir de nouvelles bandes dessinées tant les publications étaient graduellement de plus en plus infectes et régressives). L'extrême impudeur de la promenade que je vous propose dans ma vie intime me pousse à vous inviter à la plus grande discrétion à l'égard des autorités.

L.L. de Mars, septembre 2002