Michel VACHEY — Chemins de peinture

Quand Manzoni vendait de la ligne au mètre, il vendait aussi du temps d'atelier; le chemin parcouru, c'est, principalement — pour un peintre — du temps parcouru. Nous avons tous joué, en classe, en perm', à donner des coups d'index dans des têtes de feutres, c'étaient des batailles navales ou intersidérales sur des feuilles de papier, pour PASSER le temps... Nous avons à ce moment précipité aussi le sens du mot "charge".

                     

La charge de peinture, dans cette série, est charge de cette précipitation du temps. Elle emporte avec elle l'enchaînement des lignes de FUITE, son terrain est la distance (la perte de pigment à chaque coup donné est un morceau de narration, dont l'objet est la solide et tenace solitude de l'atelier). Il n'y a pas grand-chose à dire, sans doute, de la peinture ; elle est son propre spectacle. Mais il y a beaucoup à dire de ce spectacle ; c'est celui de la confrontation de plusieurs natures de solitudes. Il n'y a pas – à mon sens – d'autre définition pour le mot "contemplation".

L.L.D.M.

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