SUJET : DEUIL NATIONAL (ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 
  2002)
----- Original Message ----- 
  From: "lldemars" 
  Sent: Sunday, April 21, 2002 7:53 PM 
  Subject: [terrier] deuil national 
  
  Pas d'autres actualisations du Terrier pendant quinze jours que notre nouvelle 
  page d'accueil.
  Même si je répugne, souvent, à associer ma pratique de l'art 
  au militantisme, je vais sans doute devoir y concéder dans les jours 
  à venir.
  Je vous embrasse tous, même ceux que la médiocrité insistante 
  et tapageuse de nos politiques ont conduit, hélas, à ne pas voter 
  aujourd'hui. Si vous voulez utiliser la liste du Terrier pour en discuter, ne 
  vous en privez pas, je ne hurlerai pas au "hors-charte", promis. Je risque, 
  en revanche, d'y être un peu muet.
  On verra bien, une fois la tristesse tombée.
  
  
  L.L.d.M.
----- Original Message ----- 
From: "Thierry Bouche"
 
Sent: Monday, April 22, 2002 9:23 AM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
hmm, faut-il s'endeuiller, ou faut-il faire front ?
-- 
 Thierry Bouche
----- Original Message ----- 
From: "Pascal Sauvaget"
 
Sent: Monday, April 22, 2002 9:26 AM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
Thierry Bouche a écrit : 
> hmm, faut-il s'endeuiller, ou faut-il faire front ?
organiser la résistance.
(laissons le mot "front" à d'autres)
Pascal Godjikian 
----- Original Message ----- 
From: "erwan.tanguy"
 
Sent: Monday, April 22, 2002 9:31 AM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
Appel à l'insurection
ne votons ni pour chirac (voleur au dessus des lois) ni pour un nazi
le combat n'est plus dans les urnes mais dans la rue !
erwan 
 ----- Original Message ----- 
From: "lldemars" 
Sent: Monday, April 22, 2002 10:17 AM 
Subject: Re: [copyleft_attitude] Re: [art] deuil national 
>>(Renvoi d'une conversation entamée sur la 
liste Copyleft) : la page d'accueil est sous copyleft (je sais, Antoine, rien 
ne l'indique -mais du crèpe noir avec un mode d'emploi ou des fleurs, j'ai 
du mal à imaginer), faites-en bon usage.  
>Les bonnes intentions ne font rien face à la réalité
 qu'appelles-tu une "intention"? À partir de quel degré d'actualisation 
  estimes-tu avoir affaire à une réalisation? Bloquer l'accès 
  par un appel au deuil aux travaux de 80 artistes et intellectuels (dont la tendance 
  politique montante signe, au fond, l'arrêt de mort), est-ce encore une 
  intention? La multiplication de cette parole de deuil dans le cadre qui nous 
  préoccupe (ce qui rend possible et viable la création artistique) 
  serait-elle, encore, gelée au niveau de l'intention?
  
  >institutionnelle, celle qui compte et qui formalise 
  nos vies. C'est sur ce terrain que nous devons agir.
  
  Le seul terrain sur lequel doive agir un artiste s'il ne veut pas se tromper 
  autant de lutte que de moyens, c'est celui de l'art.
  
  > Décidemment, la culture, active et/ou réactive, 
  est devenue un folklore dégoûtant et risible.
 pour l'heure, la véritable manifestation de folklore à laquelle 
  j'aie assisté, est la démonstration, - s'il en fallait une de 
  plus - que le seul moyen d'expression (politique, ou autre) de nos contemporains 
  est la fête; incapables de se sentir concernés par le vote, ils 
  se précipitent, face à un fantasme de révolte et de communion, 
  et sortent leurs jumbés. Je supposent que devant les premières 
  dérives d'un DPS institutionnalisé, ils organiseraient une Love 
  parade.
  
  >Maintenant, plus que jamais, nous devons être 
  sensible à la réalité des formes et donc, au formalisme 
  qui institue ces formes en rapport avec ce qui tient lieu d'institution. Tout 
  l'art est là, pas autre part et sûrement pas dans la visibilité 
  qui se voudrait exemplaire des intentions bonnes.
  
  Cette déclaration, Antoine, me semble pourtant bien tenir de la bonne 
  intention; la vraie question, maintenant, c'est qu'est-ce qu'on fait comme oeuvre? 
  Ou plus exactement: quelle orientation donner à la production contractuelle 
  (hé, oui, il va peut-être falloir orienter spécifiquement 
  le travail dans les quinze jours à venir) pour qu'elle tisse une dialectique 
  digne avec ce qui nous accable?Ça fait un an maintenant que je monte 
  pas à pas le colloque "Un artiste peut-il travailler avec l'institution? 
  Non", et que je fais des appels aux artistes pour y participer (réfutations 
  de l'intitulé comprises, bien entendu): résultat des courses à 
  ton avis? Rien, bien entendu. Ce colloque se fera, donc, comme le précédent, 
  avec les seules participations des trois
  artistes et intellectuels ayant organisé le précédent ("de 
  l'humour libéral etc."). Qu'en penser?
  P.S.: m'autorises-tu à faire rebond à ce début de discussion 
  sur la liste du Terrier?
  
  L.L.d.M.
----- Original Message ----- 
From: "lldemars"
Sent: Monday, April 22, 2002 10:38 AM 
Subject: Re: [copyleft_attitude] ce soir est un autre soir 
>Au deuxième tour, je vote pour la démocratie et donc vous connaissez 
mon choix : je vote Chirac sans l'ombre d'une hésitation.
malgré l'humiliation que j'en ressentirai, je ferai, hélas, de même. 
Comment survivre dignement, autrement, à une victoire du FN?
L.L.d.M.
----- Original Message ----- 
From: "lldemars"
Sent: Monday, April 22, 2002 10:41 AM 
Subject: Re: [copyleft_attitude] ce soir est un autre soir 
> Quelle démocratie ?Elle est ou cette démocratie que tu appelles 
de tes voeux ?Je crois qu'elle s'est réduite au choix de consommer auchan 
ou carrefour
je crois que chacun, ici, pense à peu près la même chose de 
la serpillière capitaliste qui éponge en France sous le nom de démocratie 
les trahisons continues de ce qui la fonde vraiment; cependant, l'enjeu est de 
ménager ensemble l'espace qui nous rend encore ce type de discussion possible 
sans vivre dans la peur.
L.L.d.M. 
----- Original Message ----- 
From: "lldemars"  
Sent: Monday, April 22, 2002 10:50 AM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
>Tu vas inonder Rennes d'affiches "Chirac" décoiffantes 
? En tout cas, rendez-vous le 1er mai quelque part dans la rue, hein !
Je ne sais pas encore quelle forme donner à l'action spécifique, 
à une réponse contractuelle à notre problème du jour; 
mais, sans doute, cela s'impose-t-il.
Une chose, à mon avis, est évidente au point que se soit imposée 
à moi la nouvelle page d'accueil du Terrier : c'est le fond même 
de notre rapport à la production et les valeurs esthétiques (donc 
éthiques) qui alimentent ce rapport qui sont mis en danger par ce que nous 
dit l'état mental de la France; tout ce qu'il y a d'assez précieux 
dans la confuse communauté humaine pour rendre possible le seul désir 
de la contredire, d'en contredire, par exemple, le fantasme d'unité, ne 
peut tout simplement pas voir le jour dans une organisation politique dont le 
principal objectif est précisément d'unifier la parole publique, 
de la consubstantialiser à celle de la nation. Le Terrier est, caractéristiquement, 
la communauté impossible et disparate de gens qui ont LE TEMPS de penser; 
c'est-à dire le temps de faire autre chose que de se cacher ou de militer.
>Euh... dans tes effusions, tu oublies tous ceux qui 
ont voté pour autre chose que Jospin, à égale responsabilité 
dans ce qui arrive aujourd'hui non? Fallait l'interdire ?
je ne crois pas que ce soit juste de dire ça: s'offraient à moi 
(j'en parlais en ces termes avec ma conjointe avant d'aller voter), trois types 
de vote:
- le vote affectif (ma petite histoire rouge si vous voulez) pour une personne 
dont, pourtant, je n'acquiesce sur pratiquement aucun point de programme: Laguiller 
(qui confond les termes d'humains avec ceux de travailleurs).
- Le vote éthique pour un programme à l'image de ce que je suppose 
de mieux pour notre pays (dans mon cas Mamère, bien que je ne puisse en 
aucun cas
acquiescer aux propositions référendaires qu'il défend, et 
qui sont pour moi la marque d'un terrible bond en arrière de la conception 
démocrate de la
parole publique)
- Le vote panique (qui fut le mien): Jospin, pour éviter à tout 
prix un deuxième tour Chirac Lepen.
Le premier est probablement à fuir, infantile; le deuxième, en revanche, 
tient compte de ce qu'il y a d'irréductible à la simple rationnalisation 
systémique, et qui est la singularité même du sujet, d'une 
des voies par lesquelles ce sujet s'exprime POUR LUI-MÊME. Et ça 
me semble fondamental, défendable. De plus, il doit, je pense, nous sembler 
lisible, évident, que ce morcellement des votes de gauche est le produit 
des palinodies incessantes d'un homme qui n'a cessé de trahir les raisons 
qui l'ont élu à son poste, à savoir le vote pour un programme 
de gauche. Je ne veux même pas entamer une discussion avec les doux rêveurs 
qui répètent comme un mantra que le clivage droite-gauche est dépassé, 
inexistant etc. Il faut bien faire la part de ce que ce clivage signifie, et de 
son effectuation dans un cadre gourvermental qui, quelle qu'elle soit, ne réduit 
en rien son SENS. Ce ne sont pas "les gens", ce fantôme groupal, qui ont 
divisé la gauche, mais bien ceux qui ont détourné les votes 
vers des actions qui contredisaient la motivation de ces votes c'est-à 
dire le gouvernement Jospin.
L.L.d.M.
----- Original Message ----- 
From: "lldemars" 
Sent: Monday, April 22, 2002 10:54 AM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
> hmm, faut-il s'endeuiller, ou faut-il faire front ?
les deux mon capitaine; il faut donner une forme juste, adéquate, à 
notre action, et trouver un espace dialectique dans lequel faire valoir cette 
certitude: on ne quitte pas le champ de l'art, comme je lis ailleurs, pour passer 
aux choses sérieuses. C'est l'art, les choses sérieuses, et le reste 
qui est futile. Il n'est pas question de dire "bon, tout ce qu'on dit toute l'année 
sur la vitalité, l'essentialité, le pouvoir des oeuvres d'art, c'estvrai, 
c'est drôlement bien, mais maintenant il faudrait peut-être faireautre 
chose". Non: faisons en sorte que se vérifie maintenant l'essentialitéévoquée 
toute l'année.
L.L.d.M. 
----- Original Message ----- 
From: "lldemars" 
Sent: Monday, April 22, 2002 10:55 AM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
> organiser la résistance.(laissons le mot "front" à d'autres)
il se trouve que le mot front (et même national) appartient à la 
résistance et a été usurpé par les à-peine-crypto 
nazis. Doit-on le leur abandonner? Pas sûr. 
L.L.d.M. 
----- Original Message ----- 
From: "lldemars"  
Sent: Monday, April 22, 2002 11:07 AM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
> Appel à l'insurection ne votons ni pour chirac (voleur au dessus des 
lois) ni pour un nazi
c'est un appel au suicide; allons voter, la mort dans l'âme, non pas pour 
celui que nous savons tous être un maffieux, un escroc, et probablement 
un assassin (avec Pons, de Tjibaou), mais pour signifier ceci aux électeurs 
de Lepen: ils ne sont pas représentatifs du tout de l'état mental 
de la France, ils ne sont qu'une poignée de crapules que nos votes doivent 
ridiculiser. J'irai voter Chirac, évidemment, comme me le suggère 
Caroline, avec des gants Mappa. Mais je doute qu'il fasse le malin après 
son élection : son discours d'hier faisait l'aveu de la bien faible proportion 
du soutien de son programme en regard de la nécessité de défendre 
quelques idéaux humanistes dans l'appel au vote: il renonçait publiquement 
à sa couleur politique, à la défense deson parti, devant 
un enjeu qu'il avouait plus important.Et son élection nous permettra tout 
simplement de continuer les autresluttes, toutes celles entamées pendant 
le précédent gouvernement. Luttesrendues impossibles dans un pays 
nazi.
>le combat n'est plus dans les urnes mais dans la rue 
!
Contre qui? Darth Vador? Lyncher tes voisins parce que ton autre voisine t'as 
dit qu'ils étaient d'extrême-droite? Tu veux sortir tes jumbés 
et faire la révolution avec les potes drôlement cools qu'on pas été 
voté hier? Un peu de sérieux Erwan....
L.L.D.M. 
----- Original Message ----- 
From: "erwan.tanguy"  
Sent: Monday, April 22, 2002 12:08 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
Quel suicide !?! D'abord j'ai été voté ce dimanche comme 
beaucoup mais je crois que si notre système permet à ceux qui le 
combattent d'en arriver là, c'est qu'il n'est pas bon - il serait peut-être 
temps d'en changer de plus il ne faut pas mélanger république et 
démocratie - pour moi ce n'est pas la même chose
j'irais voter au second tour - ni pour l'un ni pour l'autre le suicide c'est de 
voter Chirac, lui donner comme l'annonce les sondages 70 à 80 % de vote, 
majorité plus qu'absolue, plein pouvoir dans les mains d'un bandit 
E.T
----- Original Message ----- 
  From: "Jean-Christophe Masson"  
  Sent: Monday, April 22, 2002 2:39 PM 
  Subject: Re: [terrier] deuil national 
  
  > le suicide c'est de voter Chirac, lui donner comme l'annonce les sondages 
  70 à 80 % de vote, majorité plus qu'absolue, plein pouvoir dans 
  les mains d'un bandit
  
  Et bien suicide-toi plus rapidement en ne votant pas (c'est à dire en 
  servant Le Pen). Le but n'est pas que Chirac est 80% mais que Le Pen est moins 
  de 5 %
J.C.M.
----- Original Message ----- 
From: "Julien Pauthe"  
Sent: Monday, April 22, 2002 12:41 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
> c'est un appel au suicide; allons voter, la mort dans l'âme, non pas 
pour celui que nous savons tous être un maffieux, un escroc, et probablement 
un assassin (avec Pons, de Tjibaou), mais pour signifier ceci aux électeurs 
deLepen: ils ne sont pas représentatifs du tout de l'état mental 
de la France,ils ne sont qu'une poignée de crapules que nos votes doivent 
ridiculiser.J'irai voter Chirac, évidemment, comme me le suggère 
Caroline, avec desgants Mappa.
"FN, souffrance,
encore un jour en France."
ND
J'aurais voté Besançenot, qui appelle à voter Chirac, contrairement 
à l'autre conne de Laguiller (déjà contre la taxe Tobin, 
la libéralisation du shit, et j'en passe). Donc pour moi : je voterai pour 
la grande andouille au second tour, la mort dans l'âme, mais pour montrer 
aux fascistes qu'ils sont minoritaires. Puis rendez-vous aux législatives, 
qui suivent immédiatement, pour relever quelque chose à gauche.
Julien
PS : les appels à la lutte dans la rue plutôt qu'au vote ne font 
que le jeu des fascistes en confortant leur imaginaire obsidional d'une France 
en guerre civile. Oui aux manifestations, non à la violence et aux outils 
de nos adversaires. (Nous n'en sommes pas à une victoire fasciste, improbable, 
qui elle justifierait sans doute la sortie des armes.)
"Marianne me disait qu'elle est plus jolie métissée,
Ici Paris."
ND
----- Original Message ----- 
From: "Julien Pauthe"  
Sent: Monday, April 22, 2002 12:45 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
> j'irais voter au second tour - ni pour l'un ni pour l'autrele suicide c'est 
de voter Chirac, lui donner comme l'annonce les sondages 70à 80 % de vote, 
majorité plus qu'absolue, plein pouvoir dans les mains d'un bandit
Je comprends -et partage- ton dégoût, mais 80 % au second tour n'augurent 
en rien des résultats des législatives qui viennent : tant que la 
droite parlementaire ne fait pas alliance avec le FN, la gauche est majoritaire 
(43,8 % en additionnant généreusement, peut-être trop ? mais 
un sursaus est possible et nécessaire).
Lutte démocratique, oui. Démagogie du Grand-Soir, non.
Julien
----- Original Message ----- 
From: "Julien Pauthe"  
Sent: Monday, April 22, 2002 12:57 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
> Et bien suicide-toi plus rapidement en ne votant pas 
(c'est à dire en servant Le Pen). Le but n'est pas que Chirac est 80% mais 
que Le Pen est moins de 5 %
Exactement : le premier enjeu est d'envoyer une claque démocratique à 
cette vieille ordure. Ensuite les luttes continuent, par les législatives, 
d'une part, en prenant pleinement nos places dans la démocratie à 
laquelle nous tenons : les syndicats, associations, partis, groupes de réflexion, 
etc. ont besoin d'un afflux qui revitalise une vie publique qu'il n'est pas question 
d'abandonner aux chiens. Ne vous suicidez pas : faites sentir votre présence 
dans le tissu social et politique, par l'engagement ou par l'art, par des positions 
claires et pluralistes redonnant sa place au discours. Ouverture de la parole, 
manifestations : le peuple de gauche doit se montrer et rattraper ce qui peut 
l'être. Ne serait-ce que pour l'honneur.
Julien
----- Original Message ----- 
From: "lldemars"
To: <aguichardon@wanadoo.fr
Sent: Monday, April 22, 2002 1:01 PM 
Subject: Re: [copyleft_attitude] ce soir est un autre soir 
> Je n'ai pas spécialement peur en fait, j'espere un sursaut face à 
cette alarme
je serais plus fataliste, depuis toujours dans l'angoisse du pire, question de 
conception du monde, je suppose... va savoir!
> Une prise de conscience, une analyse en profondeur 
qui dégage les racines de ce mal qui pourrait entrainer le pire Et puis 
qu'on en tire les conclusions qui s'imposent pour redresser la démocratie 
en péril, même si la tache parait insurmontable au vue de l'échelle 
du probleme
hmmm. Que dire? Pour l'instant, c'est l'espace même qui nous permet de dire 
quelque chose qui me parait menacé et, comme tu l'as compris, c'est ça 
qui m'épouvante. Maintenant je remarque ceci: les journalistes, analystes, 
ne veulent pas entendre qu'il y a un enracinement d'idéaux factieux et 
racistes chez nos contemporains, et chantent encore aujourd"hui la chanson du 
vote protestaire, parce que la vérité, sans doute, ne cadre pas 
avec la grille de lecture qu'ils font quotidiennement du groupe.
La tâche est peut-être plus insurmontable encore que nous ne l'imagineons 
et, oui, je suis apeuré. Je sais que, quoiqu'il advienne, une immense violence, 
déferlante, de foule, nous attend au coin de ce vote. Je sais pourtant 
aussi que la raison, seule, nous garantit des passions, mais je pense alors à 
cette vieille blague:"Vas-y, tu peux te baigner, il n'y a que des petits peaux-bleues, 
des requins parfaitement inoffensifs qui ne s'attaquent jamais à l'homme.- 
Oui, moi je le sais; mais eux, est-ce qu'ils le savent?"
amicalement,
L.L.d.M. 
----- Original Message ----- 
From: "lldemars"
  Sent: Monday, April 22, 2002 1:11 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
> Ouverture de la parole, manifestations : le peuple de gauche doit se montrer 
et rattraper ce qui peut l'être. Ne serait-ce que pour l'honneur.
nous ne devons moins que jamais, effectivement, acquiescer au fantasme combatif 
qu'inclut la conception du monde des nazis et faire usage jusqu'à la dernière 
minute de notre aptitude dialectique, analytique, rationnelle. À un listier 
d'une autre liste qui se questionne légitimement sur la nature démocratique 
de l'espace politique qui structure les gouvernements consécutifs, je répondais 
ceci:
"je crois que chacun, ici, pense à peu près la même chose 
de la serpillière capitaliste qui éponge en France sous le nom de 
démocratie les trahisons continues de ce qui la fonde vraiment; cependant, 
l'enjeu est de ménager ensemble l'espace qui nous rend encore ce type de 
discussion possible sans vivre dans la peur." 
Julien parle d'honneur, je préfère le mot un peu moins militaire 
(mais un peu plus religieux sans doute) de dignité, et c'est bien ça 
qu'il s'agit de sauver dans quinze jours.
L.L.d.M. 
----- Original Message ----- 
From: "erwan.tanguy"
  Sent: Monday, April 22, 2002 1:59 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
>Le but n'est pas que Chirac est 80% mais que Le Pen 
est moins de 5 %
Je suis d'accord - de toute façon j'irais voter mais je crois que c'est 
la meilleure chose qui pouvait nous arriver que la gauche se pose enfin les bonnes 
questions non ? 
E.T.
----- Original Message ----- 
From: "erwan.tanguy"
Sent: Monday, April 22, 2002 2:02 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
si notre système démocratique prenait en compte les votes blancs 
il y aurait
pour beaucoup une meilleure façon de marquer son désavoeu
je sais on ne parle du vote blanc que quelques jours avant les élections
rendant ainsi impossible tout débat véritable sur ce point
E.T.
----- Original Message ----- 
From: "rupture"  
Sent: Monday, April 22, 2002 5:02 PM 
Subject: [terrier] Deuil trans-national 
Les italiens et les autrichiens n'ont peut-être pas eu l'opportunité 
qui nous est offerte d'afficher publiquement notre mépris politique pour 
la vision haineuse du monde que l'on sait. Effectivement, il ne faut pas oublier 
que les législatives seront possiblement le lieu d'une nouvelle victoire 
FN. Auquel cas nous devons dès aujourd'hui adresser un message clair à 
l'ensemble de la classe politique quant au refus absolu d'une alliance avec la 
peur. Car ce sont bien les alliances de ce type qui ont flingué les deux 
pays sus-cités, et d'autres pays en leur temps. De plus, il est de notre 
responsabilité vis à vis de la communauté immigrée 
de les rassurer sur l'état d'une france que nous souhaitions plus hospitalière. 
Car ces salauds lepénistes, nos semblables, ont reçu hier un message 
on ne peut plus clair, "votre haine est légitime". Pour les renvoyer à 
leur honte, une seule solution.
Pour ma part, j'assume les responsabilités d'une erreur de vote (Mamère). 
Avoir pris les présidentielles pour des législatives n'était 
pas d'une grande pertinence. Bien que j'eus senti le coup venir, je ne voulais 
pas y croire. Même si je garde le sentiment d'une nécessaire contestation 
au sein de la gauche, il est temps de calmer nos dissentions pour deux petites 
semaines et, alors qu'il nous semblait que le sens du vote perdait de sa substance, 
nous pouvons aujourd'hui investir ce vote de notre attachement profond à 
la démocratie, une opportunité qu'il serait irresponsable de ne 
pas saisir.
Pour une déculottée, ellle aussi historique, du FN au second tour.
----- Original Message ----- 
  From: "FiLH"
  Sent: Monday, April 22, 2002 5:02 PM 
  Subject: Re: [terrier] deuil national 
  
  >Et bien suicide-toi plus rapidement en ne votant pas 
  (c'est à dire en servant Le Pen). Le but n'est pas que Chirac est 80% 
  mais que Le Pen est moins de 5 % 
J'ai bien peur ici de retrouver le discours pragmatique qui nous a mené 
  là où nous en sommes.
  C'est pour des raisons de soit-disant non suicide éconnomique que les 
  socialistes ont gouvernésà droite pendant 5 ans, ménageant 
  le patronat et entubant les autres à qui mieux mieux.
  Je crois me souvenir que par exemple le seul geste marquant de la Tasca est 
  de nous faire payerà nous les petits artistes de royalities indus qui 
  partent dans les poches de Messier.
  Je ne parlerais pas des 35h où le gouvernement s'est une fois de plus 
  déculotté par pragmatismeéconnomique.
  Cela fait maintenant 10 ans environ que je vote «contre». 10 ans 
  que je n'ai pas mis un bulletin dans l'urne sans avoir l'impression de tendre 
  mes fesses. Oui, voter socialiste parce que c'est le grand parti de gauche qui 
  défend nos intérêts ?
  Et aujourd'hui voter Chirac. Et demain voter LePen contre Maigret ?
  La politique du moins pire nous a mené tout droit au choix que nous avons 
  devant nous, et je lis des appels à continuer cette politique ?
  Le c'est pire ailleurs, la pillule qui voudrait tout nous faire avaler; et d'abord 
  de nous y ammener vers ce pire ! Que va nous dire Chirac ensuite ? Il va nous 
  faire le coup du «je vous ai compris», et va s'en donner à 
  coeur joie dans la direction qui lui plait temps et que le vote LePen va encourager.
  Chirac démocrate ? Laissez moi rire. Chirac se contre fout de la démocratie. 
  Il est au pouvoir c'est la seule chose qui importe.
  
  f.g.
----- Original Message ----- 
  From: "rupture" 
  Sent: Monday, April 22, 2002 7:55 PM 
  Subject: Re: [terrier] deuil national 
  
  
  > Que va nous dire Chirac ensuite ? Il va nous faire 
  le coup du «je vous ai compris», et va s'en donner à coeur 
  joie dans la direction qui lui plait temps et que le vote LePen va encourager. 
  Chirac démocrate ? Laissez moi rire. Chirac se contre fout de la démocratie. 
  Il est au pouvoir c'est la seule chose qui importe.
 D'où l'utilité des législatives, les contre-pouvoir et 
  le parlement. Peut importe que chirac fasse un gros scrore vis-à-vis 
  du FN si les législatives sont le lieu d'une nouvelle contestation (le 
  conflit comme nécessité vitale pour toute démocratie). 
  Il sera alors obligé d'en tenir compte. Donc, même là, l'appel 
  au non vote ne tient pas.
  
----- Original Message ----- 
From: "Benoît Delaune"  
Sent: Monday, April 22, 2002 8:28 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
Je ne peux qu'aquiescer à ce que tu dis, Frédéric. Même 
si j'ai voté LCR plutôt que blanc et que je ne suis pas tout à 
fait d'accord avec le principe du vote blanc ou du non-vote au 1er tour. Je ne 
regrette absolument pas mon vote.
Je crois qu'il y a un délire affolant depuis hier soir, le PS essayant 
de pointer le doigt sur des pseudos-coupables pour ne pas avoir à justifier 
sa politique suicidaire. On se contente là de crucifier qqs larrons. Ces 
connards de socialistes mollasses (pardon pour ces insultes, mais je n'ai pas 
d'aurte vocable à la bouche) feraient mieux de recommencer derechef leur 
"devoir d'inventaire".
A bas les leçons de morale !
Moi je pars dans la rue de ce pas participer à la manif (j'espère 
qu'il y en a une sinon j'aurai l'air con tout seul devant le Parlement) et n'éprouve 
aucun besoin de justifier mon vote ou de larmoyer.
"De qui dépend que l'oppression demeure ? De nous !
De qui dépend qu'elle soit brisée ? De nous !" --- Fraction Armée 
Rouge (bon, je sais, c'est facile et plus que caricatural, mais pas plus que certaines 
énormités que j'entends partout depuis hier soir)
----- Original Message ----- 
From: "Francois Coquet"
Sent: Monday, April 22, 2002 9:19 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
moi :
>Euh... dans tes effusions, tu oublies tous ceux qui ont voté pour autre 
chose que Jospin, à égale responsabilité dans ce qui arrive 
aujourd'hui non? Fallait l'interdire ?
lldm :
>je ne crois pas que ce soit juste de dire ça: s'offraient à 
moi (j'enparlais en ces termes avec ma conjointe avant d'aller voter), trois types 
de vote
etc...
Je maintiens : il y avait aussi la possibilité de ne pas voter, je l'ai 
choisie, et je l'assume. Avant d'en donner les raisons, je répète 
qu'arithmétiquement, le non-vote et les votes autres que pour Jospin ont 
contribué mécaniquement de la même façon à la 
situation à laquelle nous devons faire face aujourd'hui.
Si, donc, je ne suis pas allé voter dimanche, et si je ne le regrette pas 
aujourd'hui, c'est pour plusieurs raisons de fond.
Celle qui me semble le plus d'actualité, à défaut d'être 
celle qui me vient le plus spontanément à l'esprit en général, 
c'est que j'ai beaucoup de réticences sur un système qui contient 
la possibilité d'une victoire "légale" du fascisme : en d'autres 
termes, si on parle de "résistance" aujourd'hui, c'est bien qu'on est prêt 
à renier la démocratie comme paradigme -et occuper immédiatement 
les préfectures, casernes et commissariats en cas de victoire de Le Pen-, 
non ? Ben moi, j'en suis là depuis un bail : je suis plus fédéraliste 
(au sens proudhonien du terme) que démocrate, parce que (notamment) je 
refuse de laisser une majorité imposer sa dictature à une minorité, 
en particulier quand il s'agit d'une dictature de type lepéniste...
Autre raison, que j'évoque plus souvent en temps ordinaires, c'est que 
je suis allergique au scrutin de délégation de pouvoir sans contrôle, 
autrement dit aux chèques en blanc. Il me semble irresponsable de mettre 
au pouvoir pour des quinquennats ou septennats des types qui ensuite auront les 
mains libres pour faire ce qu'ils veulent en notre nom, à commencer par 
renier leurs promesses électorales. Si je ne m'abuse, ce type de constat 
explique assez bien le discrédit général de la classe politique. 
Et je pense, après Diderot et bien d'autres, que c'est dans le principe 
du pouvoir que git le problème. Il ne s'agit donc pas, pour moi, de choisir 
qui gouvernera "le mieux" -vieille utopie platonicienne- en mon nom, mais d'avoir 
des outils permettant de définir en amont ce qu'on veut faire, et de contrôler 
en aval si c'est fait. Bref, d'élaborer des mandats, et de les confier 
à des mandatés, au lieu de s'en remettre à des élus.
Un by-product particulièrement détestable de la délégation 
de pouvoir est qu'elle habitue les gens à s'en remettre aux politiciens 
de métier pour régler leurs problèmes (quitte à les 
contester ensuite) au lieu de prendre quotidiennement leurs affaires en mains, 
et ce dans tous les domaines. Le fait qu'on parle aujourd'hui et aujourd'hui seulement 
d'organiser la résistance, alors que la mise sous le boisseau, voire la 
criminalisation du mouvement social, la casse des services publics, la précarisation 
galopante des emplois (pour ne parler que de ça, voir d'autres exemples 
dans les messages de Filh, Benoît Delaune ou dans sa tête) sont bel 
et bien engagées depuis plusieurs années (et pas seulement depuis 
le mort de Gênes) me semble symptomatique : idem la désertion des 
syndicats, le mouvement associatif souvent réduit à son infrastructure, 
etc... Il n'y a pas que le fait électoral à mettre en cause dans 
ce processus de démission (on pourrait aussi parler des media, du "maillon 
faible" que je considère comme encore bien plus scandaleux que "loft story", 
etc...), mais le fait électoral y participe.
Et je ne cite que pour mémoire le chantage à donner notre voix pour 
"faire barrage à la droite", qui nous traine de cocufiage en cocufiage 
depuis 20 ans (en ce qui me concerne, la première fois, c'était 
en 81. J'ai voté pour un homme promettant le service national à 
6 mois, et un parti qui, dans l'opposition, avait fait voter au parlement européen 
une résolution contre la discrimination des objecteurs de conscience. J'ai 
fait deux ans de service d'OC, et c'était dans le temps où le gouvernement 
coulait le Rainbow-Warrior -une mort d'homme. La première fois a aussi 
été la dernière)
Voilà, entre autres, pourquoi dans une situation de démocratie parlementaire, 
ce que je trouve de plus cohérent à faire est de boycotter les urnes 
et de m'investir dans le mouvement social là où je me trouve -et 
où il existe-, dans une vie parallèle à ma vie d'ami des 
artistes. Qu'une des conséquences soit que j'ai contribué à 
mettre Jospin au rencart, ça ne m'émeut que modérément.
Maintenant, je ne suis pas encore fixé sur ce que je ferai le 5 mai (la 
situation est sensiblement différente). Mais je sais que l'extrême-droite 
représente un bon concentré de tout ce que je rejette, et un péril 
immédiat pour ma simple liberté à faire ce que je fais en 
ce moment -la mienne, et celle de bien d'autres : je raterai donc aussi peu de 
manifs que possible (il y avait 5 à 6000 personnes cet après-midi 
à Rennes), et surtout pas celle du premier mai, jour symbolique récupéré 
par Le Pen depuis des lustres sans que j'y aie vu beaucoup de "résistance" 
(et je n'ai pas raté beaucoup de 1er mai depuis 20 ans...). Mais en tout 
cas, il ne faudra pas compter sur moi pour donner aux législatives une 
voix repentente au PS qui, dans ma circonscription rurale, prépare "Cap-Malo", 
méga projet de fun-shopping, dont le principe avoué est de claquer 
du fric en voiture et en famille dans un lieu clos -et gardé par des vigiles- 
toute la sainte journée entre bowling, vitrines de marques, mac do et joyeusetés 
à l'avenant -mais avec des pancartes en bois, faut être près 
de la nature (*).
En revanche, pour ce qui est de "continuer les autres luttes, toutes celles entamées 
pendant le précédent gouvernement", j'en serai. J'en suis depuis 
un certain temps, d'ailleurs.
François
(*) pour les rennais intéressés : Particules, très intéressante 
brochure de contre-information locale, fait le point sur cette affaire dans sa 
dernière livraison. Pour 1 euro 50, c'est comme donné.
----- Original Message ----- 
From: "Eric Loillieux"  
Sent: Monday, April 22, 2002 10:26 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
> Pas d'autres actualisations du Terrier pendant quinze 
jours que notre nouvelle page d'accueil.
A part le fait de la réaction épidermique j'avoue que je ne m'explique 
pas bien le sens de cette fermeture du Terrier...
Eric L.
--
Original Message ----- 
  From: "lldemars"
  Sent: Tuesday, April 23, 2002 12:45 AM 
  Subject: Re: [terrier] deuil national 
  
  > A part le fait de la réaction épidermique 
  j'avoue que je ne m'explique pas bien le sens de cette fermeture du Terrier...
 Le Terrier est le rassemblement joyeux et hasardeux d'artistes qui ont tout 
  leur temps pour exercer pleinement leur art et d'un maître d'oeuvre qui 
  peut leur donner toute son énergie grâce à sa liberté 
  d'action, de parole, et aussi à son RMI. En cas de victoire du fascisme, 
  nous serons tous bien trop occupés à chercher un endroit où 
  on ne brûle pas les synagogues, à éviter les coups, à 
  chercher d'autres moyens de susbsistance, ou encore à batailler physiquement, 
  pour faire des oeuvres d'art, ce que, pourtant, nous faisons le mieux; cette 
  page d'accueil serait sans aucun doute définitive. Je continue à 
  travailler pour le Terrier pendant ces quinze jours, rassures-toi, il y aura 
  sûrement des tas de nouveautés...
----- Original Message ----- 
From: "Benoît Delaune"
Sent: Monday, April 22, 2002 11:01 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
>> (lldm) Non: faisons en sorte que se vérifie maintenant l'essentialité 
évoquée toute l'année.
>E Loillieux : D'où ma rengaine: quel sens donne tu au blocage de l'accès 
au Terrier?
J'appuie fortement la demande d'Eric
Benoît
----- Original Message ----- 
From: "lldemars"  
Sent: Monday, April 22, 2002 11:48 PM 
Subject: Re: [terrier] Deuil trans-national 
> De plus, il est de notre responsabilité vis 
à vis de la communauté immigrée de les rassurer sur l'état 
d'une france que nous >souhaitions plus hospitalière.
cette seule raison devrait suffire à nous convaincre de ce vote désespérant 
mais ayant un poids bien supérieur à l'inévitable réélection 
d'une crapule qu'il entraîne : personnellement, je ne peux imaginer qu'une 
terrible peur suscitée chez tous les immigés en ce moment même, 
et un vote massif contre Lepen est à leur égard un véritable 
message de soutien et d'hospitalité.
> il est temps de calmer nos dissentions pour deux petites 
semaines et
il est temps de les calmer pour signifier aussi ce point important : le monde 
cellularisé et violent qui est le système de représentation 
dont se dote le Front National n'est pas le nôtre; un vote massif contre 
Lepen signifie que le tissu collectif et la garantie de sa viabilité ont 
des impératifs bien supérieurs à la simple question de l'opinion 
et que c'est une question de définition même de l'homme et de sa 
communauté qui se joue dans ce vote. Ce n'est pas mon "opinion" qui me 
guide vers les urnes mais ma raison, indissociable de ma Weltangschauung, et peu 
importe en regard mon opinion.
L.L.d.M.
----- Original Message ----- 
From: "lldemars" 
Sent: Monday, April 22, 2002 11:56 PM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
> J'ai bien peur ici de retrouver le discours pragmatique 
qui nous a mené là où nous en sommes.
ce n'est pas un discours pragmatique, arithmétique, mais moral : il s'agit 
de renvoyer à la fois à Lepen et aux immigrés qu'il terrorise 
un signe clair, intelligible, de définition anthropologique.
> C'est pour des raisons de soit-disant non suicide éconnomique 
que les socialistes ont gouvernés à droite pendant 5 ans, ménageant 
le patronat et entubant les autres à qui mieux mieux.
Oui. Ils mentaient. Qui l'ignore ici? Et alors? Quel est le rapport que tu établis?
> Et aujourd'hui voter Chirac. Et demain voter LePen 
contre Maigret ?
Occupe-toi d'aujourd'hui Frédéric, tu auras tout le loisir de vaticiner 
si Lepen n'est pas élu.
> La politique du moins pire nous a mené tout 
droit au choix que nous avons devant nous, et je lis des appels à continuer 
cette politique ?
Lorsque tu parles de politique du moins pire, je crains que tu ne saisisses pas 
de quoi il s'agit aujourd'hui: il ne s'agit pas de mettre en parallèle 
Chirac et Lepen, mais justement d'exprimer la certitude qu'il ne peuvent absolument 
pas être mis en parallèle (ce que nous pourrions faire entre Lepen 
et Maigret, par exemple)
> Que va nous dire Chirac ensuite ?
Quoiqu'il dise, nous aurons de l'espace pour lui répondre. S'il n'est pas 
élu, nous n'aurons aucun espace pour répondre à Lepen. Pourquoi? 
Parce que la démocratie, que tous les démocrates habitant ce pays 
tiennent vivantemême si aucun gouvernement ne parvient à l'installer 
réellement, survivra àla réélection de Chirac.
L.L.d.M.
----- Original Message ----- 
  From: "lldemars" 
  Sent: Tuesday, April 23, 2002 12:39 AM 
  Subject: Re: [terrier] deuil national 
  
  > Avant d'en donner les raisons, je répète 
  qu'arithmétiquement, le non-vote et les votes autres que pour Jospin 
  ont contribué mécaniquement de la même façon à 
  la situation à laquelle nous devons faire face aujourd'hui.
  
  Mais le problème, je le répète, n'est pas arithmétique; 
  les motivations qui ont conduit à voter pour d'autres que Jospin sont 
  à chercher dans le gouvernement même de Jospin; celles qui ont 
  conduit à ne pas voter sont à chercher dans le renoncement - irresponsable 
  à mon avis - de ceux qui se sont abstenus. C'est une question de substance, 
  de "nature" de ces votes si tu préfères, et elle n'est pas indifférente.
  
  > le plus spontanément à l'esprit en 
  général, c'est que j'ai beaucoup de réticences sur un système 
  qui contient la possibilité d'une victoire"légale" du fascisme 
  :
 Résumons: tous les gouvernements contiennent la possibilité 
  d'une victoire illégale du fascisme, sur ce point, nous sommes nécessairement 
  d'accord. Età ton avis, quels sont les gouvernements où est impensable 
  une victoire légale du fascisme? Les gouvernements déjà 
  fascistes.
  
  > je suis plus fédéraliste (au sens proudhonien 
  du terme) que démocrate, parce que (notamment) je refuse de laisser une 
  majorité imposer sa dictature à une minorité, en particulier 
  quand il s'agit d'une dictature de type lepéniste...
 C'est une question de biotope; celui-ci, même si je m'y débat, 
  me laisse la possibilité de l'avoir pour objet. Comme tout organisme 
  vivant chevillé aux déterminismes de son biotope, un homme doit 
  à son biotope politique un partie de sa forme, de sa réalisation, 
  et les faveurs comme les agressions de ce biotope concourent également 
  à cette réalisation ; dans un cadre naturel, un brusque changement 
  de celui-ci n'a que deux conséquences: la migration, ou la mort. Mais 
  comme un biotope politique n'est qu'une partie des structures modélisantes 
  du sujet et de sa condition, un grand nombre de voies s'offrent à lui 
  pour le modéliser à son tour. La critique, la pratique de l'art, 
  sont des moyens qui dialectisent considérablement ce jeu des servitudes. 
  Dans le cas d'un fascisme, la sphère politique est strictement superposée 
  à toutes les autres parce que le fascisme est une mythologie politique, 
  et qu'il mythologise, aussi, tout ce qu'il asservit. C'est une mythologie de 
  la nature, mécaniste, originelle, qui radicalise les liens du groupe 
  et de celui qui, désormais, lui appartient. Toute action rationnelle 
  est soluble dans le fascisme.
  
  >Bref, d'élaborer des mandats, et de les confier 
  à des mandatés, au lieu de s'en remettre à des élus.
  
  Ce n'est, pour l'instant, pas à l'intérieur de ce système 
  (défendable, oui) que nous pouvons agir. Alors quoi? Bon, ayant lu attentivement 
  tout ce que tu dis ensuite, que puis-je faire à part opiner du chef? 
  Oui, tout ça est très vrai, je crois que nous lisons à 
  peu près les mêmes journaux, apparemment, et que l'amour des machines 
  qui font ping et des boîtes à meuh n'est pas notre seul terrain 
  d'entente; mais si je te suis sur toute laligne, je tique ensuite là-dessus, 
  tu pouvais t'en douter :
  
  > Mais en tout cas, il ne faudra pas compter sur moi 
  pour donner aux législatives une voix repentente au PS qui, dans ma circonscription 
  rurale, prépare "Cap-Malo", mégaprojet de fun-shopping, car là-aussi, 
  le problème de la disponibilité d'un terrain de lutte se posera: 
  
ce projet que tu réprouves ne pourra être contesté (et 
  pourquoi pas sabordé) que dans un cadre démocratique; dans le 
  cas d'une même panade aux législatives, un envahissement de députations 
  FN serait une catastrophe, et pour le type de cas qui te préoccupe, la 
  fin de toute discussion sur les décisions programmatiques culturelles.
  L.L.d.M.
  
----- Original Message ----- 
From: "lldemars"  
Sent: Tuesday, April 23, 2002 12:07 AM 
Subject: Re: [terrier] deuil national 
>On se contente là de crucifier qqs larrons. Ces 
connards de socialistes mollasses (pardon pour ces insultes, mais je n'ai pas 
>d'aurte vocable à la bouche) feraient mieux de recommencer derechef 
leur "devoir d'inventaire". A bas les leçons de morale !
Je n'ai pas le sentiment dans la presse de voir les socialistes la ramener; conscients, 
je crois, des nombreuses lâchetés de leur part et des trahisons répétées 
des idéaux de gauche par le gouvernement Jospin, je les vois plutôt 
faire profil bas en ce moment. Obstinément, j'en reviens au seul point 
qui me semble crucial maintenant : ménager l'espace dans lequel ils auront 
une chance de faire un devoir quelconque d'inventaire exige de nous que l'on se 
soutienne contre les futurs assassins potentiels de cet espace. Je ne crois pas 
ceux qui donnent Chirac gagnant d'avance.
Lepen PEUT être élu.
Répétons une dizaine de fois cette dernière phrase, et un 
chatouillement le long de la colonne vertébrale va nous gagner, puis des 
hallucinations auditives nous ferons entendre, déjà, le bruit des 
coups. Car, que pouvons-nous imaginer exactement si Lepen est élu? Tous 
ses électeurs qui avancent plus ou moins masqués depuis 20 ans, 
contenus, et graduellement de plus en plus haineux, maintenus par leur chef dans 
la certitude d'être les victimes d'un complot, et qui verront jaillir en 
pleine lumière l'opportunité de faire enfin valoir leur conception 
du monde, vont-ils être doux, mesurés, précautionneux?
>"De qui dépend que l'oppression demeure ? De 
nous ! De qui dépend qu'elle soit brisée ? De nous !" --- Fraction 
Armée Rouge
T'es vraiment limite, toi, des fois....
----- Original Message ----- 
  From: "rupture" 
   
  Sent: Tuesday, April 23, 2002 12:35 AM 
  Subject: Re: [terrier] deuil national 
  
  P.S ; lire la fin avant de s'énerver.
  
  > Je n'ai jamais et n'irait pas donner ma caution à 
  quoique ce soit que je ne revendiquerai pas entièrement. Je dénie 
  aux votants le droit de condamner l'abstention comme acte non-politique. Occupez 
  vous de vos fesses.
  
  Ou le retour du romantisme. Quiconque attend de rencontrer la perfection pour 
  agir se fout un tantinet le la gueule du monde, y compris de la sienne propre. 
  Parce qu'à part voter pour soi, je ne vois pas trop. Je ne vois pas non 
  plus pourquoi je ne serais pas énervé par l'abstention. La décision 
  de ne pas intervenir sur le champ politique me semble parfaitement injustifiée. 
  Dénie toujours, je me le permettrai quand même, na.
  
  > c'est bien qu'on est prêt à renier la démocratie comme 
  paradigme -et occuper immédiatement les préfectures, casernes 
  et commissariats en cas de victoire de Le Pen-, non ?
  
  Le retour du romantisme II. La démocratie ne peut pas se défendre 
  sans se perdre. La réponse est contenue dans ton affirmation, la seule 
  solution passe par le vote. Et pas la peine d'agiter le spectre d'une gouvernance 
  lepéniste. Ca n'est pas encore pour aujourd'hui. Pense plutôt à 
  ces millions d'immigrés et de fils d'immigrés qui se sont réveillés 
  ce mation dans un drôle de pays. Ca serait bien que tu leur envoie un 
  petit message de sympathie dans deux semaines, non? Car il ne faut pas rêver. 
  Lepen ne passera pas mais il est important de l'écraser par un vote majoritaire. 
  Il me semble que tu oublie tout simplement le parlement et les législatives. 
  Peu importe de voter pour chirac s'il n'a pas de majorité parlementaire. 
  Mais il faut bien lui faire comprendre qu'aucune alliance avec le fn ne pourra 
  être toléré. 
  
  > Autre raison, que j'évoque plus souvent en 
  temps ordinaires, c'est que je suis allergique au scrutin de délégation 
  de pouvoir sans contrôle, autrement dit aux chèques en blanc.
  
  Le pouvoir est sans contrôle, les enfants, planquez-vous. Le parlement, 
  connait pas. Le sénat, pas vu. Les organisations citoyennes. Ahhh, les 
  cheuvelus, de doux rêveurs. Les intellectuels, vu à la télé. 
  Mais évidemment, si tous pourris, alors....
  
  > Un by-product particulièrement détestable 
  de la délégation de pouvoir est qu'elle habitue les gens à 
  s'en remettre aux politiciens de métier pour régler leurs problèmes 
  (quitte à les contester ensuite) au lieu de prendre quotidiennement leurs 
  affaires en mains, et ce dans tous les domaines.
  
  Voilà bien l'un des trucs qui a le don de m'énerver. Ce bon peuple 
  trahi par ses institutions pendant qu'il partait à la pêche. Ha 
  ça c'est pas de chance. Tu vois, y a la politique de métier. Le 
  citoyen, lui, est un amateur. C'est pas son boulot de s'informer, de dialoguer, 
  d'agir. Son rôle s'arrête aux urnes. C'est sûr, sans contre-pouvoir, 
  aucune démocratie ne tiens le coup.
  
  > Voilà, entre autres, pourquoi dans une situation 
  de démocratie parlementaire, ce que je trouve de plus cohérent 
  à faire est de boycotter les urnes et de m'investir dans le mouvement 
  social là où je me trouve -et où il existe-, dans une vie 
  parallèle à ma vie d'ami des artistes. Qu'une des conséquences 
  soit que j'ai contribué à mettre Jospin au rencart, ça 
  ne m'émeut que modérément.
  
  Et vive la démocratie directe, le bon sens populaire et la vision de 
  clocher.
  
  Tout ceci pour François et Eric, amicalement et en toute amitié. 
  Nous parlerons d'énervement paisible.
  
  Marc
----- Original Message ----- 
  From: "Francois Coquet"  
  Sent: Tuesday, April 23, 2002 6:46 AM 
  Subject: Re: [terrier] deuil national 
  
  Benoît : 
  >J'appuie fortement la demande d'Eric
  
  Moi aussi, ne serait-ce que pour contribuer à montrer par des actes que 
  nous ne sommes pas (encore) morts !
  
  François 
----- Original Message ----- 
  From: "Francois Coquet"
  Sent: Tuesday, April 23, 2002 7:16 AM 
  Subject: Re: [terrier] deuil national 
  
  >Marc : Pense plutôt à ces millions d'immigrés et de 
  fils d'immigrés qui se sont réveillés ce mation dans un 
  drôle de pays. Ca serait bien que tu leur envoie un petit message de sympathie 
  dans deux semaines, non
  
  ..et il ne te traverse pas l'esprit qu'une des données du problème, 
  c'est qu'on aurait pu se soucier d'eux avant dans deux semaines ? Je vais finir 
  par m'énerver paisiblement, moi aussi, devant ce discours qui résume 
  l'engagement, la résistance, le soutien, les messages de sympathie, à 
  deux minutes dans un isoloir tous les cinq ans.
  
  Si vous voulez, je peux détailler mes états de service, notamment 
  sur le soutien aux immigrés, depuis les lois Pasqua (non abrogées), 
  les centres de rétention Deferre, Joxe et la restriction du regroupement 
  familial, en passant par les innombrables tracasseries pour faire venir un étranger 
  en France, dès aujourd'hui : par exemple, si on invite un collègue 
  Chinois à l'Université, il vaut mieux que les certificats d'hébergement 
  et de solvabilité -indispensables !- soient délivrés par 
  quelqu'un qui s'appelle Coquet, plutôt que par un citoyen Français 
  nommé Jianfeng Hu (anecdote vécue) ; idem pour les magrébins, 
  etc... Ces états de service recoupent assez mal les échéances 
  électorales, j'en suis bien désolé.
  
  A part ça, on peut se donner bonne conscience tous les cinq ans, mais 
  entre deux échéances électorales, je ne me sens pas submergé 
  par des flots d'activisme quotidien, dans mon "drôle de pays". Parfois, 
  je m'y sens même
  un peu seul...
  
  François
Suite