Grand concours que ça fait trop longtemps qu'il y en a pas eu dans le Terrier : aujourd'hui, la restauration Notre Dame

Une cathédrale, une église, qui brûle, s'effondre, partiellement ou totalement, rien que de très banal dans l'histoire des monuments. Celle-ci, Notre Dame de Paris comme n'importe quelle autre, n'avait pas de raison particulière d'échapper à ce qui fait l'ordinaire des bâtiments : se ruiner, brutalement ou lentement, être retapés ou pas, rafistolés ou reconstruits, et se constituer un nouvel état, ni plus ni moins sacré que le précédent. C'est ce qui arrive aux églises. Tout le temps. Il n'y a que ceux qui ne les visitent jamais qui l'ignorent.
Il parait qu'il faut se mettre tous au boulot pour celle-là parce qu'elle serait chère à tous les
cœurs. Ah bon. Admettons. Autorisez-moi, la première inquiétude passée pour les verrières, à m'en foutre un peu, à lui préférer la basilique de Vezelay ou la collégiale de Saint Savin, le chœur de Sainte Radegonde de Poitiers, les pavements de Brioude ou le tympan de Conques, ou, pour rester dans les inventions gothiques, celles de Reims, de Tours, de Chartres ou de Strasbourg. Je n'ai jamais crû nécessaire, même si j'aimais faire le touriste en passant par l'île de temps en temps pour locharder au soleil devant sa façade, de la visiter plus d'une fois. Quelques centaines de mètres plus loin, je ne compte pas le nombre de fois où je suis retourné voir la Sainte Chapelle. En fait, il me semble bien que Notre Dame de Paris arriverait en traînaillant en queue de liste de mes émois architecturaux français. Mais il semble bien que ce ne soit pas vraiment une cathédrale, une œuvre faites d’œuvres qui soit pleurée pour elle-même, pour ses beautés propres et ses singularités, mais un symbole – sans que personne ne semble bien fixé par ailleurs sur ce qui s'y symbolise vraiment – et la boutique d'un chauvinisme ridicule. Et je dois dire, les symboles, surtout nationaux, ça ne me fait pas trembler un ventricule.

Bref, je n'écris pas ce texte pour vous encombrer de mon bien inutile jugement esthétique mais, puisqu'il est question de nous sentir tous investis d'une même mission nationale, pour lancer un nouveau concours du Terrier :
pourquoi ne pas inviter tous les colistiers du Terrier, tous ses visiteurs et quiconque sera excité par cette idée, à nous proposer des façons de restaurer Notre Dame, en dépit de toute règle en usage ?

Alors allez-y, débondez-vous, fuyez toute perspective raisonnable, dévote, respectueuse, historienne, et même matériellement rationnelle, laissez-vous aller, repoussez toute tiédeur, rhabillez-moi la vieille en détail ou en courant, en poème, en maquette de papier, de carton, en caca ou en os de mouettes, en dessin, en peinture, en photomontage, en infographie, en vidéo, en bandes dessinées ou en 3D, bref, faites comme bon vous semble.
Tout ce qui nous arrivera sera montré dans nos pages. Tant pis pour vous si c'est foireux, on triera pas. La victoire, votée sur la liste, apportera un truc, une œuvre originale du taulier comme c'est plus ou moins la coutume dans nos concours du Terrier; mais si on veut autre chose, un beau bouquin par exemple, hé bien on causera. Et comme il faut bien une date limite à un concours, hé bien disons qu'on se donne jusqu'à fin juillet. Après quoi nous aurons cinq ans pour regarder d'autres zozos se couvrir de ridicule.

L.L. de Mars

POUR LES PARTICIPANTS : une grande quantité d'images 3D en haute résolution de la cathédrale sous tous les angles de vue, pour faire vos plans, vos collages, modèles etc. ICI >>>>>>>>
La célèbre charpente de Notre Dame, avant le drame

Par ailleurs, ça n'a rien à voir au premier abord, mais j'ai écouté le discours de Notre Etincelant Persécuteur à propos de l'incendie : il n'y attend pas longtemps avant de célébrer le courage des pompiers et de leur chef. Il fallait que ça tombe, tout de suite, sans aucun sens, l'hypostasie du chef. Car chaque occasion est bonne à saisir pour faire le commerce de sa vision du monde. Il ne lui faut pas plus de deux minutes pour replacer sa certitude que tout ce qui sauve les humains, les collectivités, c'est la hiérarchie. Quelle que soit la situation, il saura nous rappeler qu'il est important de le replacer, lui, hiérarque de tous les hiérarques, au milieu d'un événement. De n'importe quel événement. Pour nous sauver. Vaniteuse, transparente, obscène, évidente et méchante petite créature, si absurde de se penser maligne quand chacune de ses interventions publiques trahit la pesanteur de son bavardage stratégique. L'habitude de ne pas avoir à penser, à calculer, anticiper au-delà de ses camarades de classe, pas plus affutés que lui, vite contents d'eux, médiocrement roublards, aura gelé son horizon social très au-dessous de l'infinie diversité des corps et des esprits tout-à fait à même de lire, eux, dans ses entrailles, le mauvais le jour qui vient.

 

La vieille dame la plus aimée des français, après le terrible passage du fléau