Transcription : Marie-valentine Martin
  Relecture : C. de trogoff
  Ccorrection et montage : L.L. de Mars
 Pourtraitures, dossier
a) Pourtraitures, inventaire
POURTRAITURE - Une peinture nulle. 3 séries de 6 toiles 
  : série 1973 (92x73), série 1974 (116x73), série 1975 (130x97).
  
  MARINES (ENTRAINEMENT) - Hésitation sur la fenêtre. 
  1 série de 6 panneaux, 1975 (91 x 85) (novopan, filet plastique, peinture 
  glycérophtalique).
  
  COLLAGES - Coupe transverse pseudo du dispositif K (actualisations 
  in-dé-finies). Série et latéralisation, à partir 
  de 40 cartes tirées de La Langue Slave (1973). Depuis 
  1973 (65 x 50).
LIVRES - Suite logique aux Caviardages. Depuis 1972 (différents livres ou plusieurs exemplaires d'un même livre découpés différemment). Si, dans les collages, il y a un aspect permutationnel fort net, les livres n'existent que de fixer une lecture qui viserait à en exclure d'autres. En fait, c'est ce pseudo-fantasme fixé qui interroge le livre comme produit fini et multiple. Chaque livre est donc unique, ou plutôt non reproductible. (Ce qui a peut-être à voir avec le copyright.)
SEIZE DISCOURS DE L'AMÉTHODE SUR TROIS BLOCS DE PAPIER A LETTRE. 
  Au pied de la lettre
  
  6 TABLETTES (terre cuite), ayant pour origine des traces de 
  caviardage (sur papier journal). Identiques. 1972 (format colonne de L'Express).
  
  9 PLANCHES (bois), forme similaire au dessin marqué 
  sur les tablettes (terre cuite). Découpes différentes.
  Ce sont les traces de caviardage (leur effet esthétique) 
  qui, remémorant une forme manipulée quelques années avant 
  puis oubliée, ont réinvestie cette forme dans 
  la peinture (proprement dit), via ce que j'appelai textruction. 
  Citation inconscient d'un simulacre formel.
  Sur ce cheminement contradictoire, spiralé ou déplacé, 
  je renvoie à mon livre non découpé TOIL (pages 
  136, 149-50, 161, 172, 176, 243, 249, 289-90-91, si tant est qu'elles puissent 
  constituer un catalogue restreint), ce sera ma seule mention
  bibliographique (Christian Bourgois, 1975).
  
  PAPIERS PLUS OU MOINS COLLÉS — Allégresse pour 
  rien (en oubliant). 1975 (65 x 50) (papiers blancs, acrylique, lettres, crayon 
  de couleur, crayon à mine de plomb).
b) Pourtraitures, exposition
Ce qui tient le coup de cette exposition, ce sont les livres 
  (72) et les collages (73). Ce que du moins je prétendais. Car ma peinture 
  s'expose en même temps, trop, je n'en sais rien.
  Un paradoxe saugrenu veut qu'en 68 je pratiquai sans le savoir un pseudominimal 
  jamais montré en un lieu public (toutes les traces d'huile sur canson 
  gris recueillies par A.B*., mon musée le plus vorace, ma banque la plus 
  désintéressée, ma corbeille la plus vicieuse, ou la 
  plus experte, mon gorille le plus amène, mon ambassadeur le plus redoutable) 
  et que j'exhibe en 75 quelques pièces de pseudo... maximal, 
  qui n'est donc pas exactement cette peinture de l'oubli que rêva un texte 
  (1) impulsé pourtant par ma peinture ici visible.
  Cette peinture de l'oubli ne fut-elle que le creux déporté d'un 
  texte, son creusement, dont ma peinture n'est que déjà la retombée 
  ? Après mon pseudominimal (et après ledit minimal art et 
  le post-minimal) mon pseudo-maximal pourrait être l'actuel compromis d'une 
  toile en attente de toile politique : la Politique devenue quelque chose comme 
  l'éthique minimal.» Non. Et ce n'est pas non plus 
  le contraire, la Politique venant mourir dans ma toile et bavarder. Car ma peinture 
  bavarde : ELLE N'ARRÊTE PAS.
  Comme le soleil (de briller, etc.), l'eau (de couler, etc.), le cadavre (de 
  pourrir).
  Pas pulsion de mort (puissance de vie exponentielle) mais goût de mourir 
  : CE que je n'ai pas pu ne pas supporter. Et dont j'ai pris goût contre 
  moi-même, avec moi-même. Mnémolalie. El cependant peut-être 
  bord d'oubli capté, dans une incertaine mesure, débord qui serait 
  la frange consentie de l'excès, on dira : intensités fonctionnaires.
  Le maximal art serait en fait l'hyperréalisme, et ma peinture n'est pas 
  entre minimal et maximal... comme un optimal art...qui existe. Le kitsch.
  Néanmoins ma peinture a quelque chose à voir avec le kitsch. Parce 
  qu'elle désigne ce qui dans l'affirmation adhère inévitablement 
  au MOYEN. Fatigue du support, errant hors de l'objet et du concept, renonçant 
  à une guerre non déclarable, je — qui — hais le mouvement qui 
  déplace les lignes, tandis que cependant les lignes dessinent, le repos 
  formidable du despote. Insignifiance.
  Minimal (minimal art), faire tout avec rien, ne rien dire par tous les moyens 
  (quel que soit le moyen, Le Moyen). Si le minimal s'oppose symboliquement (et 
  anecdotiquement) à l'art pauvre comme l'hygiène à l'ordure, 
  le propre au sale, il utilise la plus légère impropriété 
  du propre, il joue l'impropriété fondamentale du moyen. (Minimal, 
  art pauvre, fecal art, sont des aspects d'une même pratique scrupuleuse 
  ou scandaleuse du non-outil.)
  Il y a dans le minimal un faire-code comme on dit faire-corps (dans l'échange 
  de l'actif et du passif) qui vise non médiatement au moyen, matière 
  discrète qui signe l'indescriptible, animalement, à perte de mémoire.
  La matière voudrait s'engendrer pour elle-même mais n'y arrive 
  pas. Le moyen voudrait se désigner lui-même mais y parviendrait 
  trop. D'où le minimal (mais - la matière ou le moyen ?). Une indiscernable 
  cohérence, la contradiction historique dans sa féroce subtilité, 
  l'IN-UTILE implacable, et la tentative presque insane de reproduire ça, 
  sans symboliser.
  C'est pourquoi cette peinture de la rétention et du calcul, de la plus 
  grande dépense au moindre coût, est la plus sexuelle qu'ait produit 
  l'Occident Capital.
  Peinture de la réserve (thermodynamique), du reste (non hegelien), de 
  l'autre saisi au plus impraticable de ses praticables, qui 
  porte atteinte au code et Y atteint encore (l'ordre revient) à côté. 
  Le minimal pense au-dessus de son moyen : il a matière à ça.
  ... Comme le code voulant se saisir sans déchet (et maintenir le déchet 
  dans l'étrange-ici, les déplacements parlant, d'eux-mêmes, 
  d'autre chose puis encore d'eux-mêmes) et produisant « du » 
  code comme déjà-déchet. Et ce déjà-déchet 
  un instant reste, avance de l'art sur l'Aménagement, errance forte du 
  sans-code, du déchet qui veut faire code comme ça, irreligieusement, 
  sans assigner.
  Le déchet n'est pas l'effet parce que le reste n'est pas code. Il y a 
  une certaine homologie relativement réglable de l'effet au code mais 
  le rapport déchet/reste constitue le principe d'incertitude ontologique 
  (et ergologique), l'engendrement impur, non reportable, où « support 
  » et « outil » redeviennent problématiques, dans la 
  cruauté.
  Le minimal introduit aux énergies froides, livre aux INTENSITÉS 
  CALMES. Il est sans leurre et c'est peut-être son secret politique.
  Maximal (hyperréalisme), peu importe le code pourvu qu'on ait l'effet. 
  Perdre le code... pour le retrouver encore comme effet. Parce qu'il ne fut jamais 
  qu'effet? Le maximal le laisse entendre. Voir. Hétérogène 
  donné dans sa continuité homogène, mais aussi le forçage 
  de l'ordre, son passage au désordre, le filet maintenu dans les mailles 
  filantes, dissoutes, lâcheuses et brillantes, hypergrises, folie du déchet. 
  Face entropique du Capital, qui est aussi la face excrémentielle du désir, 
  mais parce qu'il n'y a pas de bon orgasme, et parce 
  que tout réel a affaire à l'apocryphe, et parce que tout 
  investissement implique un plus et appelle une destruction Face animale de la 
  haute culture.
  En disant que le minimal est au maximal ce que le design est au kitsch, on fera 
  l'économie d'au moins quatre définitions. Petits plaisirs du chiasme. 
  Encore faut-il y passer.
  Le maximal peint la mort, mélange contagieux, accélation du déchet.
  On ne refait pas le minimal.
  Quant à ma peinture, elle ne subodore que quelques limites, et quelques 
  pentes : c'est une peinture facile. Le sourire fécal.
  Pourtant, la seule chose qu'on ne peut parodier, c'est la merde.
  Puisque je viens de l'écriture, ma peinture serait donc plutôt 
  d'abord littéraire, etc., et cette exposition (je parle exclusivement 
  de ma peinture) une erreur. C'est l'évidence, certaines de mes toiles 
  sont nulles. Et le Révérend Théo K. me voyant avec effroi 
  dans « la balance picturalo-littéraire », je préférerais 
  qu'à propos de ma peinture il soit éventuellement question de 
  peinture nulle. Ce qui n'est pas une manière hypocrite (et toute 
  provocation vite éventée) de sous-entendre qu'on en aurait fini 
  avec certaines choses (ma peinture, nulle, l'est d'ailleurs d'autant plus que 
  — semblable aux puissances trompeuses de Pascal — elle ne l'est pas toujours). 
  Outre mon absence de manière, qui témoigne de ma confusion quant 
  au publiable et à l'impubliable (tout cela relatif à mes insanités 
  sur le reste et le déchet), ma peinture dit « au contraire » 
  et sans pouvoir bien l'affirmer qu'avec certaines choses, justement, 
  on n'en a jamais fini.
  (Ma peinture repose mon écrit. Figure débile d'un dispositif qui 
  fait pièce de plusieurs côtés.) Ma peinture — ce que j'ignore 
  de mes livres qui pourrait en savoir trop. Pseudo-oubli, pseudo-mémoire, 
  elle existe de mal séparer. Il n'y a pas un déchet-du-reste s'opposant 
  à un reste-excluant-son-déchet : ma peinture est l'échec 
  de ma peinture et de ma textruction (2) (c'est d'ailleurs pourquoi il ne peut 
  y avoir un manifeste de la peinture nulle — et je veux qu'on me traite de néo-intimiste 
  si je l'écris), sans doute ce qui ayant supporté un texte l'a 
  encore trop retenu, trop signifiant déchet.
  Ma peinture est nulle et elle est faible, sa lascivité tenace avère 
  la faiblesse des fondements. Une pourriture — qui prétendrait 
  encore devenir précise — s'étale, dans l'agrément : décor.
  Décor, i.e. dégueulasserie du PRINCIPE lequel ne coïncide 
  avec ni ne traduit aucun MODE de production (plutôt de consommation) mais 
  renvoie une modalité, modulation sans écho, sans 
  reflet, qui se propage. Et se mêle à la puissance 
  calme. Ligne pulvérulente de zones anastomosées qui se défont, 
  ailleurs, contre la manducation.
  Scandale inavouable du consentement. À L'ARBITRAIRE.
  Dans ma peinture où plus rien ne fait départ, ni périphérie 
  ni centre, mais où aussi le bord fait défaut, le déchet 
  glisse indéfiniment. Le mandala et l'arabesque affleurent dans la toile 
  occident empâtée de psychédélique loukoum au moment 
  où la lampe merveilleuse luit du pétrole orient. Plusieurs exotismes 
  confluent, perte du sol et du visage.
  Tous les canaux s'emplissent puis se dessèchent dans la croûte 
  gris-blanc. Y circulent les intensités fonctionnaires, marquant beauté, 
  marquant mort, presque dévoyable.
  Il y a quelque chose de mort dans ma peinture. Quelque chose de mort dans La 
  Peinture et dont se moque ma peinture.
  Ma peinture va s'effacer définitivement vers ce point asymptote du déchet 
  et du reste, ce point échangeur, point d'une utopie où chaque 
  être n'est plus que point intensif et rapport intensif parmi d'autres 
  points en phases diverses, et l'institution dessin de leurs mouvements.
  « L'arabesque élimine de l'art l'idolâtrie, le trompe-l'œil, 
  l'anecdote, la crédulité, la simulation de la nature et de la 
  vie, tout ce qui n'est pas pur, qui n'est point l'acte générateur 
  développant ses ressources intrinsèques, se découvrant 
  sans limites propres, visant à édifier un système de formes 
  uniquement déduit de la nécessité et de la liberté 
  réelle des fonctions qu'il met en œuvre. » (Valéry.)
  Mais je peins l'immense mesquinerie accorte d'une menace nommée religion.
  Arabesque impure du vieux corps qui N'EN REVIENT PLUS.
  Je peins l'idolâtrie : de ne pouvoir peindre la perte.
  Ce qu'on ne peut supporter longtemps : la conscience.
  Ce qu'on craint par-dessus tout de perdre : la littérature.
  En quoi on se trompe.
  En particulier ici.
  Il y a plusieurs sortes de décor. Le décor urbain, décor 
  de justification et de contentement, d'ordre, de racolage, d'intimidation affectueuse, 
  tautologie brillante qui se réassure. Le décor vernaculaire dans 
  tout son authentique mauvais goût domestiqué par le tourisme moyen, 
  qui en fait trivialement un décor. Le décor de tout ce qui mourant 
  survit dans la mise à jour du bon goût, la platitude sophistiquée 
  pour cadre, la nature à la carte, la glose sans fin. Le décor 
  qui ne décore rien, décor indifféremment agréable 
  ou dur, décor neutre, ni l'un ni l'autre, l'un et l'autre.
  On arriverait à ma peinture.
  Ici une seule forme, au sens le plus concret (préhensi(b)le - plutôt 
  qu'optique), une forme prégnante et arbitraire, institue l'espace-temps 
  (...pictural). Entre regarder et voir, elle pose l'œil comme pouvoir et dépense, 
  le corps comme oubli et reprise, victime instigatrice du drame, proie despotique 
  des métamorphoses. Ce qui est mis en scène : la mise en scène 
  même : SÉDUCTION & DÉFAITE, sans fin.
  Ma peinture aime l'œil, pas la rétine. Elle tombe de religion en religion, 
  elle répugne au mysticisme. C'est pourquoi elle est, en un sens, facile, 
  voire dégoûtante : elle ne lâche pas quelque chose qui ne 
  la lâche pas. Y compris à côté de la peinture (et 
  non pas hors de ma peinture).
  Ma peinture ne recule devant rien, devant aucune bassesse, c'est son admirable 
  parfum de théologie, son côtoiement.
  La forme fait mémoire et se reproduit, mais toujours autrement. Dans 
  le toujours-déjà pointe un déjà-encore, où 
  ma peinture disparaîtra, où elle disparaît déjà, 
  vers l'encore.
  La forme organise la non-forme qui se déplace. L'investi fait aussi retour 
  vers l'investissant, repro réellement duit 
  mal. De duction (s) en duction (s) forme et non-forme échangent leur 
  potentialité secrète, leur pouvoir discret.
  Le neutre discrétionnaire se publie, inutilement. Se déploie le 
  noyau gris qui est dans le noyau polychrome qui est dans le noyau gris. ORD(u)RES.
  Moins énigmatiquement on dira que, dans ma peinture, un certain support 
  passe dans une certaine surface, passage non pas déréférencié, 
  non pas absolument neutre, mais passage à l'oubli, déjà 
  face d'oubli. Pour les fonctionnaires du logos, hommes de mémoire, ma 
  peinture sera trop belle, encore trop, elle l'est. ENCORE.
----------------------------------------------
(1) TOIL, Christian Bourgois, 1975.
  (2) J'ai fait partie du groupe TEXTRUCTION (que je quittai début 72) 
  dont le projet affirmé était de subvertir la séparation 
  culturelle et politique écriture/peinture, et l'idéologie qui 
  la produisait (disions-nous à peu près alors).
  Catalogue de l'exposition au Théâtre Oblique, 1975.
BIBLIOGRAPHIE
*Alain Borer, ndr
c) annexes
annexe I
né en 1939
Expositions collectives
  1971 avec le groupe Textruction : Canada (Québec), Lorient.
  1972 Nice (Théâtre Municipal), Paris (Ecole spéciale d'architecture, 
  où l'exposition est vandalisée au nom de l'ART).
  1973 Nice, La Rochelle (Rencontres internationales d'art contemporain - exposition 
  mise à sac). Interventions personnelles
1973 Cerisy-la-Salle, Colloque Michel Butor : exposition sauvage de livres 
  cutterisés.
  1974 le 18 mai : 12 tableaux brûlés au centre de Lorient, ainsi 
  qu'un exemplaire de chacun de mes livres (12 porTRAITS du Pouvoir, acrylique 
  sur carton).
annexe II


annexe III
  
Paris, le 21 décembre 1975
  CONCERNANT LE DESTIN MATERIEL ET MORAL DE MA PEINTURE, je Michel Vachey, passe 
  avec Alain Borer, l'accord suivant (le Sacré Coeur de Montmartre ayant 
  repoussé mon offre et ma soeur n'ayant pas répondu à ma 
  proposition) :
  le sort de ma peinture (18 toiles) sera joué aux dés comme suit, 
  avec un seul dé :
  si le dé tombe
  1°) sur 1 ou 4 les 18 toiles seront détruites avec de l'acide sulfurique 
  (ou par un moyen aussi radical décourageant toute récupération) 
  par Alain Borer lui-même qui pourra se faire accompagner et aider de Messire 
  Gauvin. A cet effet, 5 décharges ont été indiquées 
  par moi à mon ami Alain Borer;
  2°) sur 2 ou 5 : les 18 toiles seront données à l'Hôtel 
  Négresco qui a donné une réponse favorable ;
  3°) sur 3 ou 6 : les 18 toiles appartiennent alors de droit à Alain 
  Borer. NB - Je demande à Alain Borer de prendre à l'instant sur 
  lui le sort réservé à ces toiles, dont désormais, 
  je me désintéresse»
Je, soussigné, Alain Borer,
  1°) J'accepte de prendre en charge la totalité de l'opération 
  indiquée ci-dessus, Michel Vachey se privant alors du droit d'intervenir 
  en aucun des points du déroulement du tirage au sort, et aussi d'intervenir 
  après; 
  2°) Je m'engage à respecter le résultat du tirage au sort, 
  quel qu'il soit. 
  NB — En cas de rupture du contrat d'une manière ou d'une autre, il est 
  clair que je deviendrai alors un homme sans parole, cependant que Michel Vachey 
  ne pourrait quand même pas reconsidérer le contrat pour décider 
  de nouveau du sort matériel de ces 18 toiles provisoirement placées 
  dans un no man's land juridique d'où seul un geste d'Alain Borer pourrait 
  les faire sortir, dans une direction ou une autre.
Alain Borer
  Lu et approuvé : 
  Signatures :
  En présence de Ruzarija Spika-Borer (vérifier)
  Je déclare que le dé est tombé sur le 2
  M.V.
  Je déplore que le dé soit tombé sur un 2
  A.B
  JE DIS: le 21.XII.75
  A.B
annexe IV

annexe V

Préfecture de Paris
  Direction générale de l'aménagement urbain
  direction de la voirie
  Services techniques du nettoiement 
  Paris, le 11 DEC.1975
Monsieur,
  En réponse à votre lettre du 4 décembre dernier, j'ai l'honneur 
  de vous faire connaître ci-après, les endroits où vous pourrez 
  déposer vos déchets de bois et toile :
  Décharge de Bercy 
  Tél. 628.75.96
  Décharge de la Gare 
  Tél. 583.80.46
  Décharge de la Petite Arche 
  Tél. 870.86.38
  Décharge de Javel 
  Tél. 758.29.76
  Décharge TIRU-IVRY 
  Tél. 672.49.20
  672.32.05
  Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération 
  distinguée.
  L'Ingénieur Général des Services Techniques 
Chef du Service Technique du Nettoiement
  R. DELOUMEAU
annexe VI


Lorient, le 17 novembre 1975
  Michel Vachey écrivain et peintre
au Sacré-Cœur
  Monseigneur,
  Après une assez importante exposition de mes oeuvres qui vient d'avoir 
  lieu à Paris, j'envisage de donner à la Sainte Église de 
  France 18 toiles (6 de format 92 x 73 cm, 6 de 116 x 73 cm, 6 de 130 x 97 cm) 
  de caractère non figuratif.
  Comme j'hésite encore (pour des raisons complexes qu'il m'est difficile 
  d'exposer en quelques mots) à formuler une offre claire et franche quant 
  à ce don, je vous demande simplement de me dire, au cas où je 
  me déciderais pour un tel don à l'Église, si vous seriez 
  prêt à accueillir ces toiles dans le lieu que vous jugeriez le 
  plus opportun. Ma seule condition serait que «l'ensemble» de ces 
  18 toiles ne soit jamais dispersé et vous vous engagiez à les 
  disposer de façon qu'elles se conservent dans le meilleur état 
  possible.
  J'ajoute qu'il n'y a dans ma peinture (de caractère bien sûr très 
  moderne) aucun aspect choquant, et que, sans doute, un regard chrétien 
  pourrait y lire une image de la déréliction, extase et déchéance, 
  (Je ne dissimule pas qu'un tout autre décryptage peut être fait 
  de cette peinture.) Puis-je espérer une réponse à cette 
  lettre mal adressée?
  Je vous prie d'accepter, Monseigneur, l'expression de mes sentiments les plus 
  humbles,
  Michel Vachey 
----------------------
BASILIQUE DU SACRÉ-CŒUR 10/12/75
  MONTMARTRE
  Monsieur,
  Bien tardivement — et il vous prie de l'en excuser — Mgr Charles me charge de 
  vous remercier de votre lettre et de vous faire savoir que malheureusement, 
  il ne lui est pas possible d'y répondre affirmativement.
  Avec ses regrets, il vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de ses 
  religieux sentiments.
  J.BOISSART
  Secrétaire
annexe VII


Lorient, le 17 novembre 1975
  Michel Vachey
  écrivain et peintre
  à Monsieur le Directeur de l'HÔTEL NEGRESCO, à Nice.
  Après une assez importante exposition de mes œuvres qui vient d'avoir 
  lieu à Paris, j'envisage de donner à l'Hôtel Négresco 
  18 toiles (6 de format 92 x 73 cm, 6 de 116 x 73 cm, 6 de 130 x 97 cm) de « 
  caractère informel ».
  Si je me décide à vous faire don de mes toiles (j'hésite 
  encore pour des raisons dont je ne peux faire état en quelques mots), 
  seriez-vous prêt à les accueillir à l'intérieur même 
  de l'HÔTEL NEGRESCO, dans le lieu que vous jugeriez le plus convenable?
  Ma seule condition serait que l'ensemble de ces 18 toiles ne soit jamais dispersé 
  et que, bien sûr, vous vous engagiez à les disposer de façon 
  qu'elles se conservent dans le meilleur état possible.
  Pourquoi un tel don, et à l'Hôtel Négresco?
  J'ai vécu à Nice et Nice sert de « toile de fond » 
  à plusieurs de mes livres. Le Négresco, en particulier, fait partie 
  de ma mythologie intime. Lorsque qu'un moment circula la rumeur qu'on devait 
  abattre le célèbre édifice construit par Edward Niermans 
  vous n'imaginez pas quelles furent ma peine et ma colère. Et quand, récemment, 
  il fut promu « monument historique », j'exultais littéralement.
  Bien que certaines de mes œuvres soient très appréciées, 
  d'un public plutôt intellectuel, je ne suis pas quelqu'un qui cherche 
  à vendre, et a fortiori qui aurait besoin d'une publicité quelconque. 
  Ma proposition ne recèle donc aucune arrière-pensée, malgré 
  sa bizarrerie — mais pourquoi serait-elle bizarre?
  Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, en mes sentiments les plus 
  choisis.
Michel Vachey
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HOTEL NEGRESCO****
  LUXE NICE (FRANCE)
  Nice, le 15 Décembre 1975
  Monsieur Michel VACHEY
  Cher Monsieur,
  Je vous prie de m'excuser de répondre si tardivement à votre lettre 
  du 17 Novembre, dans laquelle vous me faisiez de très aimables propositions.
  Ce retard est dû — et vous en serez certainement heureux — au fait que 
  nous engageons actuellement une importante tranche de travaux de rénovation 
  à l'intérieur du NEGRESCO, et notamment la climatisation de toutes 
  ses chambres.
  Ces travaux doivent être terminés avant la saison prochaine. Je 
  suis donc particulièrement submergée actuellement pour cette 
  raison.
  Toutefois, je suis très touchée du don que vous envisagez de faire 
  à l'hôtel.
  Je pourrai, bien entendu, vous donner toutes les garanties que vous souhaitez.
  Vous serait-il possible de m'adresser quelques photos de ces toiles afin que 
  nous puissions étudier la meilleure façon de les mettre en valeur 
  ?
  Dans l'attente du plaisir de vous lire,
  Veuillez croire, Cher Monsieur, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.
  Jeanne AUGIER - MESNAGE
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