eci
pour l'éradication jusqu'à l'ivresse, de la communicabilité,
pour l'arrachement du corps parlant à la convivialité. pour l'exemple,
ici, quelques usages épouvantables:
Le compact, l'opuscule, essayai-je
tout simplement d'user de son patronnage pour parvenir à mes fins paresseuses,
que me voici encore confronté à son prestige envahissant, il bousillera
tous mes calculs ...
pire encore, me fera savoir à n'en plus finir... voyons; L'expérience
intérieure, encore: "Sans l'exubérance de l'évocation,
l'expérience serait raisonnable"...
Voilà qui m'abritera pour
un moment derrière son épaisseur, sa densité pour atomiser
la mienne, et qu'on puisse radicalement oublier donc, que ces paroles furent
précédées d'autres paroles, proférées lors
de crises antérieures: première opulence pour elles, donc, prenons-les
dans cette circonstancielle singularité sous peine de remâcher
pour moi une histoire dépourvue -déjà- de sapidité.
ien
entendu, ce livre, qu'il fut un trésor d'une sorte d'inévitable
émerveillement (mais j'avoue, qu'il le soit providentiellement, effectivement,
ne l'avoir jamais choisi de cette sorte; ceci pour n'avoir jamais trouvé
la moindre satisfaction à l'évidence de mes propositions) ou bien
que l'ouvrage fut d'une obscurité choisie (mais pour savoir, cependant,
ce qu'offrent les vagues peu durables mais frénétiques de l'engouement
de classe), il n'aura ni tranche ni dos blanc...
ni de ces quatrièmes de couverture qui rendent sourdes les fouines!
Bien en vue, je n'offrirai /interrompant
sans cesse ce que je présente avec une professionnelle ostentation pour
une lecture, méritoire, pénible, et ceci lisible jusqu'au plissement
exagéré de mes sourcils/ que la couverture grassement titrée,
inévitablement. Plusieurs fois par semaine, saisi par l'écoeurant
paradoxe qui me tient entre la nécessité d'être impeccablement
seul et mon inaptitude irrévocable à la solitude, ivre d'un isolement
provoqué par sa seule représentation au coeur de mon immobilité,
il me prend l'envie irresponsable d'échouer ainsi à la terrasse
peuplée d'un café détesté, pour m'étourdir
des fluctuations, du babil dans la multiplicité des frôlements
les plus inavouables -n'en fait pas trop, s'il te plait- m'assommer au
caviardage des langues, à la binarité d'une musique détestée,
à l'engourdissement par des boissons inévitablement détestables
elles-aussi...
ceci pourvu d'un livre, qu'il soit ou non l'un des pommés prestiges de
ma bibliothèque;
en premier lieu choisi, par ailleurs,
en accusant son arrogance à elle, visant l'emprise qui avait pu lui permettre
de me retenir encore, tournant sans cesse entre ses innombrables verticales
que la rapidité croissante de mes déplacements de bête enfermée
rendent floues, mêlées en une seule cellule brouillée, au
point de m'abrutir, faisant de moi, le soir, l'infatigable bavard que le tournoiement
obsédé tient encore, qui alimente ses bravades, la table chargée
de son salon, plus encore que par les lignes lues, de l'ordonnancement de ses
livres, la collection, la pièce éblouissante qui s'extirpe, et
de ses errances parmis eux /voyez-moi celui ci/ ennivrant mes convives /agaçant
leur curiosité elle-même par moi infligée! /écartant
verres et bouteilles de vin pour étaler ses opuscules, livrer ses fragments
à leur circonspection.
ais
suivez-moi à nouveau, reprenons, sans prendre garde, par ailleurs, à
la naïveté figurale de cette nouvelle apostrophe...
Ainsi, soumis à la dissolution,
seule, que propose mon ingérence dans ces vies protocolaires, j'ai arraché
un livre saisi aux cloisons des autres, afin de le livrer aux regards de tous,
inconnus, entre mes doigts, lu, semble-t'il. Exposant son titre (je le choisirai
souvent bravant le silence de l'incognito, aguichant, "le livre", "compact",
"l'impossible", "la nouvelle Jerusalem" encore jaugeant son poids
d'exhibition, qui tienne à l'attention subreptice, son troublant vertige;
ou bien, tout autant, le préférai-je scandaleux? Pour précipiter
les choses... "les couleurs de boucherie", "TxT: l'écrit, le
caca", "les cent-vingts journées de Sodome"... "le Monde
comme volonté et comme représentation"..)
et, usant de toutes les mimiques qui puissent servir mon dessein d'offrir mon
corps de lecteur de calcul à une foule passante, épuisant peu
à peu les possibles opérations me crédibilisant dans cette
proposition presque irrésoluble (tout-au moins: indéfendable),
me rendre joignable. Il me faudra sans cesse alors me faire harceler sans tenue,
que les questions les plus éprouvantes m'éteignent, provoquant
l'immédiat renoncement à mon projet, me livrant à l'échec,
l'écartèlement de mon imbécile présomption; Eh!
eh!
La vadrouille du pouvoir me l'aura
laissé intact dans la gorge, celui-là!
ais
il me faudrait peut-être subir un assaut brutal d'une infiniment supérieure
mécanique, qui mît le point tranchant sur ma crédulité,
ma médiocre qualité de lecteur seul ici livré au spectacle...
panique, de toute évidence, me voici floué, laissé idiot,
bredouillant une excuse assourdie, plus isolé que jamais...
Mais ce tourment, introuvable en
vérité, qui aurait pu miner mon orgueil, serait tout-à
fait insignifiant vis-à-vis de celui qui me fut infligé à
chaque tentative, à savoir, celui d'être toujours conforté
dans cet infatigable orgueil malade par la sottise désespérante
et compassive que l'on m'offrit alors en guise de flêche, par l'admiration
repoussante que prêtent les hommes de cette fin de vingtième siècle
à l'altérité violente, ceci sans doute, par la cause de
leur délassement, de leur mythridatisation à la souffrance véritable
qu'ils tiennent pour le véhicule commun du prodige, et, pire encore,
par l'étouffement des ultimes choses que j'aimais encore dans un appareil
critique qui usurpe nettement ce nom, qui veut tout connaître en pièces
de patchwork et ne rien savoir, afin de les desservir proprement dans ses basses
besognes de thésaurisation; toujours, je serai cette bête fatiguée
dont on pourra rire confidentiellement après en avoir loué la
délicieuse originalité...
Et ceci ne sera arrivé que
par ma faute, parce qu'il m'est impossible aujourd'hui (mon Dieu, expliquez-moi
ça!) de ne pas attendre encore, guetter, encore, de mon terrier, quand
bien même je n'en sors pas pour que le renard saute à la gorge
que je lui offre... pop, pop-opo-pop!
e
voici curieusement colérique, ne trouvez-vous pas, ou bien, hmmm, bien
trop emporté pour vous convaincre de mon éloignement... bah, l'étourderie
sans doute, et puis, il me faut bien l'alimenter cette radicale autonomie, j'ai
une si méchante mémoire... balayons, puisque, ne vous en ai-je
pas déjà fait part, c'est à perte que tout ceci s'inscrit
(qui vous empêche de retourner sur vos pas? Mais ce qui suit, bien entendu!
et après vous en être gavé, vous n'aurez assurément
pas d'autre choix que de froisser ces feuillets, et hop, par-dessus votre épaule).
ystématiquement,
donc, déconvenues ensuivies de la nécessité de réhabiliter
les visages, eux, bien connus...
j'y retourne, voyez-vous: j'errerai désormais parmi mes livres, m'agenouillant
de fatigue, heurté à la lourde bibliothèque, pour n'y plus
puiser que la substance de mon désoeuvrement, de mon refus de faire,
quoique ce soit, ceci, il me faudra bien m'y plier. Je vais donc passer encore
mes doigts sur les bataillons de tranches, et proposer les citations les plus
fausses, rendues les plus fausses par leur inextrication aux plus vraies, à
ces coutumières oreilles minées par l'usure /surveillez-donc les
pages, par-dessus mon épaule, que je vous livre, et tous ces apocryphes
qui la gonflent à haute voix engageront votre méfiance! On me
dit si bon lecteur.../ ceci parce que j'aurai, une fois encore, recueilli une
certaine quantité d'auditoire -et il n'est bien entendu que cela- rompu
à mes exercices.
Je ne vous inflige que des foutaises
:les citations sont bonnes, le plus souvent, mais mes oreilles par paquets,
je les ai choisies mauvaises : trop accoutumées aux citations pour en
tirer viabilité et enseignement, et tant mieux, n'est-ce pas, puisque
ceci n'aurait aucun sens, ou trop accomodées au livre pour en tirer d'autres
conclusions que sa résolue étrangeté; le voila, le public
dont j'ai fait -en face - le silence accueillant...
entir
encore, saluer les artifices qui fabriquent le strict nécessaire pour
être écouté en vain.
Ces centaines de soirées dont
je n'attend qu'une chose, bien sûr, qu'elle soient perdues, et, DANS CE
DESORDRE: n'être plus qu'un pouvoir, le pouvoir évident du flot
qui n'emporte que le corps du sujet, qui l'y subsume, en ceci que le poids d'une
finalité de contrôle est inexistante. Rappelerai-je que des oreilles
de chien font l'affaire pour ce tourbillon-là? Mais nous sommes dans
la consumation de la langue, et ça s'appareille, le discours sans voix...
Calme retour hors du circuit des affinités électives, pour l'anecdote:
hier au soir, même, jusqu'au déphasage auquel le premier soleil
enveloppé du labeur naissant soumet les noctambules, je l'ai choisie
tassée: une étudiante prompte à hurler au génie
-ce sont ses termes- à chaque incartade, à la folie à chaque
effondrement, à l'évocation du moindre de mes tourments qu'elle
prend pour un fétiche: l'écho idéalement neutre pour mon
infatigable perte; "perte?", allez- vous dire, songeant à l'écueil
d'un désespoir confinant à l'orgueil que prodigue l'incompréhension?
Allons bon...
étrompez-vous,
il ne peut pas s'agir de ça... la perte ici, la bienvenue, est celle
du mensonge continu d'un corps qui s'évapore dans le bavardage /et ce
corps ne s'éparpille véritablement au souffle de l'inanité,
que si l'auditoire est choisi dans l'assurance de ne jamais le retrouver/ du
mensonge, disai-je, au cours duquel le corps parlant va puiser inattaquablement
dans l'utilisation, l'adéquation au renouvellement mythique; en quelque
sorte, produire le plus exhalté, le plus décisif, du ryzhome de
ses fictions, en s'assurant toutefois de l'unicité de ce produit, la
lassitude ou l'effroi que provoque la retrouvaille d'une idée déjà
administrée faisant le reste...
"On croit que le méchant a aussi une volonté
et un entendement, parce qu'il dit qu'il veut et qu'il comprend; mais chez lui,
vouloir n'est que convoiter, et comprendre, n'est que connaître" achève
un des chapitres de "La Nouvelle Jérusalem" de Swedenborg; j'en
aurai sans doute tiré cet enseignement hâtif: offrir, donc, la
fiction en pâture exclusive aux champs d'honneurs de la conversation,
pour ne plus l'approuver dans le roman.
"je raconte ce qui me fabrique au moment où je me prononce"...
ne prête aucun héroisme au mensonge; seulement la perpétuation
d'une formule qui oblitère la palpabilité, la part congrue, le
visage coutumier du corps parlant..
(Le mensonge absorbe promptement la figure du menteur, pour le rappel à
l'ordre du jour, assujetti à la seule possibilité que ma langue
s'épuise ou se soude à mon palais, il me faudra boire alors, et
ceci sans oublier que l'autre règle de mon inévitable défaillance
est dans cette boisson même qui me sauve du silence).
'il
y a quelque puissance à extirper de cette débandade, c'est celle
de démasquer l'illusionisme aventurier, la dignité émouvante
du revenant d'Eldorado, puisque celui qui m'écoute ne tirera rien de
moins dépaysant de mes effronteries que de la performance homologuable
d'un authentique migrateur; je me soupçonne, de surcroit, d'être
susceptible de prodiguer bien plus encore d'indigne émerveillements soutirés
à ma fébrile prodigalité, que ne pourrait le faire le triste
gesticulateur qui ne se mesure qu'à l'intensité de sa frayeur,
son dépassement géographique -fourmi au chef d'un tubercule- ou
de son exactitude, pour caution...
Ceci car mon renoncement ou mes extravagances
n'ont d'extrémité que la fatigue provoquée par le développement
d'un objet inexistant, sans considération, et surtout, parce qu'un véritable
souffreteux du véhicule, lui, exagère inévitablement sa
souffrance parce qu'elle ne suffit jamais, pour se faire mieux comprendre.
N'ayant jamais souffert ni voyagé,
ma crédibilité ne s'en portera que mieux, à la mesure de
mon ignorance que tous tiennent pour de la retenue, voire, de l'humilité!
De toutes évidences, le menteur
que je suis jouiera de la mièvrerie de la mort figurée pour lui
préférer l'embonpoint de la mort figurale... Mais cette apologie
enthousiaste qui ne diffuse rien d'autre que celle du raconteur d'histoires
à vous embarquer devrait me REFAIRE...
en ceci toutefois différant
que le mien, de mensonge, ne l'oubliez pas, n'est tolérable que par son
instantanéité sans écriture, parce qu'il ne trouve son
évidente opulence que dans la fuite des capitaux pour mieux étrangler
le trésor nouveau qui aurait pu faire de la saveur, à l'endroit
où je n'offre que la déception et le carnage....