'observateur,
c'est tout ce qui fait il. C'est l'optique saturé de sens, le monocle,
le coquard, le strabisme divergent de l'intellectuel. Certains théorisent
ainsi l'image orbitale : un halo d'espoir à la sortie d'un tube, une
longue-vue pour se regarder loin de soi. Comme il y a des vues courtes il y
a des longues vues aussi courtes.
D'autres voient le globe céleste et s'esquivent dans la vue. Tout comme
ces flâneurs solitaires qui entrent dans les librairies. J'observais leurs
déplacements, leurs manières, l'air docte qu'ils prennent devant
une quatrième de couverture avant de se plonger dans une profonde léthargie,
mimant à la perfection la sainteté de la pensée. Ils ouvrent
un livre. Ils s'exclament en silence. Ils se retirent dans la pensée,
espérant l'obscurité hors du halo qu'ils tiennent pour un il.
Les uniques, les pinéales, les anus solaires sont autant de cibles lointaines,
autant d'yeux traquant les recoins, autant de calculateurs mystiques. Cet il
est né du commerce des livres et de la religion. Une bonne couverture,
un peu de séduction, prendre l'air d'une ancienne souffrance et le folio
est plié. La pensée au kilo n'est pas chère. On n'imagine
pas la saisir dans la main
alors elle est abstraite.
Nulle distance ne peut être comblée par l'image. Je faisais comme
eux. Je disparaissais entre les livres, dans cette longue vue qui me servait
d'il pour ne pas voir. L'air de rien je balbutiais. J'avais juste un livre
dans la main. J'aurais pu avoir n'importe quoi dans la main. Je pensais à
autre chose qu'un livre, je me laissais parler dans la langue, ébahi
dans le ryt hme, à peine conscient des images qui surgissaient par je
ne sais quel mécanisme. Tu devrais avoir honte, Priam Angelus de lire
en t'abandonnant à l'absence, de ne pas dire ce qui est écrit
mais de rester en retrait dans l'image. J'étais sidéré,
happé par une concentration étrangère qui s'était
égaré d'un autre avant de capturer ma conscience. Délibérément
je me berçais dans le miroir de cet il. J'avais mis autant de bonheur
que possible dans cette passivité, un vieux compte avec le sommeil et
la mort, un vieux compte aussi avec la société, sa théorie
des entités transparentes, la décomposition de ses éléments
dans la conformation d'un désir avec son image.
Nous perdions de nous-mêmes dans cette distance. Puis chacun allait se
perdre dans la rue, non pas des corps mais des images, celles qui me restaient,
celles stimulées par la déformation du souvenir. À la lecture
de l'il ils apparaissaient seulement comme des troisièmes personnes,
une hypothétique profondeur du discours, une lente évanescence
des corps dans la chaleur du monde.
Plus capables de saisir la portée d'un bras, leur appétit s'estompait
dans l'image. Ils s'imaginaient alors une obscurité, un vide oculaire
où le silence devenait une garantie sans borne, un infini de la disparition
des corps, un trou ; et ils s'y accrochaient pour refuser de voir. Alors ils
grossissaient à l'infini, ils s'enflammaient cent fois, deux cents fois,
ils engraissaient la vue de zéniths imaginaires, ils déplaçaient
leur regard dans cette trajectoire, d'échelle en échelle, jusqu'au
ciel, encore plus au-devant de la scène. Mais là aussi il y a
des échelles qui sont courtes et qui suffisent à peine pour franchir
un mur. Du panoptique jusqu'au cybermonde, en passant par l'hyperréalité,
la terreur est décrite ; je l'ai souvent lue dans le travail de la philosophie.
Elle vise les au-delà, elle maintient un équilibre. Terreur
d'une parole mythique qui traverserait le nombre, la distance garantit l'encablure
de la langue à la vue. Personne ne semble parler et l'illusion est bien
réelle. Moi-même je suis réel si vous en doutez, puisque
je parle. Le réel c'est aussi la langue dans le corps et le corps dans
la langue. Il y a toujours quelqu'un au bout de la langue. Mais parfois nous
avons besoin d'imaginer l'invisible. De construire un pont suspendu dans l'espace.
Le passage se ferait à perte de vue, sans territoire, ni terre à
relier. Pendant qu'il y aurait une langue qui parle seule chacun est médusé
par l'image. La tête levée vers je ne sais quel lointain.
L'observateur béat ne rapporte rien parce qu'il assiste impuissant au
spectacle, il est aveuglé par la vue
il se terre dans un trou
un silence qui exclut sa parole. Son corps est creusé par le vide. Je
lis et je n'entends rien. Il n'y a pas de personnage pour lui faire un corps.
Personne ne répond. Quelque chose se tait en permanence dans cette écriture.
Et pourtant c'est bien du langage que nous voyons les choses. Au royaume de
l'image les borgnes sont rois. Ils ne voient pas l'infini qu'il y a dans la
vue parce qu'un bon borgne est d'abord un muet. C'est de la bouche qu'il est
borgne. Il n'a que la vision, toujours unique du disque de l'amour distant,
un chant du manque. Il ne parle que de l'événement du halo, de
la poursuite qu'il dirige du fond de la salle. Le spectacle se fait depuis son
coin d'obscurité. Il sait ce qui s'y joue. Tout est prévu d'avance.
J'avais une théorie sur toutes ces embardées de la pensée
dans l'écrit. Je n'hésitais pas entre la réalité
et la fiction, contre l'ennui du spectaculaire seul, contre la solitude des
héros dans le mythe. Car la distinction entre réalité et
fiction sert à la séduction des foules, à la focalisation
sur un contenu, aux déversoirs et aux canaux. Les confondre c'est risquer
la psychose, je le savais depuis longtemps. C'est alors qu'un jour tout est
devenu réel, la moindre pensée, le moindre rêve. Le monde
s'était réveillé un matin. La réalité et
la fiction n'étaient plus qu'un même discours. Seule la rupture
subsistait comme un point de vue de fonctionnaire, un état des beaux-arts.
L'éclectisme du sens nous donnait la sensation d'être libres, de
pouvoir gravir, de pouvoir atteindre et de prétendre à une fin.
Mais la confusion maintenue à ce sujet entretenait l'ordre et la tyrannie
du mystère. Elle permettait de théoriser le monde et de valider
ses théories comme vraies. Juste comme vraies. D'avoir le regard brisé
en permanence par le passé et de l'élever dans la pesanteur de
l'origine. Pendant ce temps la tyrannie avançait masquée dans
l'ouverture. L'image, le dévoilé, le poncif n'étaient plus
soumis à la critique : ils semblaient au-delà, avancés
hors du discours. En fait, s'ils avançaient seuls, c'est parce qu'ils
étaient sans amour ni sujet.
L'image n'est pas plus une illusion que le discours : au contraire, lorsqu'ils
s'articulent l'un l'autre d'autres aspects du monde multiplient les discours
et y renversent les images. Ils s'entendent parfaitement. Tout est réel
y compris la fiction ; d'ailleurs on connaît son histoire. Son mythe est
poétique. Et puis le réel ne constitue un problème, que
pour ceux qui aiment les jeux d'abstraction, que pour ceux qui moralisent la
vertu du virtuel, le sexe sans le sexe. Ce qu'il faudrait voir c'est plutôt
comment tout cela se distingue dans l'imagination, comment on fait du réel
avec le langage au sortir des obscurités métaphysiques, comment
on traque l'inconnu, comment on l'invente. Je passe par cette difficulté
et c'est sans doute une façon de lire.
u-delà
des signes et des symboles, des sacres de l'héroïsme et de la valeur,
je ne distingue pas l'action d'un mythe sur la société, de l'histoire
qui la continue et qui la porte au présent. Bien sûr, il y a de
la provocation là-dedans, une vue un peu mal vue, un glaucome politique.
Ce point de vue présente les mêmes failles qu'impliquent tous les
rapprochements impromptus. D'ailleurs, au fond, il n'y a rien à reprocher
à ceux qui font le temps dans la dramatisation de l'existence, ceux qui
organisent la solitude dans la concurrence, ceux qui font de la vie un monument-fossile,
ceux qui brident la liberté dans la représentation et la prévision
; simplement, ils ont fait leur temps, le rire les a quitté. Car le héros
ne rit pas et ses théories sont sévères : il les glane
dans la dramatisation de l'univers. Comme un animal confronté à
l'hostilité de son environnement. Il traque la vérité pour
traquer la fin et l'abandon, il s'initie au désespoir. Et lorsque ses
victoires sont légitimes elles n'ont de l'histoire que l'odeur des cadavres.
Je tourne les pages. Ce n'est pas le vent seulement qui souffle dans les pages.
Le temps soufflait aussi entre les feuilles. Il dispersait les lignes et ce
n'était pas noir, c'était du silence qui parlait. J'étais
étonné qu'il rhétorise la gauloiserie avec une solennité
aussi ridicule. Une haute stature militaire défiait le panthéon
de l'orgueil. Le coq chantait dans chacune de ses phrases. Il chantait à
tue-tête la cocarde lavée d'un sang impur, un jeu de culpabilité
et de miroir. C'est vrai qu'il y avait de la séduction dans le discours
et du trémolo dans la voix, mais de là à inventer son image
comme en parade nuptiale
le destin me semblait un peu trop national. Je
tournais les pages. Leur légèreté laissait s'envoler des
phrases. Je parlais dans le livre et cela me faisait reculer d'épouvante.
Je ne voulais pas parler dans sa langue ni m'entendre parler dans ses mots.
Je ne voulais pas de sa pensée, je ne voulais pas qu'elle s'imagine en
moi ni qu'elle trouve des îlots où s'ancrer. Même si c'était
une image d'archives, un lointain noir et blanc dont nous avions perdu les postures.
Cette représentation de l'héroïsme persiste encore dans les
discours politiques actuels. Ils manipulent encore la réalité
dans l'illusion, l'illusion dans la réalité. C'est un art qui
m'effraie par l'état de guerre permanent qu'il trace dans la réalité.
Je ne m'embarrasse pas avec des différences de genre qui travaillent
au crépuscule des nationalismes. J'ai juste peur. J'y mets les sauveurs
providentiels, les gabarits de la bonne marche à suivre et tous les quatrièmes
couteaux de l'industrie du miracle qui balisent le cortège. J'y mets
certains provocateurs, parmi ceux qui travaillent dans l'effet et le spectaculaire.
Les héros, les anti-héros, les héros déchus, les
héros malgré eux. J'y mets les échos de la bonne volonté,
les effets secondaires, ceux qui font parler les morts à bon compte.
Après tout il n'y a pas de raison d'en vouloir aux morts.
Je tournais les pages. La librairie vacilla au passage d'une paire de seins
qui dévorait l'air entre les rayonnages. Les pages tremblaient comme
des feuilles d'été poussées par la brise. La poitrine lâchée
comme un pitbull, sans muselière. Je ne loupais pas un instant de la
liberté animale qui se dégageait de cette femme. Dans son sillage
l'air était chaud et odorant. Chaque sein semblait tirer sur une laisse
invisible prêt à bondir de sa corolle pour mordre amoureusement
un passant imprudent. L'émotion me faisait suffoquer. Celle-ci n'était
pas ancrée dans le sable. Elle flottait majestueusement dans l'air. Elle
passait et je suivais ses variations du regard. Elle descendait et elle montait
en laissant derrière elle l'impression de suivre une partition musicale.
Chaque mouvement dispensait des notes de musiques avant de lentement s'estomper
dans la distance. Elle s'évanouit parmi d'autres livres. Celui que j'avais
en main commençait à peser. Je finis par en prendre conscience.
Ma pensée avait retrouvé une ligne de flottaison dans ce mirage
De Gaulle poète, je crois rêver. Nicolas Genka censuré,
mais De Gaulle poète : et pourquoi pas les discours de Pétain
en Pleïade?
Des morts en témoignent encore, la fiction a aussi une puissance destructrice
bien réelle. J'ai ressenti parfois ces appels à la terreur venus
de la mémoire; et le jeu de l'historien qui la juge et en appelle à
la grandeur de la littérature. La durée de vie d'un discours peut
avoir celle de l'uranium, condamner un espace à la quarantaine, construire
durablement le lieu d'un rayonnement suffisamment intense pour être mortel.
L'historien, travesti en avocat de la famille montre qu'il peut avoir cette
autorité fortement radioactive dans le temps et figer la critique dans
les rituels et les précautions d'usage. Comme toutes les autorités,
mais de ce point de vue je suis plutôt mal élevé. Je ne
suis pas apte à l'autorité pour avoir élaboré la
mienne dans la solitude. L'historien fait son travail d'excavatrice en délivrant
ce dernier certificat d'éternité, en enterrant la mémoire
comme un déchet qui s'échoue au présent. Du moins le croit-il,
ou le fait-il croire, mais le poème n'a pas de mémoire. C'est
nous qui donnons de la mémoire au poème. Dans son habilitation
à la collection de luxe, le poème devient un modèle de
grandeur qui vient couronner le politicien, lui-même désigné
en qualité de soldat d'honneur. Il faut fabriquer un panthéon
pour De Gaulle. Léthé ne passera pas par lui.
À l'appui du souvenir, l'institutionnel retourne à l'institutionnel.
Le document est exemplaire. Il légitime la médiocrité des
épigones actuels. C'est de l'idéologie bon marché, mais
aussi c'est un peu triste. Sauver de l'oubli
le travail ne peut pas se
faire seul. Et la poésie picarde? De quoi s'agit-il au juste? Il y a
des faiseurs d'uvre, comme des biographes ou des marieurs du bon sens
et de la loi. Les hommes politiques sont des écrivains, les journalistes
sont des écrivains, les animateurs télé sont des écrivains,
le club du troisième âge près de chez moi est un club de
poètes, les fous sont écrivains en atelier, les femmes sont écrivains
par désuvrement, les enfants par précocité, les africains
par exotisme, les américains par capitalisme, et les écrivains,
les poètes, des intérimaires de l'excentricité? Étrangement,
d'un côté ils inventent la langue, de l'autre ils se font corriger
par leur maison d'édition parce qu'elles possèdent le final
cut de la propriété littéraire. À l'image de
tous les gardiens du temple qui défendent les modèles du genre
jusqu'à les fixer dans l'oubli. Convention oblige, il faut y mettre la
forme. L'invention de la pensée ne pèse pas lourd devant l'économie.
Toutes ces ponctuations perdues, tous ces corps morts de la langue, toute la
grammaire contre le souffle.
On marchande la pensée et pour un pourcentage souvent minable on finit
parfois par provoquer le devenir d'un poème. On assiège la valeur
du poème en poésie, et de la poésie en poète. C'est
l'arrogance d'une dimension économique qui est aussi l'affaire des écrivains
ou des poètes, l'achat de leur silence. On ne reconnaît pas un
bon poème à la popularité de celui qui l'a écrit.
Heureusement, il y a des souterrains, sans sexe, sans race, sans fric et bien
souvent sans visage. Mais paradoxalement, la forme du poème ne rencontre
jamais par avance sa dimension sociale. Ce n'est pas très marketing.
Pas marketing du tout. Le marketing c'est la prévision, la rencontre
avec le public, une fusion qui consiste à combler des intérêts,
des désirs, avec des cadeaux, des voyages et des couleurs. Entre reconnaissance
et consécration le risque d'inventer quelque chose est bien minime. L'agent
des institutions déguisé en artiste et prônant la révolution
c'est plutôt radical
cependant l'habit ne fait pas le moine. Et
s'il y a une ambition de la culture, son scénario est plutôt conservé
dans les bureaux de stratégie politico-économique. J'ai reposé
le livre.
Je ne lirai De Gaulle ni en Pleïade ni en torche-cul. Pourquoi pas la Ciccolina
expliquée aux enfants? Il n'y a rien de pire que l'amour de l'autre converti
en intérêt général, ou si
à un niveau
narcissique plus brutal, l'intérêt personnel, les pouvoirs et les
dominations, mais là encore il faut acheter le nombre. Et le nombre transforme
la valeur en marchandise.
J'ai quitté la librairie avec empressement. Déjà trois
heures. J'avais rendez-vous. Mieux vaut marcher un peu après un coup
comme ça.
archer
produit aussi de la pensée. Prendre un coin de rue, longer un trottoir,
traverser une place et se dire à partir du regard que ce qu'on voit on
le marche. Je me pressais parmi les passants que je croisais, je m'éloignais
avec eux. Avec les enseignes, la lumière du soleil entre les arbres,
l'ombre des bâtisses
Mes pensées étaient sombres.
J'étais particulièrement remonté après l'épisode
de la librairie. L'étal d'une charcuterie aurait tout autant fait l'affaire.
Chaque pas évacuait un peu d'indignation. Après tout De Gaulle
c'était people aujourd'hui, voire même assez tendance.
Si ça marche encore pour lui c'est que l'image est plus résistante
que l'homme. Il a gagné l'éternité des pères : héros
d'une enfance malheureuse de la nation, héros d'une décolonisation
malheureuse, héros de la révolution d'une jeunesse malheureuse
d'avoir découvert que ses valeurs étaient bourgeoises
avant
et après.
La tricherie pouvait battre le pavé, c'était monnaie courante.
L'uvre était celle d'un nécrophile sur un cadavre, les vers
d'une décomposition, le poème bradé à la nation.
À la différence de l'historien, le comble pour un politicien c'est
d'être aussi un poète. C'est seulement dans ce cas que la république
contemple l'univers. À ce titre, je ne fais pas d'effort pour être
républicain. Je ne marche pas dans toutes ces combines, qu'elles soient
médiatiques, hystériques ou juste des chimères. Foutaise
la démocratie en vers! Pour les hommes politiques et les stars du show-biz
pas d'exception culturelle, c'est de la marchandise, de la merde - généralement
il y a peu de poème dans leurs vers, ils ne jouent pas leur vie, ils
s'offrent un supplément dont ils partagent l'écriture avec quelques
tâcherons. Ils n'ont que la forme de la poésie. Sauf quand certains
font de la politique à partir du poème, mais ils sont rares.
Alors évidemment, il y en a qui peuvent se vanter d'avoir été
sur les barricades
document de l'INA à l'appui. Et même si
l'image leur a donné la candeur de Mary Poppins, ils sont imbus de leur
personne, ils ont le sourire mièvre, les gestes consensuels et en apparence,
pour eux, le merveilleux c'est l'enfance baveuse des valeurs de Mickey. Ils
se souviennent comme ça d'avoir été innocents. Pourtant,
il ne faut pas s'y fier. Bien sûr il y a des naïfs qui y croient
dur comme fer et qui vous vendraient le système avec une bonne foi aussi
ridicule que pédante, mais le parc d'attraction c'est aujourd'hui autre
chose, une monstruosité où sont exhibées tant les difformités
que la plasticité des corps, tout un spectaculaire de pacotille qui met
en scène l'industrie de l'oubli, l'image continue de l'oubli : nous nous
occupons de polir la réalité ou, comme on dit, faire passer la
pilule, gommer les différences. Pour que la réalité soit
indolore. Nous sommes protégés de son rayonnement grâce
à l'écran total de la crème solaire ; nous sommes enduits
contre le danger, c'est poisseux mais ça marche.
J'accélérais le pas. À cette vitesse des scènes
idiotes me venaient à l'esprit. Cela rompait avec la monotonie du parcours.
Le moindre détail pouvait devenir un indice délirant, comme la
façon de s'habiller d'une jeune fille, un décolleté aguicheur,
le ballottement nonchalant d'une poitrine, l'atmosphère un peu moite
des premiers beaux jours à Paris
- tiens une poupée frappe au carreau bien maquillée, costumée, elle a dû s'égarer d'un show. Crazy Horse, Sitting Bull? Non, je ne fais pas ça mais c'est 200 balles la pipe. Bizarre, je ne vous avais jamais vue dans le quartier Non, je sais, je travaille pour la télé. On fait une émission sur les pervers. Ah bon? Et vous en voyez beaucoup par ici? Non mais vous voudrez peut-être vous prêter au jeu? Si vous faîtes ce que vous dîtes pourquoi pas? Ça consiste en quoi? Ben vous acceptez la passe. Et vous ferez vraiment ce que vous dîtes? Et en plus vous passerez à la télé. Mais c'est une émission sur les pervers, je vais passer pour un pervers! Et en plein jour! Ah si vous ne l'êtes pas, tant pis. Bon, mais gratuitement alors. D'accord, je vous donne un billet de 200 francs et vous me le repassez par la fenêtre, bien en évidence devant la caméra. Ensuite je passe côté passager et là je me penche afin de disparaître quelques instants du champ de la caméra. Nos téléspectateurs réaliseront eux-mêmes la scène en puisant dans leur capacité à fantasmer et moi dans tout ça? Entre vos seins c'est pas possible? Non, mais on vous offre un T-shirt de la chaîne.
ette
journée filait à la vitesse de la lumière et sans repentir.
À cette vitesse, je n'avais pas à rendre compte de mon équilibre
mental. L'organisation parlait sans détour de mon désuvrement,
une tonne sortie du cerveau sans miroir - un écoulement céphalique
- comme une longue distorsion du monde où tout engagement est dissout
dans la transparence. J'abandonnais pour cela le rythme faux-cul de la réflexion
pour le flux, la raréfaction de l'air, l'étouffement, une charge
d'angoisse culminante et qui abat son jeu. Au fond cela fait bien peu de chose
à abandonner. J'ai tourné à l'angle de la rue Quinquampoix,
je suis rentré dans une cour et là j'ai sonné. À
l'entré du cabinet de psychanalyse, une voix de femme, qui m'a évoqué
les seins en général, toute une brigade de tétons qui me
faisait dire que j'étais là justement pour en parler. De nos jours,
pour moins que ça, on enferme n'importe quel quidam dont la pensée
ne marche pas droit. Je me suis annoncé - j'ai rendez-vous avec le professeur
Smirnoff - et j'ai enfilé les deux étages jusqu'au divan. On fait
avouer n'importe quel innocent avec les techniques modernes. Le silence est
souvent plus efficace que le penthotal. Parler me donnait le sein. C'est ainsi
que je courais après le transfert. Je me musclais dans la langue, je
traquais le bouleversement dans les recoins d'un monde encore peu exploré.
Au fond ce n'était pas très différent du body-building,
ni plus ni moins cérébral. L'habitude d'un mouvement répété
avec conviction, un effort soutenu avec un avant où c'est pas bien et
un après glorieux, bref, l'espoir tel qu'il apparaît lorsque l'image
dit tout et n'importe quoi. Avant, après, comme pour la liposuccion.
Vu d'ici le monde était également allongé. Je parcourais
son horizontalité. À droite, à gauche, je déambulais
comme un critique d'art dans une exposition de monochromes. Suivre un méandre
sans destin ni piège possible des choses ou des idées, sans puissance
qu'une bouche coulissant sur un sexe. Quelque chose racontait sans moi, une
parole construite par-delà le désir, une parole transparente qui
m'acculait à l'insignifiance. On m'avait placé là, dans
le décor d'un récit, sans parole. J'étais raconté
quelque part comme un nombre, juste recensé comme possible. Comprendre
impliquait que je me réfère à cette langue étrangère,
que je fasse tout un travail de rétablissement des symboles où
chaque détail, les plus intimes, étaient écrits quelque
part : des genoux écorchés de mon enfance aux premiers émois
érotiques
mes souvenirs semblaient construits par des images, dans
un discours rêvé par une matrice infiniment sociale, par l'analyse
objective des profondeurs de mon silence que chaque parole faisait apparaître
comme une plaie. On retrouvait la plupart des professions intermédiaires
dans ce ballet des êtres indéfinis. Secrétaires, infirmières,
femmes de chambre, valets de pied, pompistes, grooms, sans oublier tous les
intermittents des peep-shows, et tous ceux qui pistonnent la vie avec les dents.
On en trouvait bien d'autres encore.
Parler. Ça m'excitait de croire que je pouvais tout dire.
Je me branlais sur le divan, à l'abri, dans le secret de l'analyse. Je
revivais des tableaux entiers que je n'avais jamais regardés, des scènes
érotiques avec des images plus vives les unes que les autres, des corps
agglutinés dans des orgies imaginaires, des éruptions colorées
comme la couleur bleue des femmes qui ont leurs règles. L'aventure généalogique
avait pris des proportions que je ne soupçonnais pas ; j'étais
à deux doigts d'être prématurément hors jeu : il
y avait l'érotisme manqué de mon adolescence, le difficile combat
contre la timidité, l'éjaculation précoce, la solitude.
Au moins avec la sexualité inconsciente de mon enfance, je pouvais encore
me faire des illusions, rouler parterre et regarder ce qu'il y avait de si mystérieux
sous la jupe d'une femme. Je me souviens qu'une de mes maîtresses me laissait
faire. Elle semblait y prendre du plaisir. Je n'identifiais pas encore le trouble
de cette vision à la culpabilité, bien que je la ressentisse déjà,
inconsciemment. Ma curiosité était avant tout olfactive. Je voulais
coller le nez à leur culotte comme à une fenêtre magique
et leur attribuer à chacune une couleur. Il y avait bien sûr les
femmes bleues - que j'ai retrouvées plus tard dans les anthropométries
de Yves Klein - mais aussi les femmes ocres, celles qui détenaient les
connaissances les plus mûres du secret, une odeur un peu cramoisie mais
terriblement excitante. Il y avait les femmes vertes pour les pucelles dont
la culotte semblait sentir le bois de sapin. Les femmes rouges quant à
elles sentaient l'interdit, les femmes marrons étaient roses, les femmes
noires étaient poilues. Les femmes dont les pulsions étaient mortes
avaient la couleur blanche. Le physique de toutes ces femmes ne m'apparaissait
qu'au second plan, à la quantité de sein qui dévalait leur
cou, au grain de la voix qui vibrait dans leur corps. Un ordre étrangement
coloré se dégageait de l'histoire de ma sexualité. Je ne
suis guère étonné de la tournure psychédélique
que les événements ont pu prendre par la suite, cet abandon passager
de la langue à l'hallucination, un jeu dangereux avec la réalité,
aux portes de la perception.
Cela m'avait permis entre temps d'essayer de composer avec l'image handicapante
que je semblais renvoyer auprès des filles. Désormais, elle dansaient
avec la lascivité de l'image que je leur accordais, elles apparaissaient
comme des silhouettes aveugles que je dénudais à mon gré.
Sans résistance, elles s'allongeaient là, dans l'égarement
du silence, et leur gorge enflait de plaisir dans des tourbillons de couleurs.
J'avais développé la capacité de mieux les voir.
La peur avait donc changé de visage. Les images s'enflammaient suivant
un cocktail dont j'avais petit à petit élargi la composition :
une goutte d'acide lysergique, la ventilation du poppers, une bouffé
de T.H.C., un bol de décoction d'amanite tue-mouche, une bonne dose de
psilocybine et en manque, la liste ne s'arrête pas là, j'oublie
notamment les solvants qui m'ont définitivement scotché les bronches
dans la chair, et même, à force, les alcaloïdes que fabriquait
mon propre corps. Comme on dit la vie ne tient qu'à un fil ; mais le
mien était bien fragile comparé à ceux qui s'accrochent
dans les cordes.
Sous l'il de l'inconscient, celui qui recevait mes confidences, le psychanalyste
attendait en silence. C'était un grand insignifiant, une sorte de commandeur
qui guettait chacune de mes paroles en coulisse. Il griffonnait. Juste quelques
notes sur son calepin - toxique, peut causer à long terme des effets
indésirables sur l'environnement aquatique - plus deux tibias sous un
crane un peu profilé comme une grenouille. Le dessin était mal
assuré, il révélait l'ennui, mais l'intention était
visible. Parler m'hallucinait et me faisait perdre de la vitesse. Comme les
célèbres vanités de l'histoire de la peinture suggéraient
la présence obsédante de la mort, il pointait les dangers de l'anamorphose,
ce qu'elle emporte de réalité. Ma langue fouillait la déformation
du monde et dévalait avidement les rivières polluées de
cette contraction du temps dans le souvenir. J'arpentais l'édifice. Je
prenais du plaisir, il le sentait bien et devenait de plus en plus méfiant.
Un certain héroïsme se dégageait de l'expérience,
un héroïsme dérisoire. Une goutte supplémentaire de
cet acharnement naïf suffirait à pulvériser définitivement
l'enjeu. La parole débordait des figures et formait un amas un peu sale,
des relents de vieille consommation, des victuailles laissées il y a
longtemps dans un placard abandonné, un réfrigérateur en
panne. J'échouais dans l'écume. Les mêmes choses échouaient
encore et encore dans les circonvolutions temporelles de ma mémoire.
Ce n'était pas si grave. Le monde semblait tourner en boucle et se taire,
toujours aux mêmes endroits. Comme cette fois où j'avais bu ma
pisse, juste par curiosité. J'imaginais ma vie dans le silence d'un aquarium,
mouillé jusqu'aux os, l'il en circuit fermé. Nécessairement,
le ciel devient un peu du placenta quand nous parlons par l'ombilic. La parole
devient un cordon par lequel nous remontons jusqu'à la réalité.
Le monde est un aquarium peuplé de poissons et dont les yeux sont des
vitrines inertes. Nous avons perdu la faculté de nager.
ans mon
dos j'entendais le chant de la carpe de celui que j'avais élu comme tiers
exclu, soit au deux tiers absents. Soit le psychanalyste. Il avait un contrat
sur ma dépouille, je sentais ses yeux dans mon dos. Il pouvait imaginer
des mots sur du symbolique, des icônes pathologiques, des index d'entrées,
mais une mauvaise descente, ça, il se refusait à l'entendre. Ce
qui l'intéressait par dessus tout c'était de tenir son rôle.
Il était lavé de son inconscient par des années d'analyse.
Ses pulsions, il les avait laissées à la porte de son échoppe.
L'inconscient était dehors. Et lorsqu'il venait de dehors il était
autre. Lorsque je transpirais, lui ne transpirait pas. Lorsque je parlais, il
se taisait hors de l'échange. Il abondait en silence. Il ne paraissait
jamais préoccupé ou énervé, il trônait majestueusement
dans son rôle. Il semblait diriger son écoute malgré le
silence. Il singeait une éternelle disponibilité. Il fixait sur
chaque image, une pensée, une liste de course, sa dernière relation
sexuelle, le secret de la fatigue immobile.
Le temps se ramollissait en sa compagnie. En se ramollissant les images affluaient.
Les phrases continuaient leur travail dans un égrènement confus.
Elles basculaient dans le temps. Il fallait bien. Car même un personnage
de fiction ne s'arrête pas de penser... chaque minute, chaque seconde
niant la répétition du monde par la parole... c'est là
que le sujet du poème disparaît, dans le retour du nombre. Je voyais
poindre au loin ce que n'importe quel imbécile aurait pu prendre pour
un poème parce que ça à l'allure de la poésie...
alors qu'il n'y avait qu'à compter ses pieds
un coin de l'esprit
ayant rompu une longue phrase en morceaux, tirer la langue à la verticale
et basculer dans la géométrie, former un escalier de langue pour
descendre sans pensée, une vieille tradition. Et même silencieux
de se rouler dans la langue, avant, après, comme le mouvement ou la marche
vendent l'écriture au mètre, une belle étoffe comme le
sommeil, la joie du napperon :
Tu m'écoutes,
et je regarde tes yeux suivre le dessin de gaz
et de poussière qui forment la masse de la cimaise,
à des millions de kilomètres qui se condensent
en un seul regard sur le mur,
et tu traverses le ciel au niveau de l'horizon
avec la difficulté d'observer,
de traverser le disque du soleil.
Tu danses près des couleurs qui lorgnent
loin du ciel,
ce fameux ciel de la troisième personne.
Sa mission terminée depuis longtemps,
hors de toutes les confidences du business,
il a abandonné ce moment de condensation
à l'extraordinaire impact de ses déjections,
comme des failles de calories
qui auraient surgi de formes beaucoup plus saillantes
dues au hasard des collisions,
sans retour à cause des variations de distance,
l'absence d'équateur dans sa volonté,
oui,
sans arrêt,
vastes plaques radiologiques,
l'esprit endommagé sans diamètre,
la volonté sans champ magnétique que toi qui t'égares autour.
Tu vérifies bien que c'est étrange
qu'il s'agit d'un tableau,
non d'un document ou d'un reportage,
d'une trace,
d'une force,
de la cellule perdue d'un homme qui court pour éternuer quelque part,
je ne sais quel mythe dont l'origine hante les images
comme un danger imminent,
nouvelle vitesse de la pensée,
où le feu de l'illusion anime l'horizon.
Tu baisses les épaules pour avoir un autre angle,
limite mon champ de vision et ma respiration,
et pourtant les couleurs comme une masse qui ne cesse de grossir
répandent dans mon esprit l'espoir de propulser mon corps
tout entier dans l'inconscient d'un voisin.
Parmi les souffleurs de verre assoiffés,
il y les excréments d'une star de cinéma,
une bestiole enduite de cosmétique
qui se nourrit de substances mortes,
d'images polies,
les organes convaincants,
le corps scellé comme un sac poubelle,
tout à la fois peignée comme un mustang,
une imposante beauté de la maigreur,
la réplique sociale d'une statue,
d'un vaisseau d'images,
effacer,
remplacer,
synchroniser mes lèvres avec les tiennes
selon une chirurgie du hasard,
une seconde mâchoire.
Personne n'avait des yeux auparavant,
avant que la peinture ne nous apprenne
à voir les vibrations indélébiles de l'histoire,
crevant à chaque apparition les flaques commises de la réalité,
toujours ce même retour de ce qui existe quelque part,
sans jamais être sûr que ce qu'on voit
est bien là où on le voit,
à se tordre dans les décalages et la distance,
ce frôlement de ta peau,
d'une Vénus échouée dans l'écran.
orsque
la prose s'égrène dans le poème, on ne sait plus toujours
bien qui parle
ou qui ne parle pas. Un associé peut-être,
un fantôme de la langue, un prétexte à mes manquements,
ou Gimini le criquet? Voilà ce qui s'appelle fuir dans la langue. Là
où il n'y a plus que des mots le poème disparaît. Et les
mots à leur tour. Et moi à leur suite. Fixer la forme d'un poème
est souvent un échec. Mieux vaut tirer le tapis sous ses pieds. Car il
apparaît là aussi où on ne l'attend pas, hors de la place
qu'on lui a fait dans la langue. C'est en étant sa propre langue qu'il
donne à inventer la nôtre. Le poème n'est l'affaire de celui
qui écrit que comme écoute. " Dans un poème c'est
toi qui souffle sur les mots, nullement sa trace, mais tes mots dans les siens
vous pensez ta main sur la sienne, unis dans le silence ". Ce n'est pas
un étranger, ni une image, ni une troisième personne, invisible,
qui attendrait qu'on la réveille de l'autre côté du poème.
Ce n'est pas un lieu où l'imaginaire se retranche dans le mythe. Ce n'est
pas le cabinet de la psychanalyse. Chaque poème fait son sujet
avec ce qu'il est dans la langue, au moment où il se tait.
Je crois que je ne parlais plus depuis longtemps. Le poème s'était
installé dans le silence et moi je m'étais endormi. Tout s'était
endormi avec moi. J'emportais tout sur mon passage, ne laissant au discours
que l'analyste silencieux. Enfin, le professeur Smirnoff prit la responsabilité
de le rompre - je crois que nous en resterons là pour aujourd'hui., monsieur
Angelus... que je trouve votre fiche, Angelus, Angelus, Angelus, ah voilà
: Priam Angelus né le 22 juin 1971... c'est bientôt votre anniversaire.
Je fixais le psychanalyste à l'envers, encore allongé sur le divan
; j'étais abasourdi par cette sieste impromptue. Je ne savais plus très
bien de quoi j'avais parlé mais j'en ressentais encore le rythme un peu
planant dans le sommeil. - dîtes, puisque j'ai dormi la moitié
de la séance vous me la comptez à moitié prix, lançais-je
avec une mauvaise foi presque amoureuse. Il leva la tête vers moi, sans
montrer le moindre signe de surprise. Si à chaque fois que vous dormez
c'est du temps qui n'existe pas, je crois que nous avons encore du travail devant
nous... ça fait 400 francs. Enfin je ne plaisantais pas tout à
fait
si je vous parlais de ça, c'est parce que dans la hâte
de vous rejoindre à mon chevet, si je puis dire ainsi, j'ai oublié
de retirer de l'argent. Je n'ai que 200 francs sur moi...peut-être un
peu plus, enfin si vous acceptez, je vous donne toujours ça aujourd'hui...
je vous payerai le reste à la prochaine séance. Je
Bon,
ça va pour cette fois-ci. On se revoit mardi? À cinq heures? D'accord.
La secrétaire était partie. Sans doute en avait-elle eu marre
de taper les minutes de mon procès intime à travers la maigre
cloison qui séparait le cabinet du secrétariat. Je dévalais
les escaliers. 200 francs, la boucle était bouclée... je ne sais
pas si Smirnoff avait fait le parallèle entre la séance et le
prix de la passe, mais l'idée d'avoir réduit symboliquement cette
séance à une pipe - que je n'avais pas payé et qu'on ne
m'avait pas faite - me faisait ressentir l'espièglerie comme une victoire.
Et même si je trouvais que Smirnoff avait des airs de maquerelle, de toute
façon le moindre de ses défauts disparaissait dans la norme
" Vous rejoindre à mon chevet
", on se demande parfois
qui est le mort
voilà qui me rappelait encore à son bon
souvenir
Désormais j'allais d'un bon pas.