LE TRAIN DE LA CONNAISSANCE

Le tortillard des esthètes est si loin de mon cul que leurs voix confuses ont l'air aimables et bienveillantes ; veulent-ils m'embrasser? Me dire bonjour? Boire un café en ma compagnie?
Ah, merde, c'est putain dommage, ils ont l'air ralentis par un truc sur la voie. Un orchestre commémoratif les retient dans une bien jolie gare où un monde englué a quelques morts à rattraper.
Tant pis pour ma gueule, et tant pis pour les morts qui meurent une seconde fois dans ce jeu permanent ; pendant que leurs os sont astiqués avec soin au nom du génie perdu,  on entasse soigneusement les petits objets que les englués de leur siècle avaient méprisés pour n'y avoir pas vu le reflet des petits objets méprisés par les engluées du siècle précédent.  Peut-être que dans un millénaire ou deux une de ces grimaces d'homme prêtera de l'intérêt au mouvement qui conduit aux oeuvres dont on fait les ossuaires et lâchera un instant le fémur de Rimbaud ou la dent creuse de Bataille? Ce serait demander à un vivant de risquer la vie comme instrument de mesure de la vie, alors que la flûte d'os de Hamelin est toujours sous garantie...

 

TÉLÉCHARGEZ LE RÉCIT INTÉGRAL EN PDF IMPRIMABLE À LA FIN