L'arrivée du microprocesseur

de 1980 à 1983

u début des années quatre-vingts, le microprocesseur et les mémoires sur circuit intégré permettent de franchir une nouvelle étape dans l'évolution des synthétiseurs. Les premiers échantillonneurs apparaissent tandis que les potentiomètres des synthétiseurs cèdent progressivement leur place aux boutons, diodes et affichages à cristaux liquides.
a réalisation de circuits à haute intégration autorise désormais la simulation de composants analogiques encombrants, et donc leur multiplication sur un espace fortement réduit. C'est ainsi que les synthétiseurs polyphoniques atteignent leur maturité en offrant au minimum 6 voix de polyphonie et des modules de synthèse performants tandis que leur mémoire de programmes ne cesse d'augmenter. De plus, de nouvelles fonctions logicielles sont désormais intégrées dans nombre de machines, comme l'arpégiateur ou le séquenceur numérique, et, à partir de 1983, les sauvegardes des banques de sons passent progressivement de la bande magnétique, support utilisé en analogique, à la cartouche intégrant des mémoires numériques. Outre sa fiabilité bien supérieure à celle de la cassette audio, la cartouche présente l'avantage de pouvoir doubler la mémoire de programmes disponible sur un synthétiseur simplement en la laissant enfichée dans son connecteur : les programmes qui y sont stockés sont accessibles directement depuis les boutons de l'instrument.

Fleuron de la synthèse en 1980 : le Roland Jupiter 8, un polyphonique 8 voix à deux oscillateurs par voix, doté de 40 mémoires... (cliquez dessus pour entendre un exemple sonore)

utre le Jupiter, d'autres synthétiseurs se feront remarqué sur un marché en pleine expansion : les Korg polyphoniques Polysix ou Trident, l'Oberheim OBX-a et le petit Moog Source (un des derniers synthétiseurs monophoniques de la décennie).


1983 : année charnière

'année 1983 fut un tournant dans l'histoire de la synthèse. Cette année là, Yamaha présente le premier synthétiseur entièrement numérique, le DX-7, utilisant une synthèse radicalement différente de la synthèse soustractive (synthèse que l'on trouvait sur toutes les machines jusqu'alors) : la synthèse FM. Proposé à un prix inférieur à ses concurrents, offrant 32 programmes (64 avec une cartouche), 16 voix de polyphonie et des prises MIDI, le DX-7 va sonner le glas pour les gros synthétiseurs analogiques comme le Memorymoog (30 000 francs pour ce dernier contre moins de 15 000 pour un synthétiseur FM).

1984 à 1987

epuis l'apparition du DX-7, les synthétiseurs soustractifs analogiques tendent à disparaître. Quelques résistants s'imposent néanmoins grâce à des performances qui n'ont d'égal que leur prix. On trouve notamment des machines intégrant le principe de la modulation matricielle, comme l'Oberheim XPander, un synthétiseur qui reste ce qui s'est fait de mieux en matière de synthèse soustractive, ou l'imposant Memorymoog.

Le Moog Memorymoog, un Minimoog polyphonique et programmable...

D'autres synthétiseurs continuent de sortir des usines mais leurs ventes ne décollent pas et les constructeurs d'analogiques prestigieux ferment leurs portes l'un après l'autre (ARP, Moog, EMS). D'excellentes machines sortiront pourtant entre 1984 et 1987 : l'OSCar, un monophonique programmable au son redoutable construit par la firme anglaise Oxford Synthesizer Compagny (recyclée depuis dans le logiciel), les Oberheim Matrix, machines polyphoniques et multitimbrales, le Synthex de la firme italienne Elka, et la série des PPG Wave, des synthétiseurs allemands introduisant une variante intéressante de la synthèse soustractive : la table d'ondes.

Le PPG Wave version 2.3...


En 1987...

arallèlement au développement des procédés numériques sur les synthétiseurs, les échantillonneurs, depuis 1985, commencèrent à se démocratiser. Il ne fallut que deux ans depuis la sortie du premier échantillonneur grand public pour voir apparaître sur un synthétiseur le principe de l'échantillons numérique : en 1987, Roland introduit sur le marché le D-50. Polyphonique 16 voix, bitimbral, le D-50 séduira de nombreux musiciens et deviendra, à l'instar du DX-7 pour Yamaha, un des best-seller de la marque...

e D-50 est un synthétiseur soustractif mais au lieu de prendre comme source de synthèse des formes d'ondes générées par oscillateur, il utilise des échantillons d'instruments acoustiques et électriques. En fait, les faibles capacités mémoires de l'époque ont conduit les ingénieurs à récupérer un concept déjà édicté sur le Kurzweil K250, et qui consiste à ne prendre pour échantillon que l'attaque d'un instrument. La suite de la note étant générée par un oscillateur délivrant diverses formes d'ondes périodiques. Un an après la sortie du D-50, Korg offre une réplique supérieure à l'original, le M1. Celui-ci dispose désormais d'échantillons complets, ils sont plus nombreux et l'instrument, multitimbral sur 8 voies, comporte un séquenceur. Le principe de l'échantillon comme source de synthèse soustractive va devenir le standard de la fin des années quatre-vingts et cloturera pour quelques temps l'histoire du synthétiseur analogique (et celle du synthétiseur FM).