Extrait des déclinaisons sur l'imposture de Laurence Murphy. Dévoilement

Chaque année tissait un voile, un voile pour l’envelopper.

Légère la pièce de tissu, un souffle la première année, pas encore colorée, tout juste chuchotée, un trait sur le papier.

L’année suivante, le voile se fit soupir, il sut attraper les reflets, légère encore la pièce de tissu, à peine murmurée, un arc sur un papier.

L’année d’après, le voile était murmure, à peine teintée la pièce de tissu, tremblante un peu, mais froissée juste à peine, un point sur du papier.

Puis le voile sut frémir, moirée la pièce de tissu, caressante, haletante, un point virgule sur son papier.

Le voile ensuite put palpiter, presque fardée la pièce de tissu, balbutiante, hésitante, des points de suspension, sur un coin du papier.

Et puis le voile de respirer, plus lourde la pièce de tissu, impatiente, impulsive, affolante, quelques exclamations sur ton papier.

Une année encore, et le voile qui veut parler, éloquente la pièce de tissu, esquissant un parcours, ébauchant tous ces jours. Quelques mots sur ce papier.

Bientôt le voile pour raconter, chatoyante la pièce de tissu, assurée et rassurante. Quelques phrases sur le papier.

Une autre année, le voile suppliant, fânée la pièce de tissu, passée, des parenthèses sur le feuillet, le feuillet de papier.

Des années, et combien ?

Qu’importe au fond la somme de toutes ces années. Ombrageuses, farouches parfois, timides quelquefois, le voile pour te masquer, du brocart la pièce de tissu, enivrante, entêtante.

Ta signature sur mon papier.

Laurence Murphy

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