Photographie Hervé Morel, polaroid.

L'oeil du monde. Alain Poirson.


Et toi dans la broderie de tes espoirs parce que tu farfouilles enfin

Dans le mic- mac des rendez-vous d’un bout à l’autre du jour

Un jour sans petit matin une broussaille grise

S’étiole cette flaque de sang des premiers coups, très bien le meurtre, bravo,

Un poing d’hommes en bandes, criards, ramasse la poussière entre les hurlements

Attend cette colonne des camions empanachés d’enfants guerriers aux francs rire de joyeux assassins



Cette nonchalante marche brise la luzerne et fendille la tranchée des criquets

Oui, quand on traîne dans l’éventail cette pluie des coquelicots

On respire cette houle des cigares à l’ombre d’un olivier, la mangue broie dans la joue

L’air crisse des roucoulades des enfants

Le pré rouille l’abandon des semailles

Un coup de faux sur la bousculade des orties

L’herbe broie cette génuflexion des ronciers



Un garçon se blottit à l’échancrure du mur

Le père étoilé rouge par cette fouille des poignards, mère hurle à t’en crever la bouche

Soldats en colère fourguent ta panoplie de putes

Goguettes des lances pierres dans le préau d’école

Tangos mécaniques à l’ombre des mortiers

Cailloux jetés à la va vite avant la branlée des cicatrices



Parfois la Mer drape cette fougue des sirènes, trop lascives

L’épave rouille dans le fracas des rocs

Nuée des mouettes dans la cisaille des vagues

Cette femme s’endort sous le parasol

L’éclaboussure de la nuit tombante murmure entre les cils

Crachin doux à même la grenaille des caresses

La courbe de la plage juste avant la main sur ta toison



Toi, nigaud, tu voudrais bien ne pas vaciller sous l’enclume des vidéos

Toi, effaré de rester là à les écouter, tu voudrais ne pas voir le scintillement des vitres

Toi, bouche bée, admiration de l’angle parfait du projectile

Et de deux, cette corolle impeccable des flammes, et cette rafale des sauts

Cette gaine d’un cerf volant affalé

Juste avant ce flop de la jupe, tambours des gravats, oh hisse l’envol des fuyards

Cette éventration de poutres et cette salissure des cris

Une voix nauséeuse commente, pourquoi ne pas éteindre cet égout des sentiments



Un vagabond rit sous les furies du vin

La trouille du terrain vague sous les roulis des tessons de bouteilles

Le macadam se pave des sébiles en fer blanc

Fuit la charité à grand renfort de claques

Urine debout sans tanguer sous les sanglots des gardes malades, hilarité des aumônes,

Chancelle sous cette ruée des coups



Ma langue farfouille dans le pli de l’aine, le mistigri des ruts

Rideaux tirés, la chambre serre les gémissements, sous les fenêtres la crèche

Niche des enfants, d’autres enfants qui jouent à cache cache et saute moutons

Faire l’amour longtemps dans un interminable baisers

Toi qui doucement laisse ensemencer ton ventre

Mains sur les reins mille baisers sur les paupières, les yeux voient pendant

Ce ventre s’arrondit demain gambade.


Alain Poirson.


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