| Le collectif est à lui seul une réponse 
              idéale — réponse nettement, mais doucement, 
              négative on s'en doute — à tout dessein de singularisation, 
              de distinction, de hiérarchie. Il contient la réponse 
              la plus rapide à une question que personne ne posera (qu'est-ce 
              que tous ces artistes foutent ensemble?), il EST 
              la réponse, il se désigne comme entité, liant, 
              tissu, processus et résumé du processus, il légitime 
              le rapport à la collectivité, y renvoyant lui-même 
              par sa structure, à peine moins arbitrairement composé 
              que la cité où il s'exhibe, à peine plus cohérent 
              que le groupe auquel on le destine.Plasticien, vous voulez faire un test? Si vous ne pouvez vous réclamer 
              d'aucune autre autorité que la vôtre, allez donc proposer 
              votre travail plastique à une galerie, un lieu associatif 
              d'exposition, une connerie de ce genre : vous n'attendrez pas une 
              heure avant qu'on vous propose avec bienveillance d'exposer avec 
              des gugusses dont vous n'avez jamais entendu causer, pour un «projet 
              drôlement cohérent, un dispositif de monstration singulier» 
              qui pourtant semble ne pas pouvoir résister à votre 
              singularité à vous...
 Ci-dessus, Catherine Arzberger, artisan céramiste dont la 
              présence est destinée à rassurer les visiteurs 
              les plus rétifs à l'art contemporain sur la pérénnité 
              de valeurs aussi saines que le travail bien fait et le soucis artistique 
              de la décoration intérieure. 
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