#4
Une observation
méticuleuse des gestes des musiciens montre comment chaque élément
de percussion a été choisi pour produire une variété
considérable de sons, tous plus discrets et subtils les uns que
les autres. En revanche lorsque l'écoute est livrée à
elle-même, par exemple lorsque les sons viennent d'un autre musicien
que celui que vous observez, ou encore que vous vous installez dans
un des canapés de la salle — aux côtés de
le jeune femme providentielle qui vous a prêté son stylo-bille
— et que vous fermez les yeux, vous percevez certes toutes les
subtilités de frottements ou de faible percussion, mais tout
de même il parait démesuré d'avoir apporté
tout un gong pour un simple frottement du poing dessus.
Je me souviens
qu'à un concert de l'Art Ensemble of Chicago, le joueur d'anches,
Roscoe Mitchell, s'était plusieurs fois approché de l'immense
gong au fond de la scène mais qu'il n'en avait donné qu'un
tout petit coup de maillet, pour tout le concert, note de gong d’ailleurs
qui fut à peine perceptible.
Pourquoi se donner tant de mal?
Parce que.
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