#31
La tension qui se crée
à l'écoute des pièces d'Émile Belan est
à tout craquer. Elle parait parfois fragiliser les lieux mêmes
où elle est jouée. Que dire d'une musique dans laquelle
la notion de rythme est mise à mal, ou répond, en la matière,
à ses propres critères? A cette compréhension rythmique
vague l'auditeur a plus d'une fois l'occasion de tressauter parce que
rarement il saurait prédire lorsque telle ou telle note forte
est sur le point de se produire, donc chaque claquement, raclement un
peu plus véhément qu'un autre, installe durablement une
tension qui n'a jamais véritablement l'occasion de désenfler.
De même rien ne saurait donner la moindre indication sur la fin
de chaque pièce. Si ce n'est l'attention des musiciens qui tout
d'un coup se relâche.
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