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Une observation méticuleuse des gestes des musiciens montre comment chaque élément de percussion a été choisi pour produire une variété considérable de sons, tous plus discrets et subtils les uns que les autres. En revanche lorsque l'écoute est livrée à elle-même, par exemple lorsque les sons viennent d'un autre musicien que celui que vous observez, ou encore que vous vous installez dans un des canapés de la salle — aux côtés de le jeune femme providentielle qui vous a prêté son stylo-bille — et que vous fermez les yeux, vous percevez certes toutes les subtilités de frottements ou de faible percussion, mais tout de même il parait démesuré d'avoir apporté tout un gong pour un simple frottement du poing dessus.

Je me souviens qu'à un concert de l'Art Ensemble of Chicago, le joueur d'anches, Roscoe Mitchell, s'était plusieurs fois approché de l'immense gong au fond de la scène mais qu'il n'en avait donné qu'un tout petit coup de maillet, pour tout le concert, note de gong d’ailleurs qui fut à peine perceptible.

Pourquoi se donner tant de mal? Parce que.