#34
Les applaudissements
du public se révèlent, de façon plus flagrante
qu’à n’importe quel concert de n’importe quelle
musique, la manifestation la plus crétine que l’on puisse
attendre d’un public, manière de signifier qu’effectivement
durant toute la durée du concert, ils étaient bien là,
comme si les toux et bâillements pouvaient nous le faire oublier.
A-t-on déjà entendu applaudir devant la
leçon d'anatomie du Professeur Tulp par Rembrandt?
Comme
Erik Satie écrivait sur ces partitions des indications de jeu
inédites — telles que Don't be too proud —
un jour c'est certain, un compositeur écrira, "prolonger
le soupir, attendre les applaudissments débiles du public, et
enchaîner fortissimo pour les faire s'assoir et se taire"
Avec les applaudissements
la musique d'Émile Belan retourne sans bruit au magma originel,
comme effrayée de tant de désunion et d'absence d'harmonie.
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