Quand Philippe prend la parole on entend
un vague embrouillaminis qui, dans la saisie du micro, trace une onde
de passage autoroutière trahissant les va-et-viens du locuteur
qui préfèrerait sans doute pointer aux portes de l'Enfer
que de rester une minute de plus devant cette assemblée : «Donc
hmm... effectivement, je suis Philippe de Jonckheere... Je suis le...
Ah pardon... Je vais, je vais quand même... Je suis pas persuadé
qu'on sache tous ce qu'est un blog... d'autant que c'est pas une
terminologie qui m'est, qui m'est très agréable, donc ah...
Ahhm jdvous hmm... maiffrerss... attendez... je hgghgf gh dhfgs...»
J'aurais dû louer les services d'une équipe de pom pom girls
pour l'encourager. Catherine, qui est décidément peu charitable
a à peine attendu qu'il descende de l'estrade pour lui dire «Vous
avez été pitoyable monsieur de Jonckheere». Je ne
sais plus si c'est pitoyable ou lamentable qu'elle a dit,
mais ça ne laissait planer aucun doute sur ce qu'elle entendait
par là. C'est en tout cas très injuste: Philippe a eu un
départ, disons, un peu difficile, mais il s'en est très
bien tiré par la suite comme vous pouvez l'entendre sur l'enregistrement
audible à l'index ci-dessous. Habituée à devoir tempérer
mon orgueil sans limite par des remarques blessantes pour me remettre
à ma place de temps en temps, elle s'est accordée la même
liberté avec un Philippe qui avait plus besoin d'un remontant que
d'un coup de couteau dans le dos. Ah les filles je vous jure, c'est sale
engeance et compagnie... |