Je sais pas si les quelques visiteurs de cet album en ligne connaissent
un peu mon boulot, mais si c'est le cas, ils comprendront ce que je
dis quand j'ai vraiment l'impression d'être en plein territoire
ennemi. Disons, en des termes un peu moins belliqueux (vous l'avez compris,
c'est pas vraiment la guerre ici), que c'est l'endroit au monde où
je ne peux absolument pas produire autre chose qu'un malentendu. Catherine
trouve une comparaison idéale en me disant que ce serait la situation
d'un analyste lacanien donnant conférence à des cognitivistes.
Je ne m'attends toutefois pas à la moindre révolte (d'autant
moins dans ce désert de bois mort*), il est à peu près
clair que personne ici ne défend d'idée, que je pourrais
très bien raconter n'importe quoi et son contraire, que rien
au fond n'a assez d'importance pour séparer ou joindre qui que
ce soit : nous sommes là pour faire du bruit avec notre bouche,
cocher une croix en face de notre nom sur une
liste, et toute rebellion serait aussi malvenue, déplacée,
que la lecture d'un manifeste Dada dans un club de poésie du
troisième âge. En effet: à quoi bon?
* Catherine prétend qu'au cours de notre intervention le nombre
d'auditeurs est passé miraculeusement de cinq à quatorze.
Les autres ateliers devaient être en train de fermer leurs portes. |